jeudi 22 décembre 2016

Le "biomed"

Au programme: une vidéo en anglais suivie de sa traduction.

Vidéo postée sur un groupe de discussion facebook orienté "biomed" et qui illustre bien ce que peut être une prise en charge "biomed" de l'autisme (ou autre trouble du développement, ou troubles "psy", etc...): un cocktail d'analyses médicales, de nutrition et de méthodes éducatives et comportementales (entre autres).
J'ai traduit la vidéo de mon mieux, sorry pour les quelques mots qui m'ont échappés (dont le nom de la pathologie dont souffre Jon Edwards, à la minute 2'30 de la vidéo -- si quelqu'un capte mieux que moi, merci de m'éclairer!).






Documentaire réalisé par l'"Autism Team", de la fondation Autism Media Chanel: http://www.autismmediachannel.com/about : avec, entre autre, Polly Tommey (PT) et le Dr Arthur Krigsman (Dr K.).

- - -
Intro:
Enfant hurlant, enfant se frappant la tête avec sa tablette, autre enfant hurlant...
Voix off: "Tous les jours , dans le monde entier, les symptômes médicaux de centaines de milliers de personnes autistes sont ignorés."
On voit Jon Edwards, jeune adolescent, allongé sur son lit, très maigre, léthargique, avec une protection hygiénique en guise de sous-vêtement.
- Alli Edwards, la mère de Jon: "Je me bats depuis très longtemps pour être entendue. Mon fils grandit, il est de plus en plus maigre, de plus en plus maigre, il maigrit à vue d’œil devant moi. Je ne sais pas quoi faire."
- - -
Les jumeaux Tyler & Noah Roberts:
Voix off: "Les jumeaux [Tyler et Noah], sont âgés de 6 ans et il ne sont toujours pas propres. Ils ont des troubles gastro-intestinaux chroniques et Noah ne grandit pas et ne peut dire que deux mots."
Leur mère montre à Polly Tommey (PT) ce qu'il y a dans les placards de sa cuisine:
- Mme Roberts: Ca, c'est leur alimentation.
- PT: Oh, mon dieu!
- Mme R.: il y a probablement plus de sucre que quoi que ce soit d'autre!
- PT: c'est crucial qu'on vous apporte de l'aide dans ce domaine!
- - -
Jack Helt:
Image de Jack, un jeune adolescent, dans un avion avec ses parents.
Voix off: "Notre plus grand challenge jusqu'ici est Jack Helt. Jack a 15 ans, il est non verbal, il souffre d'une forme grave d'automutilation [on voit une photo de Jack avec un énorme oeil au beurre noir]. Il a deux aide-soignants à plein temps et il a besoin de notre aide."
- La mère de Jack: "Nous avons essayé de trouver de l'aide et cela nous a mené à faire ce voyage en Bulgarie pour découvrir quel est le problème exactement."
Image du Tokuda Hospital Sofia (Bulgarie), rencontre des parents de Jack avec le Dr Krigsman.
- - -
Mitch Helt:
Dans la maison où vit Mitch, un jeune adolescent:
On voit Mitch se frapper la tête avec sa tablette. La mère montre à Polly Tommey une cloison que Mitch a enfoncé à coup de tête.
La mère montre comment c'est arrivé: "Il a mit sa tête comme ça, et c'est vraiment effrayant."
"Mitch est intelligent, il ne peut pas l'exprimer à l'oral mais il a trouvé un moyen pour communiquer à l'écrit.

- Lisa Helt (LH), la mère de Mitch raconte à Polly Tommey: "Il a écrit, "Maman, je ne veux plus vivre avec l'autisme. Je ne veux blesser personne". C'est vraiment dur, et c'est là que je vous ai appelé et j'ai vraiment besoin de vous.
- LH montre les médicaments que prend son fils: "Du [?] pour la tension, dont les effets secondaires sont tranquilisants.
- PT: il n'a pas de problème de tension?
- LH: non.
- Et ça c'est du Depakote et c'est en général utilisé pour traiter l'épilepsie mais, euh...
- PT: est-ce qu'il fait de l'épilepsie?
- LH: Non!
- PT: Ok!
- - -
Jon Edwards:
On voit la mère de Jon déshabiller son fils, qui n'est pas autonome.
- Michael Edwards, le père de Jon : "il devrait y avoir au Royaume Uni, des médecins spécialisés disposés à explorer cette situation mais le simple fait de demander des analyses de sang pour un enfant autiste suscite beaucoup de résistances, et c'est extrêmement injuste."
Images d'une émission de plateau avec Polly Tommey (PT), le Dr Krigsman (gastroentérologue pédiatrique), Julie Matthews (consultante en nutrition), le Dr Doreen Granpeesheh (psychologue clinicienne).
PT: "Nous avons contacté une équipe médicale et il en est ressorti que Jon doit être vu au plus vite.
Nous allons filmer autant que possible le déroulement de cette procédure pour découvrir ce qui se passe pour Jon."
On voit des images de l'examen médical que passe Jon, avec le Dr Krigsman.
- Dr Krigsman: "Jon souffre d'une ["autism associated (...polyposis?)"]. On peut le traiter.
- Mme Edwards:" Ca répond à toutes les questions!
- Le Dr K.: Beaucoup de parents disent qu'ils se sentent innocentés, qu'ils n'étaient pas fous. Vous n'êtes pas folles!
- Mme E.: C'est la première fois de sa vie qu'il ne ressent aucune douleur.
- - -
Jack Devreaux:
Image d'une réunion entre le Dr K., les parents de Jack et PT:
- DrK: Nous avons quelques réponses.
- Nick Devreaux, le père de Jack: Je suis tellement content qu'on ait pu mener à bien cette préocédure, et d'avoir découvert ce que nous avons découvert, et c'est terrifiant de se demander comment on va pouvoir le traiter.
Image de Jack, radieux, pendant son traitement...
- - -
Les jumeaux Tyler & Noah Roberts:
On voit le Dr Doreen Granpeesheh, avec Noah et sa mère Rhonda: Noah a suivi des sessions de thérapie comportementales intensives.
Dans la cuisine des Roberts, on voit Rhonda Roberts, aidée de Julie Matthews (consultante en nutrition) mettre à la poubelle de nombreux aliments de consommation courante, dont une bouteille de lait.
Images de la mère, de ses enfants et de Julie Matthews, faisant des courses ensemble, faisant de la cuisine ensemble (pancakes sans gluten?!).
"C'est un succès, parce qu'en quatre mois, la vie de ces deux garçons à changé de façon incroyable. Nous avons encore beaucoup de chemin à faire mais au moins nous sommes sur la bonne piste."
- - -
Jon Edwards:
On voit Jon jouer au basket, faire un puzzle...
- Mr Edwards, père de Jon: les changement chez Jon ont été absolument spectaculaire, sur le plan physique et sur le plan mental.
On le regarde, il est un autre enfant. Nous sommes absolument convaincus que sa qualité de vie s'est améliorée considérablement depuis le traitement.
- Mme Edwards: Et il est clair qu'il peut apprendre.
- Mr E.: L'expertise que nous avons trouvé nous donne de l'espoir pour le futur.
- Mme E., au Dr K., via Skype: Merci!
- Dr K: Je ne suis qu'une pièce du puzzle parmi d'autre!
- - -
Voix off: Il y a 20 ans, l'autisme était considéré comme très rare, mais pour un enfant né aujourd'hui, le risque d'être autiste pourrait être de 1/25. Le travail novateur effectué par l'Autism Team montre que les enfants peuvent être traités de façon efficace, alors rejoignez nous et suivez leurs parcours!






lundi 19 décembre 2016

La MDMA et l'empathie


Témoignage d'un autiste Asperger, Larry Gray, sur son expérience avec la MDMA (dans ce cas sous la forme d'Ecstasy); vidéo mise en ligne le 12 mars 2016, sur la chaîne youtube de MDMA The Movie.

Traduction en français sous la vidéo.





"Comment j'ai entendu parler du syndrome d'Asperger pour la première fois?
C'est mon neveu qui m'a parlé d'un livre, de Tony Attwood. Et j'ai lu ce livre et c'était comme de lire l'histoire de toute ma vie! Cela répondait à de nombreuses questions auxquelles je n'avais jamais eu de réponses, comme pourquoi j'avais eu des difficultés d'apprentissage, des difficultés à socialiser, pourquoi j'avais eu des difficultés à avoir des relations amoureuses, à avoir des interactions sociales avec les gens.
J'ai presque 62 ans et je n'ai jamais eu de relation amoureuse qui ait duré plus d'un an et j'en ai eu seulement deux qui ont duré un an.

Ma première expérience avec la MDMA, c'était avec six amis, dans la montagne, dans un chalet. J'avais des idées fausses sur la MDMA, parce que j'avais toujours entendu dire qu'on en prenait dans des clubs, avec de la musique forte et des gens qui dansent toute la nuit, et qui deviennent fou et tout ça... Alors je me suis dit, ok, on va aller dans la montagne, où personne ne peut nous entendre, et on va mettre de la musique à fond, toute la nuit!
Mes amis semblaient plutôt dignes de confiance alors je me suis lancé et ce fut une sacrée surprise.
Je n'ai jamais eu une expérience aussi calmante, apaisante, une expérience reposante pour l'esprit inquiet. C'est ce qui m'est venu.

C'était très détendu, au bord d'un torrent de montagne, il n'y avait pas de musique, tout le monde était juste assis là, certains parlaient, d'autres pas.
Je me suis senti complet, entier, comme si différentes parties de moi s'étaient réunies en une seule personne.
Pour la première fois de ma vie j'ai été capable de ressentir, j'ai eu de véritables sentiments et je sens que je peux transmettre cela vers l’extérieur à présent, puisque j'ai quelque chose à l'intérieur.

Cela m'a ouvert à une certaine connaissance, à laquelle j'étais aveugle auparavant. Cela ne signifie pas que je suis totalement différent, mais ça a aidé, par étapes. C'est comme un pas de plus, qui me rend plus humain, plus aimant, plus ouvert et réceptif, et moins rigide, moins guindé.
Parce qu'avec le syndrome d'Asperger, vous êtes rigide, vous êtes guindé, et c'est difficile d'être spontané.

J'ai laissé passer beaucoup d'opportunités parce que je n'avais pas dit la bonne chose, parce que je ne m'étais pas présenté, parce que je n'avais pas persévéré... Et je vais êtres plus ouvert, plus réceptif, et je vais essayer de penser à l'ici et maintenant, au moment où je suis avec quelqu'un.

Je sens que j'ai peut-être une chance, même à mon âge, d'avoir une relation amoureuse et s'il y a une possibilité... J'ai essayé, tellement fort, toute ma vie... Et s'il y a une possibilité... Je sens vraiment... Ce que je sens au fond de moi, c'est qu'il y a une possibilité, et c'est un sentiment merveilleux, d'avoir juste de l'espoir, juste d'avoir l'espoir que je peux trouver l'amour. C'est quelque chose que je n'ai jamais senti, de toute ma vie, jamais de toute ma vie, je ne me suis senti aimé par quelqu'un.
J'ai connu la passion, le sexe, mais je n'ai jamais senti de l'amour.
Cette drogue m'a fait ressentir l'amour, ou bien le sentiment que je pouvais atteindre l'amour humain, et ça, c'est puissant."

 Copyright Viveka Films

La MDMA et l'anxiété sociale

"Nous étudions le potentiel de la MDMA, lorsqu'elle est utilisée conjointement à une psychothérapie, pour traiter l'anxiété sociale chez les clients autistes adultes. Nous ne soutenons pas l'idée que l'autisme lui-même est une maladie ou un trouble, et nous ne soutenons pas les tentatives de le traiter ou de le "guérir". Notre souhait est d'améliorer la qualité de vie des personnes autistes." - Nick Walker   

Traduction d'une interview de Nick Walker : Traiter l'anxiété sociale chez les adultes autistes avec une psychothérapie assistée par la MDMA. 


- - - 

[Note de la traductrice (ndlt), mise en garde: la MDMA ( 3,4-méthylène dioxy-méthamphétamine) est le principe psychoactif de l'Ecstasy, cependant "MDMA" et "Ecstasy" ne sont pas synonymes! La MDMA est la substance pure utilisée dans les études cliniques, précisément dosée, alors que l'Ecstasy contient une dose indéterminée de MDMA, parfois pas de MDMA du tout ou au contraire une dose massive, et qu'elle peut être "coupée" avec différentes substances plus ou moins dangereuses]

- - -

Nick Walker est autiste, éducateur, auteur, conférencier, universitaire transdisciplinaire et professeur d'aïkido. Il est enseignant au sein des programmes de psychologie et d'arts libéraux de premier cycle (?) de la Sofia University, et dans le programme des Etudes Interdisciplinaires au California Institute of Integral Studies. Il a un master en Counseling Psychotherapy (conseils psychothérapiques) et une ceinture noire d'Aïkido (6ème dan). Il est le fondateur et instructeur-chef du Aikido Shusekai, un dojo d'aïkido à Berkley, en Californie. Nick a été impliqué dans le développement de la communauté et de la culture autistique depuis 2003, c'est un activiste de première ligne de la neurodiversité, un conférencier et consultant très demandé dans le domaine de l'autisme.
Son blog: http://neurocosmopolitanism.com/

Il est interviewé par le Dr Alicia Danforth, chercheuse clinicienne au Los Angeles Biomedical Research Institute, au Harbor-UCLA Medical Center, où elle travaille depuis 2004 sur les études médicales des psychédéliques, avec le chercheur principal: Charles Grob. Depuis 2013, elle est diplômée de l'Institut de Psychologie Transpersonnelle (Institute of Transpersonnal Psychology). Pour son mémoire, sa recherche portait sur les expériences vécues par des adultes du spectre autistique avec la MDMA (Ecstasy). Elle est la co-chercheuse de la nouvelle étude clinique financée par l'association MAPS sur la thérapie assistée par MDMA pour les autistes adultes souffrant d'anxiété sociale (voir la page dédiée). Alicia a rencontré Nick Walker alors qu'ils étaient invités au Visionary Voices Salon à San Francisco en 2009, où il l'introduisit au concept de neurodiversité. Elle travaille en tant que postdoctorante dans un cabinet privé de psychothérapie, au Los Angeles Counseling Center, afin d'obtenir une licence de psychologue clinicienne, sous la supervision du Dr. Adam Sheck.
Son email: adanforth@labiomed.org


Dr Alicia Danforth (AD): Quelle est votre définition de l'autisme?

Nick Walker (NW): L'autisme est une variante neurologique humaine, avec une base génétique. L'ensemble complexe de caractéristiques entremêlées qui distinguent la neurologie autiste de la neurologie non-autiste n'est pas encore entièrement compris, mais les découvertes récentes indiquent que la distinction majeure est que les cerveaux autistes se caractérisent par des degrés particulièrement élevés de connectivité et de réactivité synaptiques.Cela tend à rendre l'expérience subjective des autistes plus intense et chaotique que celle des non-autistes. A la fois sur le plan sensori-moteur et cognitif, l'esprit autiste tend à enregistrer plus d'information et l'impact de chaque brin d'information tend à être à la fois plus fort et plus imprévisible.

L'autisme est un phénomène développemental, ce qui signifie qu'il commence in utero et a une influence généralisée sur le développement, à de nombreux niveaux, tout au long de la vie. L'autisme produit des façons atypiques de penser, de bouger, un traitement atypique des interactions, un traitement atypique des informations cognitives et sensorielles. Une analogie bien connue consiste à dire que les autistes ont un "système d'exploitation" neurologique différent de celui des non-autistes [par comparaison aux "systèmes d'exploitation" des ordinateurs: Windows, Linux, Mac... - ndlt].

Selon des estimations récentes, environ 1 à 2% de la population mondiale est autiste. Alors que le nombre d'individus diagnostiqués autiste augmente de façon continue depuis quelques dizaines d'années, des données récentes indiquent que l'augmentation des diagnostics résulte d'une meilleure sensibilisation du public et des professionnels [meilleur dépistage - ndlt] plutôt qu'en une augmentation réelle de la prévalence de l'autisme.

En dépit de similarités neurologiques sous-jacentes, les autistes sont très différents les uns des autres. Certains autistes démontrent des talents cognitifs exceptionnels. Cependant, dans le contexte d'une société conçue en fonction des besoins sensoriels, cognitifs, développementaux et sociaux des non-autistes, les autistes sont presque toujours handicapés à un certain niveau - parfois de façon très évidente, parfois plus subtilement.

C'est dans le domaine des interactions sociales que les autistes tendent à être systématiquement handicapés. Pour un enfant autiste, l'expérience sensorielle du monde est plus chaotique et plus intense que pour un enfant non-autiste et les efforts constants pour naviguer à travers cette expérience et pour l'intégrer nécessitent plus d'attention et d'énergie de la part de l'enfant autiste. Cela signifie que l'enfant autiste a moins d'attention et d'énergie disponible pour se concentrer sur les subtilités des interactions sociales. Les difficultés à satisfaire les exigences sociales des non-autistes causent souvent un rejet social, qui aggrave d'autant plus les difficultés sociales et gêne le développement social. Pour cette raison, l'autisme a souvent été mal interprété comme un ensemble de "déficits sociaux et déficits de communication", par ceux qui ignorent que les challenges sociaux auxquels font face les autistes sont simplement les conséquences de la nature intense et chaotique de l'expérience sensorielle et cognitive autistique.

L'autisme est toujours très largement considéré comme un "trouble", mais cette vision a été remise en question récemment par des partisans du modèle de la neurodiversité, qui définit l'autisme et les autres variantes neurocognitives comme faisant parti du spectre naturel de la biodiversité humaine, telle les variantes ethniques ou les variantes des inclinations sexuelles (qui ont aussi été "pathologisées" par le passé). Au final, décrire l'autisme comme un trouble représente un jugement de valeur plutôt qu'un fait scientifique.

AD: Quels sont les bénéfices potentiels d'une psychothérapie assistée par la MDMA pour les adultes autistes? Quelle est la logique d'une étude clinique dans ce domaine?

NW: Beaucoup d'autistes souffrent d'anxiété sociale - une réponse de peur et d'anxiété en cas d'interactions sociales. Notre hypothèse est que la psychothérapie assistée par la MDMA pourrait aider à réduire cette anxiété.

La chose cruciale à comprendre est que l'anxiété sociale n'est pas intrinsèque à l'autisme. Des expériences sensorielles atypiques et intenses, et des styles de mouvements atypiques, sont innés au traitement neurocognitif autistique; si quelqu'un est autiste, ces expériences vont faire parti de sa réalité à un degré ou un autre. Mais ce n'est pas nécessairement le cas avec l'anxiété sociale.

Pour les non-autistes, les autistes ont presque toujours l'air "bizarres" d'une façon ou d'une autre, parfois beaucoup. En effet, comme je l'ai déjà expliqué, c'est devenu une erreur très répandue en psychologie de mal interpréter l'autisme en le considérant comme un ensemble de "déficits sociaux et déficits de la communication". Une façon plus précise et moins biaisées de considérer l'autisme consiste à voir les difficultés de communication comme venant des deux parties, autistes et non-autistes: les autistes ont des difficultés à comprendre et à communiquer avec les non-autistes, et les non-autistes ont des difficultés à comprendre et à communiquer avec les autistes. Cela parait sensé: bien sûr, c'est un challenge de comprendre quelqu'un dont le cerveau fonctionne différemment du votre. Mais puisque les autistes sont en minorité et détiennent moins de pouvoir dans la société, des difficultés de communication entre un autiste et un non-autiste sont toujours attribuées à un déficit de la part de la personne autiste. On entend rarement dire qu'une personne non-autiste souffre d'un déficit de compréhension des autistes. Comme le politologue Karl Deutsch le disait, le pouvoir est la "capacité à ne pas avoir à apprendre".

La conséquence de tout cela est que la vaste majorité des autistes subissent fréquemment un rejet social et de l'hostilité, dès l'enfance. La plupart des autistes de nos jours reçoivent le message - encore une fois dès l'enfance, que la façon dont ils pensent naturellement, la façon dont ils sentent, bougent et communiquent est mauvaise, que la personne qu'ils sont est incorrecte.

Ce rejet social constant est profondément douloureux et traumatique. Quand de telles expériences sont la norme durant la période la plus vulnérable du début de sa vie, bien sûr que cette personne va finir par voir les interactions sociales comme une expédition en terrain miné, une expérience affreuse et effrayante qui risque de se terminer par une enième expérience de douleur, d'échec et d'humiliation.

Hélas, cela devient souvent une prophétie auto-réalisatrice, puisque on ne peut pas se sentir au mieux en société alors qu'on est accablé par une peur et une anxiété écrasantes.
Donc, les expériences précoces de rejet social provoquent l'anxiété sociale, qui réduit les performances sociales, ce qui résulte en d'avantage d'expérience sociales négatives qui renforcent encore d'avantage le traumatisme.

Et c'est là que se trouve le point clé, et la source d'espoir et d'optimisme: que l'anxiété sociale, dont sont affligés tant d'autistes, n'est pas inhérente à l'autisme. Elle est d'avantage le symptôme d'un traumatisme. Et à travers le merveilleux travail que MAPS a mené avec des vétérans souffrant de stress post-traumatique, il a déjà été bien établi que la psychothérapie assistée par la MDMA peut être extraordinairement efficace à traiter les symptômes des traumatismes.

AD: Je constate que lorsque je parle à des non-autistes du travail que nous effectuons en lien avec la communauté autistique et la MDMA, certaines personnes ont beaucoup de mal à comprendre que nous n'essayons pas de "traiter" ou de "soigner" l'autisme - ce que nous traitons est l'anxiété sociale. Certains des journalistes qui ont écrit sur ce que nous faisons ont malheureusement mal compris et mal retranscrit notre travail comme étant un "traitement de l'autisme". Qu'en pensez-vous?

NW: J'ai vu ce malentendu se produire aussi. Il est d'une importance vitale que toutes les personnes impliquées dans ce travail - les chercheurs, les thérapeutes, les participants à l'étude clinique, les sympathisants de MAPS, les journalistes, et ceux qui souhaitent citer cette étude dans leur travail académique, que tout le monde soit clair quant à la distinction entre "traiter des autistes pour une anxiété sociale causée par un traumatisme", et "traiter l'autisme".

La meilleure façon de mettre fin à la confusion, je pense, est que ceux d'entre nous impliqués dans ces recherches déclarent très clairement, à chaque fois que nous nous exprimons sur ce travail qu'il ne s'agit pas de traiter l'autisme. Je le déclare ici: nous n'étudions pas du tout la MDMA comme un traitement potentiel de l'autisme. Nous étudions le potentiel de la MDMA, lorsqu'elle est utilisée conjointement à une psychothérapie, pour traiter l'anxiété sociale chez les clients autistes adultes. Nous ne soutenons pas l'idée que l'autisme lui-même est une maladie ou un trouble, et nous ne soutenons pas les tentatives de le traiter ou de le "guérir". Notre souhait est d'améliorer la qualité de vie des personnes autistes.








vendredi 9 décembre 2016

Prescriptions du Dr Neuville

"... l'obligation de prendre en compte les avancées de la science est déjà dans tous les textes: le Code de la Santé Publique, le code de déontologie de l'ordre des médecins et le serment d'Hippocrate." - Ségolène Neuville, 8 décembre 2016.


- - - 

Hier, 8 décembre 2016, Mme Ségolène Neuville s'est exprimée à la tribune de l'Assemblée Nationale, dans le cadre du débat sur la proposition de résolution de Mr le député Fasquelle, résolution visant à interdire la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme.
Mme Neuville est secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, depuis février 2016.
Elle est aussi médecin.

Je retranscris quelques uns de ses propos:

Elle explique que la proposition de résolution de Mr Fasquelle mènerait à supprimer la liberté de prescription des médecins. Pour connaitre un peu la problématique de la maladie de Lyme, il me semble que cette liberté est déjà quelque peu malmenée actuellement..., mais bon bref.

Supprimer la liberté de prescription, nous explique-t-elle, "va au-delà de la question de l'autisme: vous proposez de réprimer pénalement tout professionnel de santé qui ne respecterait pas les recommandations de bonne pratique de la HAS. Imaginez les conséquences d'une limitation de prescription pour toute nouvelle approche qui ne rentrerait pas dans les recommandations, y compris celles basées sur les découvertes scientifiques publiées, au prétexte qu'il faudrait attendre l'actualisation des recommandations. Car enfin, soyons clairs, des nouvelles publications, il y en a tous les jours. Tous les jours! Alors que les recommandations sont renouvelées tous les combien? Ça dépend des domaines, mais tous les cinq ans, tous les dix ans. Et si vous ouvrez cette porte sur l'autisme, Mr Fasquelle, vous l'ouvrez pour tous les domaines de la médecine."

(...) Selon l'article L-41278 du Code la Santé Publique: "Dans les limites fixées par la loi et compte-tenu des données acquises de la science, le médecin est libre de ses prescriptions qui seront celles qu'il estime les plus appropriées en la circonstance".
La mention "compte-tenu des données acquises de la science" a été ajoutée au texte par décret du 7 mai 2012.
"Il y a donc déjà l'obligation pour les médecins de respecter les données acquises de la science. Le texte de Mr Fasquelle n'a donc pas lieu d'être.

L'ordre des médecins, à travers son code de déontologie, considère également que la liberté de prescrire du médecin doit tenir compte des données acquises de la science.
Et puis je veux également préciser que les éventuelles infractions aux dispositions définies par l'article L-41278 du Code de la Santé Publique relèvent non pas de la justice pénale mais de la juridiction disciplinaire de l'ordre des médecins.

(...) L'utilisation des recommandations de bonnes pratiques médicales permet d'accompagner le médecin dans son obligation de se fonder sur les données acquises de la science, tout en respectant sa liberté d'exercice. Les recommandations de bonnes pratiques ne sauraient dispenser le professionnel de santé de faire preuve de discernement dans sa prise en charge du patient, qui doit être celle qu'il estime la plus appropriée en fonction de ses propres constatations et c'est uniquement l'obligation déontologique d'assurer aux patients des soins basés sur les données acquises de la science qui est opposable aux professionnels de santé depuis le décret du 7 mai 2012.

(...) Chacun doit avoir en tête le serment d'Hippocrate: "je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission, je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences, je les entretiendrai et je les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me sont demandés". Tout est dit! Tout est déjà dit!

Le gouvernement estime ainsi, comme l'ont rappelé de nombreux professionnels éminents dans une tribune parue la semaine dernière dans un grand quotidien national, seule la science - et seule la science, doit guider les décisions médicales, et l'obligation de prendre en compte les avancées de la science est déjà dans tous les textes: le Code de la Santé Publique, le code de déontologie de l'ordre des médecins et le serment d'Hippocrate."

- - - 

Un professionnel de la santé qui souhaiterait mettre à jour ses connaissances sur l'autisme pourrait à minima consulter:
-  le site du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales
- le site de l'Inserm

Si l'obligation déontologique d'assurer aux patients des soins basés sur les données acquises de la science est OPPOSABLE, l'ordre des médecins devrait, en toute bonne logique, se retrouver rapidement avec pas mal de pain sur la planche...!

Publication de Maître Sophie Janois, le 8 décembre, sur son profil facebook, suite au rejet de cette résolution par l'Assemblée:
"Reste la voie judiciaire ! Eh bien nous allons y aller. Début janvier ou même avant, avec toutes les associations qui le voudront, nous lancerons un communiqué de presse sur la façon d'engager la responsabilité professionnelle des médecins dont la pratique professionnelle n'est pas conforme aux données acquises de la science et nous verrons bien si tout était si parfait sur le terrain !"

- - -

En cas de litige avec un médecin, voir le site du Conseil National de l'Ordre des Médecins :

"Durée du traitement, complications médicales, problèmes relationnels… Ce sont les principales causes des litiges qui surviennent entre un médecin et son patient. Si vous êtes en conflit avec le médecin qui vous a pris en charge, ou l'un de vos proches, demandez-lui d’abord un rendez-vous spécifique pour pouvoir échanger et régler ce conflit. Si le différend persiste, vous pouvez prendre contact avec le président du conseil de l'Ordre des médecins du département où exerce le praticien. Dans ce cas, il faut lui transmettre un courrier en formulant vos doléances à l'encontre du praticien concerné, en précisant bien son nom et prénom et en joignant le cas échéant toute pièce utile (ordonnance, certificat...). Le conseil départemental prendra alors contact avec le médecin concerné en l’invitant à y répondre et à s’expliquer. 
Plainte: Si vous décidez de porter plainte, le conseil départemental organisera dans un premier une temps une procédure de conciliation. La conciliation est une procédure rapide et gratuite. Le plus souvent, elle permet de trouver une solution amiable et ainsi, d’éviter au patient et à son médecin une longue procédure. En cas d’échec de la conciliation, la plainte sera transmise aux instances disciplinaires de l’Ordre. 
Les éventuelles sanctions: La juridiction ordinale juge les manquements à la déontologie médicale. Les sanctions qu'elle inflige sont des peines professionnelles (avertissement, blâme, suspension temporaire du droit d'exercer avec ou sans sursis, radiation du tableau de l'Ordre). Elle ne remplace pas la juridiction civile ou pénale. Le plaignant peut donc saisir, en parallèle les tribunaux de droit commun, au civil et/ou au pénal."

dimanche 4 décembre 2016

Autisme, gènes ET environnement


"... les mutations génétiques et/ou les agressions environnementales impliquées dans l'autisme semblent toutes affecter la plasticité synaptique développementale, et mènent surtout à son augmentation." -- Laurent Mottron, Sylvie Belleville, Guy A. Rouleau, Olivier Collignon; 2014.
"genetic mutations and/or environmental insults involved in autism all appear to affect developmental synaptic plasticity, and mostly lead to its upregulation" - Linking neocortical, cognitive, and genetic variability in autism with alterations of brain plasticity: The Trigger-Threshold-Target model 

"Le but de cette revue est de résumer les découvertes clés de la recherche génétique et épidémiologique, qui montrent que l'autisme est un trouble complexe résultant d'une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. De grands efforts dans le domaine de la génétique on mené à de remarquables avancées dans la connaissance des causes génétiques de l'autisme. L'identification d’allèles spécifiques contribuant au spectre de l'autisme sont venues compléter le puzzle de l'autisme. Cependant, de nombreuses questions demeurent sans réponses, et de nouvelles questions sont soulevées par des résultats récents. Qui plus est, étant donné l'accumulation de preuves indiquant une contribution significative des facteurs environnementaux aux risques d'autisme, il est maintenant clair que la recherche de facteurs environnementaux devrait être renforcée. Un des aspect de cette recherche qui a été négligée jusqu'ici est l'étude des interactions entre les gènes et les facteurs environnementaux." -- Pauline Chaste, Marion Leboyer; Inserm/Fondation FondaMental, 2012.
"The aim of this review is to summarize the key findings from genetic and epidemiological research, which show that autism is a complex disorder resulting from the combination of genetic and environmental factors. Remarkable advances in the knowledge of genetic causes of autism have resulted from the great efforts made in the field of genetics. The identification of specific alleles contributing to the autism spectrum has supplied important pieces for the autism puzzle. However, many questions remain unanswered, and new questions are raised by recent results. Moreover, given the amount of evidence supporting a significant contribution of environmental factors to autism risk, it is now clear that the search for environmental factors should be reinforced. One aspect of this search that has been neglected so far is the study of interactions between genes and environmental factors." - Autism risk factors: genes, environment, and gene-environment interactions

"... les facteurs de risques génétiques restent difficiles à identifier, à l'exception de quelques désordres chromosomaux et de plusieurs troubles génétiques associés à un risque d'autisme accru. Par ailleurs, plusieurs études suggèrent un rôle des facteurs environnementaux dans les Troubles du Spectre de l'Autisme (TSA)... Une forme allélique peut être présente dans le génotype sans s'exprimer si elle est inhibée par des signaux modulant les influences environnementales, épigénétiques, ou génétiques. Il est donc important d'éviter de se focaliser sur les "gènes de l'autisme", ce qui implique le déterminisme, mais plutôt d'étudier les effets du génome mêlé aux effets de l'environnement, et de leur possible plasticité. Le remodelage épigénétique entraîné par les facteurs environnementaux ouvre de nouvelles perspectives pour un meilleure compréhension, prévention et interventions thérapeutique précoce des TSA. Finalement, l'autisme pourrait être considéré comme le résultat de plusieurs facteurs génétiques et environnementaux. Etant donné cette étiologie multifactorielle, c'est probablement à travers des analyses variées et des approches pluridisciplinaires - incluant la participation de biologistes autant que de cliniciens, que des progrès pourront être faits." -- Sylvie Tordjman, Eszter Somogyi, Nathalie Coulon, Solenn Kermarrec, David Cohen, Guillaume Bronsard, Olivier Bonnot, CatherineWeismann-Arcache, Michel Botbol, Bertrand Lauth, Vincent Ginchat, Pierre Roubertoux, Marianne Barburoth, Viviane Kovess, Marie-Maude Geoffray and Jean Xavier ; équipe française - 2014.
"... the genetic risk factors remain difficult to identify, with the exception of a few chromosomal disorders and several single gene disorders associated with an increased risk for autism. Furthermore, several studies suggest a role of environmental factors in autism spectrum disorders (ASD)... An allelic form can be present in the genotype without expressing itself if it is inhibited by signals mediating environmental, epigenetic, or genetic contributions. It is therefore important not to focus on the “genes of autism,” which implies determinism, but to study instead the effects of the genome integrated with the effects of the environment with possible plasticity. Epigenetic remodeling by environmental factors opens new perspectives for a better understanding, prevention and early therapeutic intervention of ASD. Finally, autism could be considered as the result of several genetic and environmental factors. Given this multifactorial etiology, it is probably through multivariate analyses and a multidisciplinary approach including the participation of biologists as well as clinicians that advances will be made." - Gene × environment interactions in autism spectrum disorders: role of epigenetic mechanisms 

"Les études de jumeaux et les études familiales ont démontré que des facteurs à la fois génétiques et non-génétiques contribuent à une vulnérabilité accrue à l’autisme. Certains facteurs génétiques sont plus fortement impliqués que d’autres et on a identifié un ensemble hétérogène de trajectoires menant au trouble plutôt qu’une trajectoire causale unique. De plus en plus de résultats suggèrent, cependant, l’implication de facteurs de risque génétiques qui interfèrent avec le développement et la plasticité des synapses. Les facteurs de risque incluent des variantes génétiques communes et rares, de même que des facteurs non-génétiques." -- Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants, Mayada Elsabbagh, Ph.D., Miriam MCBreen, M.A. 2012.

"Les Troubles du Spectre de l'Autisme sont héritables et multifactoriels, avec l'implication de facteurs génétiques, épigénétiques et environnementaux." -- Agnese Di Napoli, Varun Warrier, Simon Baron-Cohen, and Bhismadev Chakrabarti, 2015.
"ASC are heritable(...) and multifactorial conditions, where genetic, epigenetic and environmental factors are involved"
 Genetic variant rs17225178 in the ARNT2 gene is associated with Asperger Syndrome 

"Durant les dix dernières années, le nombre de publications d'études épidémiologiques consacrées aux expositions chimiques environnementales et à l'autisme ont considérablement augmenté. Ces études sont importantes parce qu'il est à présent bien compris que les facteurs environnementaux jouent un grand rôle dans la survenue de l'autisme - bien plus que qu'on ne le croyait pas le passé, et parce que ces études pointent des facteurs de risque modifiables qui ouvrent la voie vers la prévention des handicaps associés à l'autisme." -- Amy E. Kalkbrenner, PhD, MPH, Rebecca J. Schmidt, MS, PhD, and Annie C. Penlesky, MPH; 2014.
"In the past decade, the number of epidemiological publications addressing environmental chemical exposures and autism has grown tremendously. These studies are important because it is now understood that environmental factors play a larger role in causing autism than previously thought and because they address modifiable risk factors that may open up avenues for the primary prevention of the disability associated with autism." Environmental Chemical Exposures and Autism Spectrum Disorders: A Review of the Epidemiological Evidence.

Zinc et Syndrome d'Asperger, une étude de cas:
"A la différence des autres Troubles du Spectre de l'Autisme, les anomalies chromosomales sont rares dans le syndrome d'Asperger, ou Autisme de haut niveau. (...) une déletion interstitielle de 3p22.1p21.31 (...) a été détectée chez un enfant ayant le syndrome d'Asperger, une dermatite séborrhéique et une pancréatite chronique. (...) une analyse bioinformatique de l'interactome du gène CCK a indiqué qu'une déficience en zinc pourrait dans ce cas être un mécanisme pathogène. Cette suggestion fut confirmée par l'analyse du taux de zinc dans le plasma sanguin. L'augmentation des apports en zinc résulta en une augmentation du taux de zinc dans le plasma et en une amélioration de l'état du patient." -- Ivan Y. Iourov, Svetlana G. Vorsanova, Victoria Y. Voinova, and Yuri B. Yurov; 2015.
"In contrast to other autism spectrum disorders, chromosome abnormalities are rare in Asperger syndrome (AS) or high-functioning autism.
(...) an interstitial deletion of 3p22.1p21.31 (~2.5 Mb in size) in a child with Asperger’s syndrome, seborrheic dermatitis and chronic pancreatitis was detected.(...) bioinformatic analysis of CCK gene interactome indicated that zinc deficiency might be a pathogenic mechanism in this case. This suggestion was supported by plasma zinc concentration measurements. The increase of zinc intake produced a rise in zinc plasma concentration and the improvement in the patient’s condition." 
3p22.1p21.31 microdeletion identifies CCK as Asperger syndrome candidate gene and shows the way for therapeutic strategies in chromosome imbalances

Autisme et gluten:
"Contexte: Des facteurs génétiques et environnementaux sont en cause dans l'étiologie des Troubles du Spectre de l'Autisme (TSA). Bien que des études épidémiologiques aient été conduites pour clarifier le lien entre des régimes d'éviction et l'autisme, leurs conclusions restent floues. Cette étude fut menée pour investiguer les effets d'un régime sans gluten (RSG) sur les symptômes gastro-intestinaux et le comportement chez des enfants avec un TSA.
Résultats: Sur les 80 enfants participants à l'étude, 53,9% avaient des troubles gastro-intestinaux. Dans le groupe suivant le RSG, la prévalence des symptômes gastro-intestinaux diminua significativement après mise en place du RSG mais augmenta significativement dans le groupe du régime normal (RN). Le RSG résultat en une diminution significative des troubles du comportements et le RN résultat en une augmentation significative de ces troubles du comportement. 
Conclusion: Cette étude suggère que le RSG peut être efficace dans le traitement des troubles gastro-intestinaux et des troubles du comportement dans l'autisme." -- Ghalichi F, Ghaemmaghami J, Malek A, Ostadrahimi A.; 2016.
BACKGROUND: Genetic and environmental factors are both responsible for the etiology of autism spectrum disorders (ASD). Although epidemiological studies have been conducted to clarify the association between restriction diets and ASD, the conclusion remains unclear. This study was undertaken to investigate the effect of gluten free diet (GFD) on gastrointestinal symptoms and behavioral indices in children with ASD.
RESULTS: Of the 80 children, 53.9% had gastrointestinal abnormalities. In the GFD group, the prevalence of gastrointestinal symptoms decreased significantly (...) after intake of GFD (...) but increased insignificantly in the RD group (...). GFD intervention resulted in a significant decrease in behavioral disorders (...) but an insignificant increase in the RD group.
CONCLUSION: This study suggested that GFD may be effective in controlling gastrointestinal symptoms and ASD behaviors." - Effect of gluten free diet on gastrointestinal and behavioral indices for children with autism spectrum disorders: a randomized clinical trial.

jeudi 24 novembre 2016

Acide folinique (B9) et autisme

Traduction d'une Interview du Dr Richard Frye, qui a mené un essai clinique sur l'efficacité de l'acide folinique pour le traitement des troubles autistiques, interview réalisée par "N Of One: Autism Research Foundation", en octobre 2016.

Il y a quelques semaines, des articles en français sur le sujet ont circulé sur les réseaux sociaux, particulièrement celui du magasine Top Santé, qui a fait une énorme erreur de traduction dans son article, en traduisant "folinic acid" par "acide folique" (au lieu d'acide folinique). Et bien sûr, une fois qu'un magasine de l'envergure et de la fiabilité (!) de Top Santé fait circuler une telle erreur, elle devient soudain vérité pour certains (on notera au passage que Top Santé classe cet article sur l'autisme dans sa rubrique "Psycho").

Cette interview fait le point, entre autre, sur la différence entre acide folinique et acide folique. Elle fait référence à cette publication: "Folinic acid improves verbal communication in children with autism and language impairment: a randomized double-blind placebo-controlled trial" - RE Frye, J Slattery, L Delhey, B Furgerson, T Strickland, M Tippett, A Sailey, R Wynne, S Rose, S Melnyk, S Jill James, JM Sequeira and EV Quadros - Molecular Psychiatry advance online publication, 18 October 2016; doi:10.1038/mp.2016.168

Exemple d'un complément alimentaire contenant de l'acide folinique en fin d'article.

- - -

Interview du Dr Frye:

"Le Dr Richard Frye (MD, PhD) est le directeur de la recherche sur l'autisme à l'Institut de Recherche de l'Hôpital pour enfants de l'Arkansas. Il est aussi un neuropédiatre qui donne des consultations à la clinique "Arkansas Children’s Autism Multi-specialty clinic" (voir la fiche de présentation du Dr Frye sur le site de l'hôpital pour enfants de l'Arkansas).

Le Dr Frye et ses collègues ont récemment publié les résultats d'une étude, ayant duré plusieurs années, qui démontre que l'acide folinique améliore le langage chez les autistes, ainsi que certains autres symptômes des troubles autistiques.
La fondation "N of One: Research Foundation" travaille étroitement avec le Dr Frye depuis des années et a collaboré avec lui pour co-sponsoriser la première conférence sur l'autisme et le microbiome en 2014 (voir le site web de la conférence). Nous avons récemment contacté le Dr Frye pour discuter de ses dernières recherches.

Question: Bonjour Dr Frye, et merci de nous répondre. Pouvez-vous donner un bref synopsis de l'essai sur l'acide folinique que vous venez de terminer?

RF: L'essai était un essai en double-aveugle et contre placebo, pour déterminer si l'acide folinique, un genre particulier de folate, pouvait améliorer les symptômes majeurs et les comorbidités de l'autisme. C'était un essai en "double aveugle", si bien que ni les parents ni l'équipe de chercheurs ne savaient quels enfants recevaient la capsule d'acide folinique ou le placebo.
Avant que les enfants ne reçoivent l'acide folinique ou le placebo, la sévérité des symptômes relatifs à leur autisme a été évaluée. Nos travaux précédents nous laissaient penser que l'acide folinique aurait le plus d'impact positif sur la communication verbale, aussi nous avons recruté des enfants qui avaient un déficit de langage et nous avons mesuré leurs aptitudes à la communication verbale de façon très détaillée, en utilisant des tests standardisés validés, avant tout traitement. Après 12 semaines avec soit l'acide folinique, soit le placebo, nous avons répété les mêmes évaluations de la même façon, pour déterminer s'il y avait un changement.

Q: Qu'avez-vous vu?

RF: Nous avons découvert que les enfants qui avaient reçu l'acide folinique montraient des améliorations plus importantes en communication verbale et dans d'autres comportements tels que l'autonomie au quotidien, l'irritabilité, les comportements stéréotypés, et l'hyperactivité, comparé aux enfants ayant reçu le placebo. Les résultats démontraient un bénéfice clinique significatif, mais mes collaborateurs et moi recommandons de prendre ces résultats avec prudence et ils doivent être répliqués par une étude de plus grande envergure avant d'en tirer des conclusions.

Q: Qu'est-ce que ces résultats ont de significatif?

RF: Premièrement, le traitement adresse les symptômes qui sont au coeur de l'autisme [ndlt/note de la la traductrice: "triade" autistique], pas seulement des comportements ou des problématiques médicales associés  à l'autisme [ndlt: comorbidités]. Deuxièmement, ce traitement cible une anomalie clé, qui pourrait être un mécanisme biologique de base à l'origine du développement des symptômes de l'autisme. Cela signifie que ce traitement pourrait réparer la biologie sous-jacente, ce qui réduirait les symptômes. Cela pourrait être une percée médicale significative dans ce domaine. Troisièmement, nous avons obtenu ces résultats avec de l'acide folinique, une vitamine très bien tolérée et considérée comme un traitement sûr. L'acde folinique a été utilisé en oncologie pédiatrique depuis les années 1950, pour atténuer les effets adverses du methotrexate, utilisé en chimiothérapie. Donc le traitement que nous donnons est étudié depuis longtemps et son profil de sécurité est bien connu. Cela contraste avec beaucoup de traitements courants utilisés pour les enfants autistes, et dont les profils de sécurité sont moins bien connus [ndlt: neuroleptiques, stimulants...], moins étudiés, et qui peuvent provoquer des effets adverses parfois sévères. 

Q: Qu'est-ce que l'acide folinique?

RF: l'acide folinique est une forme de folate, qui est aussi appelé vitamine B9. Les folates sont un genre de vitamine qui est nécessaire pour que de nombreux systèmes de base de notre corps fonctionnent correctement. Beaucoup de gens connaissent l'acide folique, qui est la forme oxydée de folate utilisée dans les vitamines prénatales, et qui est aussi ajoutée dans certains aliments et qu'on trouve facilement en pharmacie et parapharmacie. L'acide folinique que nous avons utilisé dans cette étude est une forme réduite [l'inverse d'oxydé] de folate, similaire aux sources naturelles de folates qu'on trouve dans les aliments, et qui peut pénétrer dans le cerveau via une voie différente de celle de l'acide folique, et qui peut agir sur d'autres "obstacles" biologiques qui ont été retrouvés chez les autistes. 

Q: Qu'est-ce qui vous a amené à tester l'acide folinique?

RF: il y a un trouble appelé Déficit Cérébral en Folate (DCF) qui a été découvert il y a tout juste un peu plus de 10 ans. Comme de plus en plus de personnes sont diagnostiquées, il est clair que beaucoup d'entre elles ont des symptômes retrouvés dans l'autisme. Ce trouble (DCF) est causé, dans certains cas, par des auto-anticorps anti-récepteur alpha des folates (AAARAF) qui bloquent le transport du folate vers le cerveau.
Cette découverte du DCF nous a amené, un collègue et moi, à tester des enfants autistes pour voir s'ils avaient aussi des AAARAF dans leur sang. Nous avons découvert qu'il y avait une très forte prévalence d'enfants autistes avec des AAARAF dans le sang, et que certains avaient un faible taux de folate dans leur système nerveux central, tout comme les enfants avec la DCF. Cela m'a donc amené à me demander si l'acide folinique ne pourrait pas aider certains enfants autistes ayant aussi des AAARAF.
Nos essais préliminaires suggéraient que l'acide folinique aidait effectivement certains enfants. Cela a ouvert la voie à mon équipe de l'Arkansas Children's Hospital pour faire ce qui est appelé un essai en double aveugle et contre placebo. Ce type d'essai est considéré comme le nec plus ultra en médecine. Nous avons été très précautionneux dans le design de l'essai, et tous les enfants autistes n'étaient pas éligibles à y participer, il n'y a qu'un sous-groupe particulier qui répondait aux critères de sélection. C'est une chose importante à retenir, puisque ces découvertes ont été faites dans une population soigneusement sélectionnée, nous ne pouvons donc pas encore généraliser ces résultats à tous les autistes du spectre de l'autisme. Cet essai nous donne une idée du sous-groupe d'autistes qui a le plus de chance de répondre favorablement à ce traitement.

Q: Vous avez pris des mesures inhabituelles pour vous assurer que personnes ne pourrait deviner qui prenait le traitement ou le placebo. Pouvez-vous nous les décrire et nous les expliquer?

RF: C'est vraiment important de s'assurer que personne ne peut faire la différence entre les capsules contenant l'acide folinique et celles contenant le placebo. De façon à pouvoir maîtriser cette variable importante, j'ai demandé au fabriquant de faire de son mieux pour fournir des capsules identiques. Comme étape supplémentaire et spécifique à cet essai, nous avons demandé à différents groupes de personnes (scientifiques, techniciens...) s'ils pouvaient distinguer une différence. Ils ne le pouvaient pas. Je remercie mon équipe d'avoir eu cette idée, parce que je n'ai jamais vu cela dans un autre essai clinique et au final cela nous rend encore plus confiant dans le fait que cet essai est bien en aveugle.

Q: Quels sont les effets secondaires qu'on peut voir avec l'acide folinique?

RF: dans l'ensemble, l'acide folinique a été bien toléré et nous n'avons pas vu de différences significatives dans les effets adverses reportés dans les différents groupes d'enfants ayant reçu l'acide folinique ou le placebo. Dans notre étude précédente, nous avions observé que quelques patients qui prenaient des médicaments anti-psychotiques semblaient plus irritables quand ils prenaient de l'acide folinique, aussi nous avons décidé d'exclure de la sélection les enfants prenant des anti-psychotiques. Nous avons aussi exclu de la sélection les enfants très irritables, juste pour un maximum de sécurité. Bien que nos observations précédentes n'aient été faites que sur quelques patients, d'avantage de recherches est nécessaire pour voir si les patients prenant des antipsychotiques deviennent en général plus irritables en prenant de l'acide folinique.
De plus, autant dans ma pratique que dans cet essai, nous avons commencé par donner la demi-dose du traitement pendant les deux premières semaines, parce que nous savons que certains enfants peuvent devenir plus hyperactifs en début de traitement. Cela tend à être temporaire et à disparaître au bout de quelques semaines. Il est intéressant de noter que dans l'ensemble, l'attention et l'hyperactivité semblait s'améliorer au bout de 12 semaines de traitement avec l'acide folinique.
A la clinique, je constate aussi que des enfants qui prennent des formes d'acide folinique du commerce (non-combinée?), peuvent avoir des douleurs gastriques, de l'hyperactivité, ou de l'irritabilité. C'est ma conviction que cela peut être dû à une réaction ou à une sensibilité aux additifs de ces formes de médicaments, quoi que nous avons besoin d'étudier ça plus en détail. Dans notre première étude, nous avons utilisé une marque d'acide folinique qui était en tablette, et non une forme (combinée?) en capsule. Nous avons vu d'avantage d'irritabilité dans cette première étude que dans la plus récente. C'est pour cette raison que cette étude utilise une forme (combinée?) d'acide folinique, sans additifs (sans colorants, sans lait...).

[détail de la forme d'acide folinique utilisée: "sel de calcium de l'acide folinique", aussi appelée "sel de calcium de l'acide 5-formyl tétrahydrofolique", ou "leucovorin calcique" ;  2mg/kg de poids/jour, maximum 50mg/jour, divisé en 2 doses égales, pour 2 prises/jour, la moitié de la dose seulement étant donnée durant les 2 premières semaines, garantie sans colorant, sans lait, capsules végétariennes, produites par Lee Silsby Compounding Pharmacy -
("International Nonproprietary Name: DL folinic acid calcium salt; United States Adopted Name: leucovorin calcium) was 2 mg kg−1 per day (maximum 50 mg per day) in two equally divided doses with half of the target dose given during the first 2 weeks. Dye-free, milk-product-free, vegetarian capsules were provided in three strengths (5, 10 and 25 mg) by Lee Silsby Compounding Pharmacy (Cleveland Heights, OH, USA). Certificate of analysis was provided for each capsule strength by an independent analytical service (Eagle Analytical Services, Houston, TX, USA) for each batch of capsules produced. In all cases, potency was at least 99%."]

Q: Vous dites que le problème biologique que vous traitez est un taux faible de folate dans le cerveau, mais la seule façon de dépister ce problème est par le biais d'une ponction lombaire, une procédure douloureuse, invasive et coûteuse. Pensez-vous qu'il est nécessaire de dépister ce problème ou bien est-il possible de prendre de la Leucovorine (acide folinique) "pour voir"?

RF: c'est la raison pour laquelle je suis fan des biomarqueurs AAARAF. Notre étude démontre que ce biomarqueur peut aider à prédire qui répondra au traitement, rendant la ponction lombaire inutile, au moins dans la plupart des cas. Mon équipe et moi sommes impatients de démarrer une nouvelle étude de plus grande envergure dans laquelle nous pourrons étudier d'autres biomarqueurs de façon à rendre la prédiction plus fiable. C'est ma conviction, en tant que médecin, qu'il y aura des cas compliqués pour lesquels certains praticiens, y compris moi, pourront penser qu'une ponction lombaire est nécessaire, mais heureusement, nous pouvons limiter le nombre d'enfants nécessitant cette procédure.

Q: Comment peut-on faire tester les AAARAF? Est-ce un test que tout médecin peut prescrire?

RF: les AAARAF peuvent être mesurés par certains laboratoires comme Ilia Neurosciences avec le test FRAT (Folate Receptor Antibody Test).

Q: Avez-vous vu des améliorations chez les enfants qui n'avaient pas les AAARAF?

RF: Absolument. Un marqueur prédictif signifie simplement qu'il peut identifier les enfants qui ont statistiquement plus de probabilités de répondre favorablement au traitement. Mais nous voyons aussi des enfants négatifs aux AAARAF qui vont mieux avec un traitement d'acide folinique. Il y a de nombreuses raisons biologiques, scientifiques, médicales pour lesquelles un enfant peut répondre positivement à l'acide folinique en l'absence d'AAARAF. Pour chaque patient, il est préférable de discuter des bénéfices et des risques d'un traitement d'acide folinique avec un médecin qui a une bonne compréhension de la science et de la littérature médicale, de façon à déterminer si un enfant qui est négatif aux AAARAF pourrait bénéficier d'un essai thérapeutique d'acide folinique.

Q: A la fondation "N of One" nous insistons sur la recherche qui s'appuie sur des études de cas [ndlt: étude détaillé du cas d'un seul patient] et qui s'en sert pour faire des liens entre différentes problématiques qui semblent sans rapport de prime abord. Y a-t-il eu un cas en particulier qui vous a permis d'avancer dans votre recherche?

RF: Oui, en effet. Nous avons fait la connexion entre le Déficit Cérébral en Folate (DCF) , les AAARAF et l'autisme en grande partie grâce à un patient en particulier. Il y a environ 7 ans, j'ai reçu à ma clinique pour l'autisme un patient avec une variété de symptômes qui semblaient aussi correspondre au DCF. Les analyses montrèrent en effet un taux bas de folate cérébral et lorsque nous l'avons traité avec de l'acide folinique, nous avons vu de nombreuses améliorations de ses symptômes d'autisme. C'est cette expérience qui nous a menée à nous interroger sur la possibilité que le DCF et les AAAFAR soient des facteurs présents chez d'autres autistes.

Q: Y a-t-il autre chose que vous souhaitez ajouter?

RF: Sur un plan personnel, j'aimerais remercier John Rodakis et la "N of One: Autism Research Foundation" pour leurs efforts pour soutenir la recherche médicale dans le domaine de l'autisme, pour leur travail pour transmettre le message au public, particulièrement aux parents qui ont besoin d'information parce qu'ils ont des enfants qui ont besoin d'aide. C'est cet effort citoyen qui porte ses fruits et c'est un plaisir de pouvoir prendre le temps de faire cet interview.

- - -

Exemple de complément alimentaire qui contient de l'acide folinique:
B Complex #12, Thorne Research 


samedi 12 novembre 2016

Toxoplasmose et psychiatrie

Ce qu'on appelle "maladies psychiatriques" pourraient bien n'être que des symptômes de pathologies infectieuses et inflammatoires, un peu comme les parties immergées, "comportementales", d'infections et de neuroinflammation.
Les psychiatres n'auraient pas seulement à revoir leur manuel de neurologie, mais aussi celui d'immunologie et d'infectiologie.

La "piste infectieuse" est la piste privilégiée, dans le traitement des troubles autistiques, par le réseau "Chronimed", depuis un certain nombre d'années (voir ce blog).
J'avoue que la première fois que j'ai entendu parler des "infections froides, "il y a environ 4 ans, j'étais un peu sur mes gardes.
Force est de constater que les chercheurs trouvent de plus en plus de données qui vont dans le sens de cette piste.
Exemple ici avec le lien entre toxoplasmose et deux maladies "psy".

Nora Hamdani est psychiatre dans le service du Pr Leboyer (Hôpitaux Universitaires Henri Mondor, AP-HP, UPEC, Inserm, Créteil, France), elle présente: "La toxoplasmose dans le trouble bipolaire et la schizophrénie" (vidéo ci-dessous).

On notera que le Dr Hamdani mentionne des liens entre ces maladies psychiatriques, des infections, une inflammation intestinale "de bas grade", une "sensibilité" au gluten et à la caséine.... Je cite: "Dans la schizophrénie, on pense qu'il y a une sensibilité au gluten via une inflammation gastro-intestinale locale et une augmentation de la perméabilité intestinale.". Elle mentionne le lien, mais pas les potentielles implications thérapeutiques de ces liens, c'est à dire en clair qu'un régime sans gluten, sans caséine, "pourrait" réduire cette inflammation intestinale problématique.

Pour ceux qui auraient la flemme d'écouter toute la vidéo, ils peuvent au minimum survoler les quelques notes que j'ai mis par écrit ci-dessous.

En toute fin d'article, je mentionne deux pistes thérapeutiques "naturelles" pour le traitement de la toxoplasmose.


 Vidéo mise en ligne le 15 septembre 2016

Prise de notes:

Les troubles psychiatriques, dont le trouble bipolaire et la schizophrénie, résultent d'une interaction entre les gènes et l'environnement: stress, facteurs climatiques, hygiène..., et les infections.
Les infections ont une part majeure dans le risque de développer des troubles psychiatriques, notamment les pandémies de grippe se sont accompagnées d'une incidence accrue de schizophrénie dans les années 50.
Le parasite (toxoplasma gondii) lorsqu'il est contracté en période prénatale majore le risque environ par 3, que l'enfant développe une schizophrénie.
Ces facteurs environnementaux n'agissent pas tout seuls, mais sous l'effet d'une réponse immunitaire un peu défavorable et déséquilibrée, elle-même liée à des gènes déficients, cela va entraîner une réponse un peu accrue, réponse accrue qui va entraîner des modifications au niveau cérébral, qui va être à l'origine d'une inflammation persistante de bas grade [sans symptômes inflammatoires classiques], inflammation qui va être liée à beaucoup de comorbidités, auto-immunes notamment.



Le plan de la présentation:



Le parasite se développe sous forme de kystes, l'hôte principal (le chat) infecte des hôtes intermédiaires.
Les kystes ne sont pas éliminés [après une infection traitées?], ils persistent à l'état quiescent, notamment dans certaines zones du cerveau, avec des conséquences au niveau psycho-comportemental.
Sur le plan épidémiologique, la France fait partie des pays très exposés, ainsi que l'Amérique latine et l'Afrique tropicale. Les facteurs climatiques et hygiéniques (qualité de l'eau, alimentation...) interviennent dans la répartition du parasite.
La consommation de viande crue ou insuffisamment cuite et de fromage de chèvre au lait cru intervient aussi.
On estime que 37% des français auraient contractés le parasite durant leur vie.
La consommation de viande ayant été congelée a un effet protecteur, puisque la congélation tue le parasite.
77% des bipolaires français sont atteints par la toxoplasmose (plus de 40% seulement des non-bipolaires) [Source: Relationship between Toxoplasma gondii infection and bipolar disorder in a French sample: ce sont les IgG et les IgM anti Toxoplasma gondii qui ont été analysés]

La dopamine est très élevée chez les gens qui ont contracté le parasite, probablement par le biais de paramètres immuno-inflammatoires. Dans le génome du parasite il y a deux enzymes qui participent à la dégradation de la dopamine. Il y a aussi une action sur le tryptophane, avec déplétion du tryptophane, avec risque suicidaire chez les patients atteints de toxoplasmose, action aussi sur la testostérone avec modifications possibles de la personnalité.


Chez les animaux: les rongeurs infectés se retrouvent attirés par leurs prédateurs naturels.
Les humains infectés par le parasite ne trouvent pas aversives les urines de chat.
Chez l'être humain, les traits de personnalité associés à la toxoplasmose:
Ego surdimensionné, jalousie, personnes moralisatrices, introversion, méfiance, hyper vigilance, trouble de l'attention et de la réaction, et taille un peu plus grande que la moyenne!
Dans la mesure où le parasite entraîne une diminution de la peur, un temps de réaction plus important, des troubles attentionnels marqués ---> une étude montre que les personnes accidentées (piétons ou conducteurs) sont plus souvent séropositifs à la toxoplasmose que la population générale.
Effet du parasite sur la mémoire de travail: plus on accumule de parasites et de virus à tropisme cérébral, plus la mémoire de travail est altéré (+ QI?).
Le parasite n'a pas qu'une action directe sur le cerveau, il agit aussi via des modifications immuno-inflamatoires qui peuvent persister sur le long terme (élévations des cytokines, élévation du stress oxydatif, modifications des astrocytes qui peuvent eux-même entraîner une neuroinflammation et un déclin neurologique).
Les patients bipolaires sont plus infectés par le parasite que la population générale, l'Il-6 (interleukine 6) est plus élevée chez les bipolaires; plus les taux d'IL-6 sont élevés, plus la détérioration cognitive est marquée. Les patients les plus détériorés ont des taux deux fois plus important d'IL-6 que les patients non-détériorés.
L'IL-6 diminue la neurogénèse, notamment au niveau de l’hippocampe et elle a été associée à des maladies soit cognitives, soit auto-immune avec comorbidités cognitives.
Auto-immunité:
En phase aigüe chez les bipolaires, on a une augmentation de nombreux anticorps, dont anticorps anti-NMDA, anti-gliadine, anti-toxo (infection récente ou réactivation d'une infection latente), anti-rétrovirus.
Les anticorps anti-NMDA sont impliqués dans l'encéphalite lymbique, avec manifestations "psychotiques maniaques".

Tractus gastro-intestinal: il y a plusieurs études, certaines très anciennes, qui ont montré qu'il y a un lien entre la maladie coeliaque, la schizophrénie, le trouble bipolaire. Notamment, il a été montré dans la période d'après-guerre, que l'incidence de la schizophrénie semblait diminuer parce que les gens ne pouvaient pas consommer de farine de blé. Et par ailleurs, dans certaines îles du Pacifique, où l'on ne consomme pas de blé, il semblerait que les incidences de schizophrénie soient rares.
"Je pense qu'il y a plus une sensibilité à certains antigènes alimentaires, plutôt qu'une maladie coeliaque avérée."
Les marqueurs cœliaques sont retrouvés dans la schizophrénie, mais ce sont surtout les anticorps antigliadine [la gliadine, protéine qu'on retrouve dans le gluten] qui sont non spécifiques de la maladie coeliaque, qui montrent qu'il y a probablement une perméabilité intestinale accrue chez ces patients. On retrouve la même chose chez les patients bipolaires: certains marqueurs cœliaques non-spécifiques à la maladie coeliaque sont retrouvés.

Les liens entre inflammation gastro-intestinale, schizophrénie et trouble bipolaire:
Dans la schizophrénie, on pense qu'il y a une sensibilité au gluten via une inflammation gastro-intestinale locale et une augmentation de la perméabilité intestinale.
Cette étude: "Gastrointestinal inflammation and associated immune activation in schizophrenia" a regardé si les antigènes alimentaires à l'origine d'une réaction autoimmune et notamment le gluten et la caséine (qui constituent les protéines du lait) étaient associés à des marqueurs de l'inflammation intestinale et en particulier les ASCA (IgG Anti Saccaromyces Cervisiae, marqueur de l'inflammation intestinale) qu'on retrouve dans la maladie de Crohn. Ce que cette étude montre, c'est que chez les patients schizophrène, qu'ils soient en épisode récent ou pas, on a des marqueurs de l'inflammation intestinale qui sont augmentés, une augmentation des anticorps anti-antigène alimentaire et chez les patients qui présentent un épisode récent, c'est là où tout se joue puisqu'on a une augmentation des anticorps anti-toxo, en lien avec les marqueurs de l'inflammation intestinale, ce qui confirme bien qu'en épisode aiguë, il y a des manifestations inflammatoires au niveau intestinal, ce qui confirme les travaux post-mortem qui montrent qu'il y a une grosse inflammation au niveau intestinale et gastrique chez les patients schizophrènes.
Cette inflammation gastro-intestinale va entraîner le passage d'antigènes alimentaires dans la circulation générale, et notamment provoquer la production d'anticorps.

Dans la schizophrénie et le trouble bipolaire, il y a peu d'études sur l'immunité humorale et sur les déficits en immunoglobulines (les déficits en sous-classe d'immunoglobulines sont associés à des infections intercurentes et répétées chez les enfants essentiellement).
Mais on a montré que chez les patients schizophrènes et bipolaires, il y a déficit en immunoglobuline de type G (IgG et IgG1).
Les patients infectés par le parasite sont ceux qui ont les défenses immunitaires les plus faibles, ce qui montre bien que chez ces patients il y a des modifications de l'immunité, associées à un risque majeur de réactivation du parasite, qui entraînent des modifications inflammatoires et cérébrales.

5° Implications thérapeutiques
(chez la souris) l'aldol et le valproate ont une activité anti-parasitaire.
L'acide valproique et la trimetropine, quand ils sont associés - ou pas, ont une activité anti-parasitaire marquée.
En exemple de médecine personnalisée: mention de l'étude sur l'efficacité du charbon activé pour le traitement d'un accès maniaque post-gastrectomie. 

Fin de la prise de note.

- - -

Pistes de traitements "naturels" de la toxoplasmose:

Exemple de l'efficacité de deux plantes dans le traitement de la toxoplasmose (d'autres ont aussi été étudiées, comme l'echinacée ou l'astragale):
- Thym (Thymus vulgaris), étude portant sur l'efficacité d'un extrait ethanolique de Thymus vulgaris (TVE), traitement préventif pré-infection et curatif:
 "The effect of TVE was comparable to that of treatment with a mixture of sulfadiazine and pyrimethamine (46 and 51 % reduction, respectively). Moreover, considerable amelioration of the pathological lesions in the brain and retina was observed. The results demonstrate the potential efficacy of T. vulgaris as a new natural therapeutic and prophylactic agent for use in the treatment of chronic toxoplasmosis."
 Effects of Thymus vulgaris ethanolic extract on chronic toxoplasmosis in a mouse model.

- La Dichroa febrifuga: "The Chinese herb Dichroa febrifuga has traditionally treated malaria-associated fever. Its active component febrifugine (FF) and derivatives such as halofuginone (HF) are potent anti-malarials. (...) We also show a remarkable ability of HF to kill the related human parasite Toxoplasma gondii
(...) It is noteworthy that halofuginone was more effective in inhibiting T. gondii growth in a 24 hr assay than the known potent drug pyrimethamine (...), a compound currently used clinically. Using high-content imaging (HCI) assays, we monitored T. gondii invasion and growth over a 24 hr period during which it was evident that HF killed Toxoplasma faster than the clinical drug pyrimethamine, displaying its higher potency."



dimanche 6 novembre 2016

Science de sorcière

Jouons un peu avec l'image de la sorcière, femme plus ou moins "chamane", guérisseuse, médium, qui vit au contact de la nature, marche pied nus dans la forêt, connait les plantes et les champignons, parle aux animaux, fait brûler de l'encens et autres résines, et peut expérimenter divers états de "transe"... Pas si éloignée que ça de certaines naturopathes modernes!

La sorcière est-elle folle? Hystérique? Psychotique? Charlatan? Démon?
Ou bien met-elle en pratique une connaissance intuitive, un sens perceptif subtil de phénomènes que la science "moderne" commence tout juste à explorer?
Plutôt que de diaboliser ceux qui perçoivent le monde de façon atypique, ainsi que leurs visions "bizarres", ne pourrait-on pas envisager que c'est la science "moderne" qui a un léger retard sur les hyper-perceptifs?

Au sommaire de cet article, un peu long:
- Les états modifiés de conscience
- Le bain de forêt
- La connexion à la terre


- - - 

- Les états modifiés de conscience: 

En ce moment, dans les "kiosques" à journaux, on peut trouver plusieurs magazines qui abordent le sujet :




Et même Science & Avenir s'y met:



Dans ce numéro de Science & Avenir,  on nous parle des scientifiques qui étudient les Etats Modifiés de Conscience: les Etats de Mort Imminente, le rêve lucide, la méditation pleine conscience, l'hypnose, la transe chamanique... On y mentionne même un chouilla les psychédéliques (Ayahuasca, champignons halucinogènes...).
Oui, des scientifiques étudient les Etats Modifiés de Conscience (et les psychédéliques).
Ceux qui connaissent le Dr Olivier Chambon le savent déjà. Le Dr Chambon est un psychiatre français, spécialiste du chamanisme et des psychédéliques.
Et oui, des scientifiques étudient même la transe chamanique et ceux qui connaissent Corinne Sombrun le savent déjà. Corinne Sombrun est une journaliste et chamane française, qui collabore avec des scientifiques qui étudient la transe chamanique.




Science & Avenir aurait-il basculé dans le camp des "charlatans"? Des "pseudo-scientifiques?
Dans la communauté de l'autisme, je serais curieuse de savoir comment des gens comme Franck Ramus ou Jean-Marc Bonifay seraient susceptibles de réagir à ce genre d'article.
Petite crise d'urticaire?! (pardon je suis un peu taquine)
;-) :-P

Extrait de l'édito de Dominique Leglu"... nos multiples états de conscience, modulés par diverses ondes cérébrales (alpha, thêta, gamma…), modifient nos perceptions. Pour qui s’interroge sur le rêve, la méditation en pleine conscience, la transe, l’état extatique et plusieurs autres, consulter sans attendre le tableau publié dans notre dossier. Il montre que selon l’intensité de l’expérience, le phénomène très particulier de « dissociation de soi » grandit. Rien d’ésotérique là-dedans mais une modification de la perception, donc, que certains scientifiques, tel Steven Laureys, du CSG, ont d’ailleurs tenté de revivre." Sciences et Avenir lui a fait raconter sa tentative de recréer une EMI [Etat de Mort Imminente], en particulier. S’il déclare ne pas l’avoir complètement connue, il avoue, en revanche, savoir maintenant ce qu’est un état modifié de conscience ! Etonnant. De même que de découvrir que l’EMI, devenu mythe contemporain (p.40), permet à des médecins de "traiter de la spiritualité sans tomber dans l’écueil de la religiosité" auprès de personnes en fin de vie."

Toute personne connaissant bien le sujet de l'autisme devrait tilter en lisant "modifient nos perceptions" :  les "troubles" ou particularités de la perception (troubles sensori-moteurs) étant au coeur de la problématique de l'autisme.
Je tente de faire quelques liens entre autisme et chamanisme dans mon mémoire, dans un chapitre sur le chamanisme: "... l'état de transe pourrait être un état « nouveau » du cerveau, c'est à dire encore inconnu de la médecine occidentale, un état permettant au cerveau de devenir plus perceptif qu'en temps normal (sur-activation des zones « limbiques », zones de la perception). L'encéphale est un filtre à perceptions, un filtre modulable. La transe permettrait d'augmenter la « bande passante » nous permettant de capter l'information sensorielle environnante. Ce ne serait pas un « trouble » de la perception mais une modulation de la perception, comme lorsqu'on règle un poste de radio pour passer d'une station à une autre. 
Perceptions différentes = environnement différent = accès à des informations différentes 
Pour Corine Sombrun, la transe lui permet d'accéder au monde des esprits et de converser avec eux, pas toujours très pacifiquement, car certains semblent loin d'être de petits anges. En transe, elle perçoit son environnement d'une façon différente, augmentée, ses sens et ses perceptions sont à la fois différents et plus aiguisés, elle devient capable de sentir et de voir les dissonances et de chanter, de produire des sons qui ré-harmonisent les corps et les esprits des personnes qui l'entourent." (page 157)

Extrait du Garçon Cheval (de Rupert Isaacson), reproduit page 158: "« Est-ce que les chamanes étaient parfois des adultes autistes ? Je pensais au point de vue de Temple Grandin, pour qui les autistes pourraient être des connecteurs entre le monde humain « normal » et le monde animal, ou le monde de la science ou de la musique. Est-ce que les autistes, dans les sociétés traditionnelles, étaient aussi parfois des connecteurs au monde des esprits ? Je pensais à Besa [un guérisseur africain] et quelques uns des autres guérisseurs que j'avais rencontré, qui étaient tous bizarres, parlaient en charades, qui étaient « partis avec les fées », comme disent les britanniques. Ce n'était pas si éloigné de Rowan. Quoi qu'il était intéressant de voir que tous avaient un rôle à part entière dans leur communauté, plutôt que d'être marginalisés. (…) Ghoste [un chamane mongole] dit qu'un enfant comme ça, comme Rowan, est fait pour devenir un chamane. Une part de lui est déjà dans le monde des esprits. » (The Horse Boy, traduction personnelle)."

P.S.: Si ça continue comme ça, dans moins d'un an ou deux, Science & Avenir nous pondra un bon gros dossier sur les propriétés thérapeutiques des psychédéliques!!
Pour aller un peu plus vite que les journalistes français, il est possible de s'informer sur le sujet sur http://www.maps.org/resources/papers ou http://ncbi.nlm.nih.gov/ (taper "ayahuasca" ou "psilocybin" ou "mdma" dans le moteur de recherche!).



- - - 


- Le bain de forêt: 

Aussi appelé la "médecine de la forêt", le bain de forêt - c'est à dire la bonne vieille promenade dans les bois, fait l'objet d'études au Japon.
On constate que ce "bain d'arbres" permet de réduire le taux de cortisol (hormone du stress), de réduire l'activité du système nerveux sympathique (qui régit les réactions de type "lutte ou fuite"), stimule l'activité du système nerveux parasympathique (qui régit les processus de digestion et de régénération), réduit la tension sanguine et le rythme cardiaque, renforce le système immunitaire. Autant de propriétés bienvenues pour les autistes, qui ont tendance à vivre en état de stress chronique dès leur enfance.
Ce sont les stimulations sensorielles de l'environnement forestier qui contribuent à avoir un effet apaisant (environnement sonore, tactile, olfactif), ainsi que les substances volatiles excrétées par les arbres, les phytoncides: alpha-pinene et beta-pinene,. On retrouve des alpha-pinène dans de nombreuses huiles essentielles, comme celle de cyprès Hinoki, d'Abies alba (sapin argenté), de Pinus pinaster (pin maritime), de Pinus montana (pin de montagne), de Juniperus communis (genévrier), de Myrtus communis (myrte), de Citrus reticulata (mandarine verte), de Citrus limon (citron), de Commiphora myrra (myrrhe), de différentes variétés de Boswellia (encens)...

Encens Oliban (Boswellia sacra).
"Profondément solaire par essence, l’Oliban est l’encens biblique par excellence, et fut utilisé à travers tout le monde antique et médiéval pour favoriser le sentiment d’unité avec Dieu et l’élévation des pensées et des demandes vers celui-ci." - Site web d'Arnaud Thuly 

... On trouve aussi des phytoncides dans l'huile essentielle de térébenthine (extraite du pin maritime ou du pin des landes) diffusée dans le "Bol d'air Jacquier", appareil qu'on trouve dans certains cabinets de naturopathes.


Sources:
Effect of phytoncide from trees on human natural killer cell function.
Forest medicine research in Japan.
- - - 

- Connexion à la terre:


Marcher pieds nus au contact direct de la terre aurait des effets antioxydants, globalement anti-inflammatoires et cicatrisants.
Etre en prise directe avec le sol permettrait la circulation d'électrons libres, du sol vers le corps, et ce serait ces électrons qui auraient un effet antioxydant (les antioxydants sont des donneurs d'électrons), effet globalement positif sur le système immunitaire et "anti-âge".
Pour les autistes, qui tendent à être plus sujet au stress oxydatif et à l'inflammation que les non-autistes, toute pratique anti-inflammatoire, anti-oxydante, non médicamenteuse, peut être extrêmement intéressante. 
Il est possible de remplacer le contact direct "pieds nus" avec la terre par des chaussures équipées d'une petite "prise" au sol... Et non, il ne s'agit pas de wifi ni d'une ènième source d'ondes électro-magnétiques!

Chaussures EarthRunners 



... ou, pour la nuit, plutôt que de dormir par terre dans les bois, on peut rester chez soi et s'équiper d'un draps, ou d'un plaid, tissé en partie de fil d'argent, relié à une prise de terre.

Plaid Earthing


Attention: les draps ne sont pas "branchés", sous tension, mais uniquement reliés à la prise de terre, pas à la prise de courant!!


Attention! Si nos prises de courant sont dépourvues de prise de terre, 
ou si leur prise de terre n'est pas réellement connectée à la terre,
un matériel de connexion à la terre ne pourra pas fonctionner!

Ce genre d'équipement peu sembler "farfelu" (et il est malheureusement encore assez cher, quoi que les prix puissent beaucoup varier d'un site à l'autre, voir par exemple http://www.earthconnection.eu/), mais la connexion à la terre, la nuit, pourrait permettre d'améliorer la qualité du sommeil, en ayant un effet globalement calmant, en régulant le cycle de production du cortisol et en activant le système nerveux parasympathique.
Les autistes et leurs troubles du sommeil chroniques pourraient apprécier!

Source:
The effects of grounding (earthing) on inflammation, the immune response, wound healing, and prevention and treatment of chronic inflammatory and autoimmune diseases