samedi 28 février 2015

Crudivorisme et neuroatypisme


Mise à jour, février 2022:
Une de mes contacts à déterré ce vieil article de ce vieux blog et, après relecture, je tiens à faire quelques précisions:
J'ai écrit cet article environ 2 ans 1/2 après avoir découvert le crudivorisme et le végétalisme en juillet 2012. Cet article contient plein de bonnes choses (en particulier sur les spécificités des personnes neuroatypiques), mais pas que. 
A l'époque où j'ai écrit cet article, je peux dire rétrospectivement que je "croyais" encore à la dogmatique crudi-végane. Depuis, j'en suis revenue. Je suis redevenue omnivore progressivement durant l'été 2015. Mon état de santé s'était dégradé et remanger des produits animaux m'a aidé à retrouver une meilleure santé. De nombreux facteurs environnementaux étaient responsables de la dégradation de mon état (gros facteurs psycho-émotionnels, surcharge de travail et de stress, stérilet en cuivre, exposition au wifi et smartphones en permanence...). 
Le végétalisme n'a clairement pas aidé, au contraire, il a été un facteur de stress à part entière.
Dans l'article ci-dessous, je mentionne souvent la "détox". Elle a bon dos. 
A présent je pense qu'aucune forme de végétalisme ne peut prodiguer tous les nutriments dont le corps a besoin. J'en suis même arrivée à l'opinion que le véganisme est foncièrement anti-naturel. Quand au bout de 6 mois ou de 3 ans de végétalisme, on commence à se rendre compte que des choses se passent mal, il est fort probable que ce ne soit pas du tout la "détox" mais le résultat de carences et de troubles digestifs, provoqués par le végétalisme. 
Si je devais faire des recommandations en terme de lectures, plutôt que le "crudivorisme", je vous recommanderais d'avantage le thème de "l'alimentation vivante", des aliments fermentés, et des régimes GAPS et paléo. Pour s'informer sur le thème de la nutrition et de la micronutrition, je vous recommande de farfouiller sur les sites web et dans les interviews, podcasts, etc... du Pr Chris Masterjohn, de Julien Venesson, de Chriss Kresser, du Dr Jack Kruse, du Dr Sarah Ballantyne (Paleo Mom) et de Taty Lauwers.
Si des personnes souhaitent tester le crudivorisme, je les encourage vivement à se tenir éloignées du crudivorisme 100% végétal. On peut faire une mousse au chocolat crue, avec des oeufs et du chocolat noir cru à 70% de cacao, ce sera cru, ce sera végétarien et gourmand et plus sain que de se nourrir exclusivement de fruits et de verdure, surtout en hiver. Autre exemples: de la truite fumée avec du beurre au lait cru, de la faisselle de chèvre au lait cru avec un peu de miel, des huitres, de la noix de jambon ou du saucisson sans sels nitrités, etc...
En cas de végétalisme, la supplémentation en vitamine B12 et omega 3 (EPA/DHA) ne devrait JAMAIS être négligée.
Dans tous les cas, la supplémentation en vitamine D3 d'octobre à avril devrait être systématique en France métropolitaine (Julien Venesson recommande une dose de 1000UI / tranche de 15kg de poids corporel/jour, soit 4000UI/jour pour une personne de 60kg).
J'ai été végétalienne pendant environ 3 ans, c'est une des pires expériences que j'ai faite en matière de nutrition et, des expériences, j'en ai fait beaucoup. A 45 ans, je commence à avoir du recul. L'alimentation sans céréales, OUI, je continue à la recommander, à fond, pour tout le monde. Le végétalisme, NON, ou alors un jour pas semaine, maximum.
Prenez soin de vous!

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Préambule:
Crotte, j'ai encore écrit un roman.
Je précise ou rappelle aux lecteurs, s'il y en a, que je suis étudiante en naturopathie, actuellement en 3ème et dernière année. J'ai à écrire un mémoire pour valider ma 3ème année, travail à rendre en novembre 2015. Pour l'heure, je suis décidée à écrire quelque chose sur l'autisme mais je me cherche encore un axe, un plan. Je me permets de me servir de ce blog pour tâtonner sur le fond autant que la forme - on le verra ici pour la forme: je suis d'humeur un peu rock'n roll, pardon pour les libertés de langage, et pour explorer certains sujets qui pourraient servir de matière à ce mémoire.

Sommaire:
Axe et adresse de cet article
Le crudivorisme, qu'est-ce que c'est?
Plusieurs formes de crudivorismes
Le crudivorisme est-il dangereux?
Le crudivorisme rend-il invincible et immortel?
Les crudivores sont-ils des extrémistes, des fous, des crétins, des malades...?
Les "adeptes" du cru sont-il les victimes du "gourou" du cru, Thierry Casasnovas?
Principaux dangers ou écueils du crudivorisme
- Quand la transition est brutale
- Quand l'alimentation est insuffisante en terme de calories et/ou de certains nutriments
- Quand il y a une grosse fatigue surrénalienne
- Quand on vise le "80/10/10"
- Quand on a tendance à avoir l'esprit "coupé" du corps
- Quand on est très volontaire, très perfectionniste...
- Quand on entre en détox et que la détox part en cacahuète
Principaux intérêts du cru
- Reminéralisant, anti-oxydant et anti-inflammatoire
- Le cru c'est garanti sans glu!
- Détoxifiant
Le cru, pour aller beaucoup plus loin...



Axe et adresse de cet article:

Pour ceux qui, sachant que je m'intéresse au crudivorisme, (que j'ai même fait des stages "crudi"), pourraient se faire du soucis parce qu'il paraitrait que le crudivorisme c'est dangereeeeux ou que c'est trop un truc d'extremiiiiiiste!!!
Pour mes camarades de formations, mes formateurs: un peu comme si on m'avait demandé de faire un exposé sur le sujet, puisque ça m'intéresse et que je commence à m'y connaitre un peu.
Pour toute personne qui se pose des questions sur le sujet.
Et pour les neuroatypiques (NA) adultes et les parents de NA (en sachant que le neuroatypisme a des origines génétiques et qu'on est donc souvent plus ou moins NA de père en fils, de mère en fille... Bon, "je dis ça, je dis rien", comme on dit...), je vais aussi aborder les intérêts du cru par rapport au neuroatypisme, c'est à dire - pour ceux qui ne seraient pas familiers du terme, toute cette frange de la population dont font partie les autistes, TDAH, TED..., ou les "zèbres" (certains y ajoutent les schizophrènes, bipolaires, borderline...).
Il me semble que les personnes concernées par le neuroatypisme se posent plus de questions que la moyenne sur leur alimentation, peut-être parce qu'elles y sont plus sensibles que la moyenne, et qu'elles sont plus susceptibles que la moyenne d'avoir des problèmes avec l'alimentation: hyper-sélectivité, troubles sensoriels et moteurs (mastication, déglutition...), propensions à avoir des intérêts "restreints" passionnels qui peuvent "dégénérer" en TOC (troubles obsessionnels compulsifs) ou TCA (troubles du comportement alimentaires), etc... Et ces personnes me semblent donc particulièrement susceptibles de s'intéresser au cru et plus à risque de se retrouver confrontées aux écueils de ce mode d'alimentation.
Donc voilà, le cru, quésaco, quels dangers, quel intérêt et mode d'emploi!


Le crudivorisme, qu'est-ce que c'est?

C'est manger tout cru!
Bien sûr, certaines choses ne se mangent pas crues, comme les pommes de terre (dont on peut faire toute fois des jus, réputés excellent pour les problèmes d'estomac) ou les céréales, qu'on peut toute fois consommer germées (comme le germe de blé). Et quasiment tout ce qui peut se manger cru "à la croque" peut se manger cru plus ou moins transformé, histoire de varier les plaisirs, les goûts, les textures, les couleurs...: en purée crue, smoothie, jus, déshydraté, séché, fumé, mariné, lactofermenté...
On peut être à 100% cru ou à 80% ou "à tendance crudivore", souhaiter tendre vers le crudivorisme, souhaiter atteindre le 100% cru un jour prochain, être en transition vers le crudivorisme ou crudi-flexitarien, être crudi une partie de la journée (raw til 4) ou plus ou moins crudi en fonction de la saison, du climat, de l'humeur, de son compte en banque, de sa capacité à gérer les stocks de fruits et légumes, de son humeur, de ses capacités d'organisation, d'approvisionnement, etc...
Les NA savent à quel point il peut être compliqué d'aller simplement faire les courses, donc gérer en été des stocks de bananes qui ne mûrissent pas à la même vitesse qu'en hiver, et un gros tas de déchets verts en plein été quand on habite en appartement sans compost avec les moucherons qui attaquent, ça peut vite devenir un très gros casse-tête...
On peut aussi faire une cure de cru pendant un mois par an, ou un jour par semaine, ou pendant une certaine période de sa vie, puis évoluer vers autre chose, et puis y revenir... ou pas, etc...
Et tout cas, le "cru", on en parle dans un Télé 7 Jours de fin février (2015), on en parle dans des magasines gratuits distribués aux caisses des magasins bio, bref, on en parle un peu partout depuis quelques temps.
Le crudivorisme repose sur le même principe que l'alimentation "vivante": ne pas cuire les aliments permet d'en préserver tous les nutriments et nous permet donc d'être mieux nourris, en théorie. C'est un aspect assez présent également dans le "régime" Seignalet ou encore dans le Paléo.
Cela permet d'être mieux nourri "en théorie" parce que cela va tout de même dépendre plus ou moins des capacités de digestion et d'assimilation de chacun. Une personne qui sécrète trop peu de sucs digestifs, qui est en fatigue chronique, qui a les intestins très abîmés, un péristaltisme et une flore intestinale dans les chaussettes, n'a pas les mêmes capacités de digestion et d'assimilation que quelqu'un qui est en pleine santé.
Par exemple, les légumes crus entiers nécessitent d'avantage d'énergie digestive pour être assimilés que lorsqu'ils sont cuits. C'est à prendre en compte, de même qu'une personne qui a l'air (et se croit) en pleine santé, peut ne pas l'être réellement, surtout si elle consomme beaucoup de stimulants, comme le sel, le sucre, le café, les farines raffinées... L'état de santé réel a tendance à être révélé lorsqu'on se met au cru (sans sel, sans sucre, sans café, etc...), ce qui peut amener à penser que ça ne "marche" pas pour nous. Alors que ce qui ne marche pas pour nous, c'est d'abord notre mode de vie et les années qu'on a passées à manger n'importe quoi n'importe comment.


Plusieurs formes de crudivorismes

- Le crudivorisme végétalien: on ne consomme que des aliments d'origine végétale crus, bruts ou déshydratés ou transformés (cruisine, huile de première pression à froid, purée d'oléagineux...).
- Le crudivorisme végétarien: aliments végétaux crus + oeufs crus, lait cru, fromage au lait cru, miel bio non chauffé, pollen frais...
- Le crudivorisme omnivore: aliments végétaux crus + sous-produits animaux crus + viande, poisson et fruits de mer crus.

Quelques autres catégories:
- Le crudivorisme sans aucun aliment transformé, même pas de purée d'amande, même pas de smoothies, uniquement des aliments "bruts", à la croque, à rapprocher de l'instinctothérapie (l'instinctothérapie ne "fonctionne" qu'avec des aliments bruts crus - comme le steak tartare sans sauce ni sel, les huîtres ou les pommes, pas avec les pépitos ni le knaki-frites!).
- Le frugivorisme: alimentation basée essentiellement sur des fruits, noix, graines, légumes-fruits, avocats..., pas de plantes entières ni de racines, encore moins d'aliments d'origine animale, dans le but de respecter tout ce qui vit - c'est à dire les plantes et les animaux, le fruit ayant pour vocation de "tomber", on ne lèse pas la plante en le consommant. Bon, si on y réfléchit, dans le cas de certains fruits et légumes (graines germées, amandes...), on lèse la graine qui a pour vocation de pousser aussi, mais tant qu'on a besoin de manger, il faut bien se résoudre à manger quelque chose!

Il est aussi possible - et même recommandé à chacun de faire sa propre petite "tambouille", de délimiter son propre "cadre", selon ses goûts, son état de santé, ses activités, ses finances, son lieu de vie, etc... Par exemple je me définie comme "végétalienne sans gluten à tendance crudivore", c'est mon cadre et je m'efforce de consommer autant de cru que possible mais plein de facteurs font que je peux consommer seulement 10% de cru certains jours en hiver ou jusqu'à 90% en été. "Ca dépend", comme aurait dit une de mes arrière grand-mères normande. Il m'arrive même de faire des exceptions et de sortir brièvement de mon cadre. Par exemple récemment j'ai mangé un peu de chou qui avait cuit avec de la pintade et en septembre dernier j'ai mangé des oeufs à la coque pendant 10 jours.
Je m'efforce de rester flexible, de me remettre en question et de ne pas en faire un fromage si je goûte ceci cela qui contient des oeufs ou si je craque sur un bout de chocolat noir qui contient un chouilla de lait.


Le crudivorisme est-il dangereux?

Oui, tout comme conduire une voiture ou tout comme l'omnivorisme peuvent être dangereux.
Question à la con, réponse à la con.
Si on faisait un petit sondage rapide dans tous les hôpitaux de France, on trouverait sûrement une très grande majorité d'omnivores. Si la dangerosité d'un "régime" (dans le sens strict/scientifique du terme) devait se baser sur ce genre de statistiques (à la con), le "régime" omnivore serait à proscrire sur le champ!!


Le crudivorisme rend-il invincible et immortel?

Bah non, on meurt toujours à la fin, comme les omnivores.
On reste un être humain, on reste faillible, imparfait et très perfectible.


Les crudivores sont-ils des extrémistes, des fous, des crétins, des malades...?

D'abord, on ne juge pas les gens en fonction de leur alimentation, comme on ne les juge pas - ou du moins comme on ne devrait pas les juger, uniquement en fonction de leur couleur de peau, de leur tête, de leur sexe ou sexualité, de la couleur de leur bulletin de vote ou de leur compte en banque.
C'est pratique de créer des catégories, mais c'est aussi le fast food de la pensée. Dire de quelqu'un "il mange comme ça, donc c'est un con" ou "sa tête ne me revient pas, donc c'est un con", ça nous ramène aux heures les plus sommmmbres de notre histoire, comme on dit.
De même, on ne peut pas juger de la santé de quelqu'un uniquement à son alimentation. La santé dépend aussi d'autres facteurs: le lieu de vie, les rythmes de vie, l'activité physique, les relations familiales, amoureuses, professionnelles, l'hérédité, l'historique de santé, etc...
Enfin, certaines personnes, comme certains autistes, ont un "terrain" propice aux troubles du comportement alimentaires: par exemple un mélange de grande rigueur intellectuelle, de difficultés d'adaptation et de troubles de la perception sensorielle peut amener quelqu'un à s'obstiner dans un  mode d'alimentation néfaste à sa santé.


Les "adeptes" du cru sont-il les victimes du "gourou" du cru, Thierry Casasnovas?

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Thierry Casasnovas est un crudivore français très "en vue" dans le milieu "alternatif", qui a créé une association (Régénère) et qui poste des vidéos à visée pédagogique sur youtube, sur le thème de l'alimentation et de l'hygiène de vie.
Alors on va parler psycho, deux secondes.
Beaucoup de gens dans le milieu du cru (et dans le milieu alternatif en général) en ont plus qu'assez du modèle relationnel "victime-bourreau-sauveur" - appelé "triangle de Karpman" par les psychologues, mode de relation sur lequel est plus ou moins basée la médecine allopathique, si on y regarde bien.
Les NA, pour beaucoup, ont eu à faire à cette médecine, à ses hôpitaux psychiatriques et ses diagnostics erronés, ses personnels plus ou moins incompétents - faut bien le dire, ses prises en charge inadaptées et sa sur-médication toute aussi inadaptée lourde d'effets secondaires délétères: ils sont plus enclins que la moyenne à se tourner vers des solutions alternatives, puisque les prises en charge officielles ne leur apportent pas grand chose de constructif, voir même nuisent à leur santé au lieu de les aider.
Pour en revenir au modèle relationnel "victime-bourreau-sauveur" - très apprécié de Walt Disney, certaines personnes tendent à être incapables de penser la relation humaine en dehors de ce modèle et ainsi, pour eux, si une personne fait quelque chose et que ça se passe mal, et si cette personne n'est ni un bourreau, ni un sauveur, alors elle est une victime, par exemple une victime lobotomisée par Thierry Casasnovas.
Les personnes qui apprécient les vidéos de Thierry Casasnovas sont souvent à la recherche d'une autre façon de voir et de vivre les relations humaines. Pour certains, ils sont même déjà sortis depuis longtemps de cette façon de penser: ils ne se considèrent plus comme des victimes mais comme des personnes adultes responsables de leurs actes, ils ont pris leur santé en main, ils ont appris à faire des choix et ils sont prêts à assumer leurs propres erreurs et à se remettre en question le cas échéant. Ils sont à la recherche d'informations alternatives, d'idées neuves, ils expérimentent, font des essais, observent les résultats de leurs expériences et en tirent leurs propres conclusions.
Je pense que beaucoup de personnes qui regardent ces vidéos ne sont pas du tout des suiveurs, se sont au contraire des libres penseurs ou du moins des personnes qui aspirent à le devenir, des personnes qui sont loin de n'avoir qu'une seule source d'inspiration ou d'information.
Beaucoup de personnes qui apprécient Casasnovas ne le suivent pas mais lui ressemblent, ce qui - du point de vue des détracteurs de Casasnovas, peut être bien pire!! Dans le milieu "crudi", il y a une sorte de fraternité de pensée, une communauté d'esprit, des visions qui se rejoignent.
Il peut toute fois bien y avoir problème lorsqu'une personne ressemble justement tellement à Casasnovas, dans son côté "jusquauboutiste", qu'il va y avoir comme surdose de "jusquauboutisme" et crash dans le mur de la détox, par exemple.
D'où l'importance de s'écouter - ou d'apprendre à le faire, de s'observer - ou d'apprendre à le faire, de s'orienter vers le cru progressivement, plutôt que tout d'un coup si c'est un objectif qui nous motive.


Principaux dangers ou écueils du crudivorisme

- Quand la transition est brutale
De la même façon qu'un NA peut avoir des difficultés d'organisation qu'il résout grâce à des routines et des rituels dont il a donc besoin pour réussir à faire certaines choses, le corps a ses habitudes, ainsi que le microbiote. Lorsqu'on change nos habitudes alimentaires brusquement, cela peut désorganiser le corps et le microbiote. Si l'on passe du jour au lendemain d'une alimentation "normalo-moderne" à une alimentation crue végétalienne, cela peut mener à des problèmes digestifs, à des phénomènes de "détox" plus ou moins violents, etc... Ca ne signifie pas que le cru est mauvais pour nous, ça peut signifier - entre autre, que la transition est trop violente.

- Quand l'alimentation est insuffisante en terme de calories et/ou de certains nutriments
L'alimentation "normalo-moderne" est très condensée en calories. Pour manger la même quantité de calories en cru qu'en cuit, il faut manger des volumes de nourriture bien plus conséquents. L'estomac n'en est pas forcément capable, du moins pas du jour au lendemain. Si on mange une grosse salade composées, on aura la sensation d'avoir le ventre rempli, on sera arrivé à satiété alors qu'en terme de calories, ce sera franchement insuffisant.
Si on a peu de connaissances en matière de nutrition, on peut aussi croire que manger cru, c'est juste manger des pommes et de la salade sans sauce, auquel cas on va vite manquer de calories et de nutriments essentiels, comme des lipides et des protéines!
Il peut aussi y avoir un problème d'apport en vitamine B12. C'est tout un débat dans la communauté crudi: supplémenter, ne pas supplémenter, certaines bactéries pourraient produire cette B12 mais pas quand on est en "dysbiose", et cette vitamine produite par les bactéries de nos intestins est-elle bien absorbée, ou pas... Le mieux étant de ne pas jouer avec le feu et de se supplémenter, surtout si des analyses montrent un taux limite ou trop bas (la meilleure B12 semble être la méthylcobalamine en comprimés sublinguaux).
La vitamine D peut aussi être un soucis, comme chez toute personne vivant sous les latitudes nord-européenne (ensoleillement insuffisant en UVB d'octobre à avril pour pouvoir produire de la vitamine D). En cas de taux trop bas, il existe une vitamine D3 d'origine végétale (lichen).

- Quand il y a une grosse fatigue surrénalienne
La fatigue surrénalienne est assez méconnue alors que les NA peuvent en souffrir très tôt, même dès l'enfance ou l'adolescence. Grosso modo, les surrénales sont, entre autre, les glandes endocrines gestionnaires du stress. Les NA vivent en général constamment stressés dès leur plus jeune âge d'où un épuisement précoce des surrénales avec entre autre des problèmes de fatigue chronique, burn out, dépression, ralentissement du péristaltisme, troubles circulatoires, problème de tension artérielle, etc... Avec un retentissement possible jusqu'au capacités de digestion et d'assimilation qui vont être diminuées, des besoins nutritionnels augmentés, un équilibre sodium-potassium difficile à maintenir... Le 100% cru sans sel ne sera pas alors forcément l'idéal, en tout cas très difficile à "tenir" sur le long terme.
Des glandes surrénales épuisées peuvent se rétablir avec un mode de vie plus adapté, beaucoup de repos, une alimentation de qualité, mais cela prend du temps (des mois, voir des années). En général, une forte attirance pour les aliments très salés fait un bon indicateur de l'état des surrénales. Plus leur état s'améliore, plus l’appétence pour le sel diminue.

- Quand on vise le "80/10/10"
Le "80/10/10" consiste à répartir les apports caloriques de cette façon: 80% de glucides, 10% de lipides, 10% de protides.
Selon certaines sources, ces proportions de nutriments seraient les proportions idéales pour l'être humain. Si c'est le cas, selon moi, il s'agit alors des proportions idéales pour un être humain en parfaite santé, dont l'hygiène de vie est idéale, le lieu de vie idéal, le travail idéal, la famille idéale... Je pense qu'on est peu nombreux dans notre société à vivre et à incarner tous ces idéaux. Personnellement j'ai donc tendance à me méfier de ce fameux 80/10/10. Certains neurologues hurlent même probablement à l'hérésie en entendant parler de ce concept, comme le Dr David Perlmutter, neurologue américain (auteur de "Grain Brain" et "Brain Maker") qui prône une alimentation riche en graisses de bonne qualité pour améliorer et entretenir la santé du système nerveux, pour réduire les risques de développer - voir même réduire les symptômes, des maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer et Parkinson.

- Quand on a tendance à avoir l'esprit "coupé" du corps
Quand on a tendance à avoir des hypoesthésies, des troubles de la perception sensorielle et de la cohérence centrale - comme cela peut être le cas de beaucoup de NA, ou qu'on a tendance à considérer le corps comme une machine qu'il nous revient de contrôler.
Le corps, pour moi, est d'avantage à être pris en considération et "soigné" comme s'il s'agissait d'un petit animal de compagnie. On ne fout pas des baffes continuellement à son chien à moins de vouloir le transformer en bête féroce. On en prend soin pour que la vie avec lui soit pleine de joie et d'affection. Ce devrait être pareil avec notre corps.
Lorsqu'on passe au cru, le corps est susceptible d'émettre des signaux inhabituels qu'il pourra être difficile d'interpréter ou même éventuellement de percevoir, surtout pour un NA.
Ces signaux peuvent être des indicateurs qu'on est en train de faire quelque chose qui ne nous conviennent pas... D'où l'importance de prendre en considération le corps et ses manifestations, non comme une machine mais bien comme un... être vivant!! Un être vivant dont notre "esprit" et notre système nerveux font bel et bien partie!

- Quand on est très volontaire, très perfectionniste...
... très rigoureux, très "carré", très discipliné, très idéaliste... là aussi comme beaucoup de NA peuvent l'être.
J'ai choisis des termes volontairement positifs et valorisants, parce qu'à la base, cette rigueur, ce volontarisme..., ce sont des qualités pour moi, mais si ces qualités sont poussées à l'extrême et non tempérées par une écoute de soi, de son corps, de ses sensations, de ses émotions, etc..., alors on risque de rester obstinément sur l'objectif qu'on s'est fixé, et si cet objectif est "le cru à 100% tout de suite à tout prix", on risque - lancés à pleine vitesse sur nos rails, de se prendre des murs.
En particulier le mur de la malnutrition ou de la détox.

- Quand on entre en détox et que la détox part en cacahuète
Le passage à une alimentation majoritairement crue induit plus ou moins rapidement un phénomène de détox plus ou moins important (comme une simple cure de raisin peut le faire aussi): pendant les premiers mois, on va beaucoup éliminer/détoxiner, le soucis c'est que nos émonctoires - les portes d'évacuation des toxines (intestins, reins, poumons, peau, foie), sont rarement dans une forme olympique et que cette détox va les faire travailler intensément.
C'est un sujet qui peut particulièrement concerner les autistes: certains ont des problèmes d'ordre génétique au niveau de toute la chaîne de production d'énergie et de détoxination (mithocondries, méthylation...). Leur cellules peuvent en somme être comme des chaudières mal réglées qui brûlent mal leur combustible, produisent trop de fumée et s'encrassent trop vite. Les autistes peuvent ainsi avoir une sensibilité accrue au stress oxydatif, c'est à dire une tendance à "rouiller" ou à se congestionner, à s'intoxiner plus vite que la moyenne. Ils peuvent donc avoir d'avantage de "ménage" à faire que la moyenne.
En période de détox induite par une réforme alimentaire radicale, les émonctoires peuvent plus ou moins rapidement fatiguer, se retrouver surchargés et il y a alors risque non seulement de les fragiliser mais, en plus, si la charge de toxines déborde leurs capacités d'évacuation, de s'auto-intoxiner et de se déminéraliser, puisque les toxines sont acides et que pour les "tamponner", le corps va puiser dans les minéraux apporté par les aliments, et si ces minéraux ne suffisent pas, il va puiser dans ses propres réserves: dans ses os, ses tissus.


Principaux intérêts du cru


- Reminéralisant, anti-oxydant et anti-inflammatoire
L'intérêt majeur du crudivorisme ou d'une alimentation à tendance crudivore, lorsqu'ils sont bien menés, est qu'ils permettent de prendre soin de notre équilibre acido-basique.
Les NA sont plus sensibles au stress que la moyenne, plus "stressables" que la moyenne et le stress est acidifant, c'est à dire déminéralisant et oxydant. En effet, quand on stress, on brûle d'avantage de minéraux, de vitamines, d'antioxydants. Si en plus d'être particulièrement sujet au stress, on a une alimentation très acidifiante/déminéralisante, riche en céréales, laitages, viandes, aliments industriels raffinés..., notre résistance au stress sera amoindrie et sur le long terme, toutes les formes de stress nous impacteront de plus en plus, que ce soit les stress sensoriels, relationnels, professionnels, etc...
Une alimentation majoritairement végétale, avec des apports modérés en céréales et légumineuses (en la matière, il semble préférable de favoriser les "pseudo-céréales": quinoa, sarrasin, amarante et les aliments à base de soja lactofermenté), a cet avantage d'être essentiellement alcalinisante, c'est à dire anti-oxydante et reminéralisante: elle contre les effets du stress, elle permet au système nerveux de trouver un meilleur équilibre, elle est calmante, apaisante. Avec une alimentation principalement alcalinisante, on monte moins vite et moins haut "dans les tours" et on en redescend plus facilement. On est moins enclins aux "crises de nerfs", crise de violence, auto-mutilation, phobies, angoisses, crise de mutisme, etc... Avec un système nerveux généreusement nourri en minéraux et bons lipides, les hyperesthésies peuvent diminuer, les facultés d'adaptations et d'apprentissage s'améliorer, les troubles obsessionnels compulsifs se réduire, etc... Au lieu d'aller vers une plus grande rigidité, on devient plus souple, tant au niveau cognitif qu'au niveau articulaire, par exemple.
On notera aussi que toute alimentation alcalinisante est également anti-inflammatoire et que de plus en plus d'études pointent vers un lien entre inflammation du système nerveux et autisme ou encore dépression...
Mais le crudivorisme ou alimentation à tendance crudi n'auront cet effet alcalinisant que s'ils sont bien menés: si la transition est progressive, les apports en calories et nutriments suffisants, si les émonctoires sont au besoin soutenus par des plantes médicinales, etc... Sans cela, cela risquera de n'être qu'une source de stress supplémentaire!

- Le cru c'est garanti sans glu!
Du moins sans gluten (la caséine du lait pouvant être considérée comme une autre "glu"/colle majeure, puisque comme le gluten, on peut en faire de la colle à papier peint, par exemple).
J'ai déjà abordé la question du gluten sur ce blog, je ne ferai donc que citer un de mes documents favoris qui traite des comorbidités de l'autisme, document qui insiste sur le lien entre sensibilité au gluten non-coeliaque et symptômes neurologiques:
"... plusieurs types de dysfonctions neurologiques sont des manifestations bien connues de la sensibilité au gluten chez les humains, et (...) celles-ci peuvent avoir lieu même en l’absence de symptômes intestinaux. Les professionnels de la santé devraient prendre connaissance de la possibilité d’une intolérance non cœliaque chez certains patients atteints de TSA, surtout ceux souffrant de maladies atopiques, de migraines et de troubles d’anxiété ou d’humeur. On conseille aux cliniciens de se familiariser avec les présentations neurologiques communes de l’intolérance au gluten, comme l’épilepsie, l’ataxie, la neuropathie, les migraines, les sautes d’humeur et l’anxiété, ainsi qu’avec le moyen de diagnostiquer cette maladie (Hadjivassiliou, 2014; Peters et coll., 2014)."
Autism Canada

- Détoxifiant
Si d'un côté l'alimentation crue ou à tendance crudi, lorsqu'elle est mal menée, peut parfois provoquer des phénomènes de détox plus ou moins violents, voir délétères, d'un autre côté elle permet bien sûr, lorsqu'elle est bien menée, de se libérer progressivement de nos stocks de toxines à un rythme naturel et de limiter l'ingestion d'aliments générateurs de toxines supplémentaires, ce qui n'est pas négligeable pour un organisme dont les cellules sont parfois comparables à des "chaudières mal réglées", comme mentionné plus haut.
Les parents d'enfants autistes engagés dans l'approche biomédicale se demandent parfois quels sont les meilleurs protocoles de détox ou de chélation pour leur enfant. Certains de ces protocoles allopathiques peuvent être violents, eux aussi, voir dangereux, alors qu'une alimentation plus ou moins basée sur le cru végétalien, avec transition douce sur le long terme peut déjà faire beaucoup en matière de détox, en soutenant - voir peut-être en restaurant, certaines fonctions d'élimination du corps.


Le cru, pour aller beaucoup plus loin...

Quand on s'oriente vers le cru, on l'a vu, il est indispensable de savoir s'observer, de se connaitre, ou d'apprendre à se connaitre, d'être dans le perceptif bien plus que dans la théorie, de façon à pouvoir modifier ses choix alimentaires dès qu'on sent qu'ils ne nous conviennent pas, qu'on est allé trop vite ou qu'on a trop négligé la consommation de certains nutriments essentiels, qu'on consomme trop de ceci ou pas assez de cela par rapport à nos capacités digestives ou à nos besoins du moment.
Une réforme alimentaire aussi profonde peut provoquer des chamboulements important tant au niveau physiologique qu'au niveau psycho-émotionnel. Entamer un processus de détox demande beaucoup d'énergie au corps et s'il nous est impossible de réduire notre activité et notre charge de stress par ailleurs (travail, études, famille...), on risque tout bonnement de s'épuiser... Si on ne l'est pas déjà. Cette nécessité de remettre en question notre mode de vie peut avoir des conséquences auxquelles on n'aurait jamais pensé au départ...
Plus on va vers le cru, plus on est obligé d'être dans le perceptif, de plus en plus à l'écoute de nos besoins physiologique parce que le cru est tout simplement incompatible avec le mode de vie normalo-moderne: continuer à sortir boire avec les potes 2-3 fois par semaine ou à travailler du matin au soir 6 ou 7 jours sur 7, c'est impossible avec le cru et on va vite s'en apercevoir et on en conclura que "le cru, c'est pas pour moi", ou "le cru, ça ne marche pas"! Alors que ce sont ces modes de vie qui sont incompatibles avec le plein épanouissement de l'être humain, avec nos besoins physiologiques et plus on va vers le cru, plus on devient sensible à ce qui entrave cet épanouissement: plus on devient sensible à un lieu de vie inadapté, à un travail inadapté, à des relations inadaptées, à des rythmes de vie inadaptés, à une alimentation non-physiologique, etc...
Si on pense qu'on va pouvoir améliorer notre santé grâce au cru, ou avec le végétalisme à tendance crudivore, sans avoir à changer quoi que ce soit d'autre, on se met le doigt dans l’œil, parce qu'il n'y a pas que l'alimentation qui impacte notre santé.
Cela peut sembler comme un facteur limitant (ne plus pouvoir "encaisser" un rythme de vie survolté, les overdoses d'alcool, de bruit...) mais le bon côté de la chose c'est que le cru tend à nous ramener dans notre axe, à nous recentrer, tend à nous emmener vers le plein épanouissement, vers la réalisation de soi, il nous donne un horizon. Il éveille et affine notre sensibilité, notre perceptivité, nos sensations, tout en les apaisant, il aiguise la perception que nous avons de qui nous sommes, de ce dont nous avons besoin et de ce dont nous rêvons, ce dont nous avons profondément envie, de ce pour quoi nous sommes faits.
C'est un des effets inattendus du cru qui peut se révéler particulièrement intéressant et utile pour des NA qui sont souvent repoussés en marge de la société, qui passent leur vie à entendre parler de leurs dysfonctionnements plutôt que de leur talents et de leurs potentiels.
Le cru, sur le long terme, selon mon expérience personnelle, permet de réduire les dysfonctionnements - ceux des NA et non-NA, et stimule le développement des talents et de la joie de vire.




mercredi 18 février 2015

Faire "mumuse" avec les antifongiques

Je présente ici un article (un peu long) basé sur une expérience personnelle.

Sommaire:
- Introduction
- Microbiote, candidose et autisme, généralités
- Expérience personnelle, protocole naturel
- Effets secondaires
- Débriefing et inconvénients du protocole
- Pour aller plus loin, la pensée non-pasteurienne
- Protocole détaillé


Introduction


Parce que c'est une chose que de conseiller "ceci cela" (ou de "prescrire", dans le cas des médecins), c'en est une autre d'expérimenter soi-même "ceci cela"...
A lire certains témoignages, j'ai parfois l'impression que certains médecins prescrivent des antifongiques comme ils prescriraient de l'aspirine... Est-ce qu'ils les ont déjà essayé, leurs antifongiques?!!!
Et vous, vous avez déjà essayé?!
Quand on souffre de candidose, on peut être amené à penser qu'il suffit de prendre des "médicaments" pendant quelques temps pour tout solutionner. Facile, pratique, efficace, miracle de la modernité... Le problème, c'est que cette façon de faire, dans le cas d'une candidose, peut être franchement périlleuse et que traiter une candidose, c'est un peu plus compliqué que de prendre quelques petites pilules...

Microbiote, candidose et autisme , généralités

De plus en plus de chercheurs s'intéressent au rôle de notre microbiote, c'est à dire l'ensemble des micro-organismes avec lequel le corps humain vit, plus ou moins en symbiose, au niveau des intestins, de la peau, des muqueuses... Ce microbiote, au niveau intestinal, a une influence attestée sur l'assimilation et la synthèse des nutriments, sur le système immunitaire, l'humeur et le comportement, le développement neurologique... C'est le sujet d'un dossier dans le magazine "Pour la science" de janvier 2015.
Et d'autres études pointent vers le fait que de nombreux autistes semblent souffrir de dysbiose, c'est à dire d'un déséquilibre de ce microbiote, avec prédominance des bactéries pathogènes et candidose chronique/systémique.

Dans le milieu de l'autisme - plus précisément dans le milieu des personnes qui s'intéressent à la santé des autistes, il est donc souvent question de candidose et de traitement antifongique: lequel de ces traitement est "vraiment" efficace, et combien de temps sont sensés durer les effets secondaires de type régression et aggravation des troubles du comportement pendant le traitement...
Une personne atteinte de candidose peut en effet réagir assez violemment à un traitement antifongique: on parle de réaction d'Herxheimer.
Il s'agit plus exactement de la réaction de Jarich-Herxheimer, qui est le nom du premier médecin à avoir constaté/décrit ce type de réaction d'aggravation temporaire des symptômes chez les patients atteints de syphilis et traités à la pénicilline.
Dans le cadre d'un traitement antifongique, il est ainsi possible de voir surgir ou s'aggraver des troubles de l'humeur, des éruptions cutanées, des problèmes de digestion, de la fatigue... et j'ai même entendu parler de pensées suicidaires et de passage à l'acte...

Ce phénomène semble s'expliquer par le fait que le traitement provoque un "génocide" massif de candida albicans: le corps se retrouve envahi de cadavre de candida albicans qui, en se décomposant, relarguent des doses massives de toxines que le corps peut échouer à évacuer au fur et à mesure. Les fonctions d'élimination se retrouvent débordées, les toxines (dont des neurotoxines) se retrouvent en circulation dans le corps qui fatigue sous la charge de travail et s'auto-intoxique.
Il est TOUJOURS recommandé de prendre au moins du desmodium (une plante grande amie du foie) pendant un traitement de ce genre, de façon à soutenir et protéger le foie (et donc soutenir l'élimination).
Hors, il semblerait que de nombreux médecins généralistes oublient ou négligent ou ignorent cette précaution de base et qu'en prescrivant un traitement antifongique allopathique, ils ne prescrivent rien d'autre. D'ailleurs dans le domaine de l’allopathie, je doute qu'il existe une quelconque molécule brevetée qui permettent de soutenir et protéger le foie...


Expérience personnelle, protocole naturel

Je sais tout cela, et pourtant... Connaissance n'est pas sagesse! Lorsque j'ai eu envie, moi aussi, de tester des plantes antifongiques en novembre dernier, j'ai complètement négligé de prendre ne serait-ce que du desmodium en même temps. Je prévoyais d'alterner des cures antifongique de 3 semaines avec des cures de "repos" mais emportée par mon enthousiasme, mon volontarisme, ma soif d'expérimentation... et ayant du mal à distinguer les effets secondaires de mes petits soucis de santé récurrents/habituels... Je fis durer l'expérience un peu plus de 7 semaines d'affilées.
Cela eut l'avantage d'être extrêmement instructif.

Il est possible d'attester d'une candidose en faisant certains examens médicaux (qui ne sont pas infaillibles) et/ou par la "clinique", c'est à dire par l'observation pure et simple des petits ou grands soucis de santé dont nous souffrons de façon plus ou moins chronique (pour une liste détaillée, voir ici ou ici). Les signes les plus communs de la candidose sont les allergies, la fatigue et les troubles de l'humeur (dépression, anxiété...). S'y ajoutent d'autres symptômes très variés qui vont des problèmes digestifs aux mycoses en tous genres.
En ce qui me concerne, je sais que je suis probablement touchée par la candidose car certains symptômes pointent bien dans cette direction: pellicules grasses (c'était la minute glamour...), acné, rhinite vasomotrice, fatigue récurrente, fatigabilité au dessus de la moyenne, problème de sommeil, démangeaisons au niveau des yeux, du nez, de l'arrière-nez, déséquilibre de la flore vaginale (présence de candida albicans attestés récemment par analyses).

Durant 7 semaines, je suivis un petit protocole de mon invention à base de phytothérapie et d'aromathérapie, c'est à dire de plantes antifongiques en gélules et en huile essentielle:
En gélules, au quotidien: lapacho (aussi appelé pau d'arco), clou de girofle ou cannelle (écorce).
En huile essentielle, 2 jours par semaine: thym à linalol (PAS à thymol! le thym à linalol est plus doux que le thym à thymol qui, lui, ne devrait être réservé qu'à des usages très ponctuels, en cas d'infection sévère).
Je décris le protocole plus en détail en fin d'article.

Curieusement, j'ai beau, en général, prêcher l'efficacité des plantes, je crois que j'étais persuadée que ça ne "marcherait" pas. Autrement dit, j'étais sceptique, ce qui est plutôt une bonne base lorsqu'on veut expérimenter quelque chose de nouveau sans trop de parti pris...  J'avais souvent entendu parler des traitement antifongiques allopathiques et plus rarement des traitements à base de plantes, je me disais que "oh, les plantes, c'est beaucoup plus doux!" et aux doses pour lesquelles j'avais opté, je me disais que j'avais peu de risques d'obtenir des effets violents... Et puis le coût des plantes antifongiques ne m'avait pas donné envie d'en rajouter avec d'autres plantes pour le foie toutes aussi chères...
Ou bien un petit sentiment de, hum, supériorité m'incitait insidieusement à penser que "Bon ok, je me doute que je dois avoir du candida albicans qui traine par ci par là, m'enfin ça ne doit pas être trop trop grave, je suis sans gluten depuis 4 ans, Môi, végétalienne depuis 2 ans, Môi, donc bon... ça va bien se passer, forcément!"...
Ou bien c'est mon petit côté punk qui me susurrait "Pfff! Même pas peur!!!"?!!
Eh bien mon petit côté punk, il a été servi!

Et puis il est facile de trouver des listes de plantes antifongiques, il est plus difficile de trouver des protocoles de phytothérapie antifongique détaillés "prêt à l'emploi". Il faut donc bien "expérimenter" par soi-même pour trouver ce qui va être efficace pour soi, d'autant plus que ce qui est efficace pour l'un ne le sera pas forcément pour l'autre, ou bien le sera beaucoup "trop".., Et mon petit côté punk (qui s'illustre aussi régulièrement à coups de "d'abord on fonce et après on avise") m'inspire volontiers à faire des expériences digne de ce nom, pas qu'à moitié, quitte à ce que ça secoue quelque peu...
Et puis il sera toujours impossible de faire en parfaite sécurité des études en double-aveugle avec soi-même...

Effets secondaires

- Quelques semaines après le début du traitement, je commençais par voir apparaître une poussée d'acné au niveau du front. Je suis tellement habituée aux va et vient de mon acné depuis que j'ai 13 ans, que sur le coup, je ne fis pas le lien avec le traitement en cours.
- Au bout de quelques semaines, je dû aussi constater que mon état de fatigue, qui semblait s'être amélioré fin octobre/début novembre, semblait à nouveau s'accentuer... A nouveau je ne fis pas tout de suite le lien avec le traitement en cours...
- Au bout de quelques semaines, je me sentis systématiquement tant fatiguée que j'en vins à la curieuse idée que "ce corps est si fatigué, il est possible qu'il soit fatigué de vivre et si ça se trouve, mon heure pourrait être venue...". Là, j'étais bel et bien apte à constater qu'il s'agissait d'une pensée particulièrement morbide, alors que depuis l'arrêt du gluten, les pensées morbides ne font plus du tout parti de mon quotidien... Mais je ne fis toujours pas le lien avec le traitement en cours...
- Au bout de la 7ème semaine, mon sommeil montrait des signes de dégradation, je commençais donc à prendre du desmodium, enfin!... Puisque j'ai appris avec l'expérience qu'un sommeil qui se dégrade, chez moi, ça veut souvent dire que le foie est à la peine... Mais je ne fis toujours pas le lien avec le traitement en cours, car 1° je suis loin d'avoir une alimentation 100% "hypotoxique"/physiologique, 2° mon foie a pas mal morflé pendant mes années d'hyperphagie et il a maintenant tendance à avoir besoin d'un soutien régulier...
- Puis, je commençai à avoir de nettes difficultés de digestion: au début de la 8ème semaine de traitement, mon estomac fut incapable de digérer mon tartare d'algues préféré pris au déjeuner (tartare de la marque Bord à Bord: des algues marinées), tant que je dû le vomir dans la nuit pour en être soulagée, et le lendemain, ce fut du brocoli cru qui 8h après avoir été ingéré stagnait toujours dans l'estomac et que je fis passer, lui, avec un peu de Chartreuse verte (environ deux cuillères à soupe/5cl, pas toute la bouteille! La chartreuse n'est ni plus ni moins qu'une "alcoolature" de plantes digestives: un "remède de grand-mère" dont je découvris l'efficacité ce jour-là!).

Ce fut ces problèmes digestifs au niveau gastrique, difficultés auxquelles je ne suis pas du tout habituée, qui me mirent la puce à l'oreille, enfin! Et c'est là que je décidais d'arrêter les antifongiques pour me consacrer à ma cure de desmodium en gélules, et j’entamai aussi une cure de plantes pour les reins (extraits de bouleau, reine des prés et piloselle, en ampoules buvables).
Il fallut une semaine pour que la fatigue commence à s'atténuer, pour que ma digestion revienne à la normale, et près d'un mois pour que mon énergie commence à retrouver un bon niveau, que mon humeur s'éclaircisse franchement. L'acné, par contre, n'en a pas encore tout à fait finit de "pousser", toujours surtout au niveau du front, semble-t-il centrée sur les sinus frontaux... Les voies respiratoires peuvent être des zones particulièrement touchées par les affections fongiques, que ce soit la bouche ou les sinus...


Débriefing et inconvénients du protocole

- On ne peut pas savoir laquelle de ces plantes antifongique a été la plus efficace ou s'il s'agit de l'alternance des plantes ou de leur synergie qui a eu un impact...
Ceci dit, en phytothérapie, on reconnait en général que les synergies sont plus efficaces que les plantes seules et que le corps réagit d'avantage à des prises de plantes en alternance qu'à des cures d'une plante seule (auxquelles il a tendance à s'accoutumer).
- La prise de plantes en soutien des émonctoires (mélanges "lymphe", "balai intestinal", gélules de desmodium, huile essentielle de citron) aurait dû être suivie tout au long du traitement.
- Il aurait probablement été plus tolérable pour le corps, 1° de faire des pauses entre chaque cycle de 3 semaines et 2° d'éviter de "monter en dose".
- Malgré les "effets secondaires" qui attestent que les plantes ont bien eu un effet, je ne note pas d'effet "primaire", si je puis dire, (c'est ballot!) c'est à dire d'amélioration au niveau de l'état du cuir chevelu par exemple, ni au niveau des démangeaisons au niveau des yeux ou de l'arrière nez...
- En l'état actuel de mes connaissances, je ne recommanderais pas un traitement antifongique à une personne un temps soit peu dépressive!!!! Quand bien même le traitement serait accompagné de plantes pour le foie... Je pense par exemple aux adolescent, souvent en prise avec des humeurs dépressives plus ou moins sévères... Alors que, certes, la dépression peut justement être un signe majeur de candidose, cependant je recommanderais avant tout de profondes réformes de l'alimentation (sans gluten, sans laitages...), du rythme de vie (chasse au stress), la prise de probiotiques (pour amener de "bonne bactéries", premières régulatrices de la flore pathogène) afin d'assainir le terrain au maximum et de stabiliser/améliorer l'humeur sur le long - voir le très long terme, avant de suggérer un quelconque traitement antifongique "frontal".
- La sensation de fatigue ressentie pourrait être en partie due aux propriétés anticoagulantes du lapacho et de la cannelle (via leur coumarine). Je suis en effet une hypotendue chronique et prendre des anticoagulants/fluidifiants sanguin peut induire une baisse de tension (avec sensation de fatigue, manque de tonus), ce qui peut être problématique pour une personne déjà hypotendue à la base, c'est d'ailleurs pour cette raison que je me méfie d'un autre antifongique très réputé: l'ail!

Pour aller plus loin, la pensée non-pasteurienne

Penser que la candidose est une maladie qu'on "attrape" et qu'il est possible de la traiter avec des médicaments (naturels ou allopathiques) est le résultat de la pensée pasteurienne, un peu comme l'idée que l'autisme est une "maladie mentale" est le résultat de la pensée psychanalytique.
Il existe une pensée non-pasteurienne de la santé, de la même façon qu'il existe une façon d'aborder l'autisme en dehors de toute pensée psychanalytique.
Comme mentionné en début d'article, les microbiologistes ont déjà commencé à démontrer que l'être humain est un écosystème constitué d'une population de cellules humaines et d'une population de micro-organismes extrêmement variée, dont fait partie le candida albicans. L'humain et le "bactérien" vivent ensemble, mains dans la mains. Ils ont tous les deux besoin l'un de l'autre pour prospérer.
Hors de la pensée pasteurienne, si une candidose se déclenche, ce n'est pas la "faute" du "méchant" microbe, c'est que le "terrain" - c'est à dire le corps, est déséquilibré et que le microbe peut alors y prospérer hors des proportions "normales".
Enlever le microbe à coup d'antifongique ne fait alors que révéler l'état réel dans lequel se trouve le terrain, un peu comme lorsqu'on enlève les moisissures à la surface d'un fruit: on peut alors constater à quel point il est abîmé "par en dessous". Ainsi, on pourra se débarrasser de certaines des manifestations du candida, comme une candidose vaginale ou une onycomycose... mais cela ne changera rien aux conditions qui sont à l'origine de son apparition et de son développement.
Prendre des antifongiques lorsqu'on est atteint d'une candidose carabinée va nous montrer à quel point on irait mal (ou encore plus mal) sans certains micro-organismes qui, s'ils sont responsables de certains symptômes, sont loin d'être la cause de notre problème majeur. Sans eux, ce serait juste pire. On ne serait peut-être même plus là pour en parler. Ils ne sont pas la cause du problème, ils n'en sont qu'une conséquence.
Pour aller encore plus loin, on peut considérer que le microbe est là pour tenter de rééquilibrer le terrain, pour le ramener aussi près que possible des meilleurs conditions de vie possible.
Et dans cette vision des choses, il devient alors "logique" que je me sente globalement mieux avec mes candidas plutôt que sans eux: en vrai, sous la moisissure - si je puis dire, mon "terrain" est tout pourri, malmené et affaibli par des années d'alimentation inappropriée (en particulier laitages et céréales à gluten à haute dose depuis la petite-enfance jusqu'à passé 30 ans) et un mode de vie tout aussi inadapté (trop de stress multiples: pollution, bruit, modes d’apprentissage scolaires inadaptés à mes besoins et difficultés, efforts d'adaptation +++++, etc...).

"Dans la communauté scientifique, Béchamp et d’autres s’opposaient à la théorie des germes et plaidaient en faveur de la théorie du pléomorphisme en disant :
- Le terrain acide, et non pas les germes, provoque la maladie.
- Les germes sont déjà dans le corps par milliards et ne doivent pas nécessairement venir de l’extérieur (même si cela peut parfois arriver)
- Le sang n’est pas stérile ; il peut contenir plusieurs formes microbiennes.
- Les germes sont pléomorphes, c’est à dire, sont capables de passer par de nombreuses formes (le DrGaston Naessens a identifié un microbe subissant 16 étapes évolutives différentes)
- Pratiquement toutes les maladies sont dues à l’acidité du terrain."

Amessi

Alors en ce qui me concerne, à l'avenir, plutôt que de tenter de reprendre le problème de front avec des antifongiques, je viserai d'avantage la modification du "terrain" (son "assainissement" et renforcement), avec une alimentation aussi "anti-acide"/alcalinisante que possible, aussi riche que possible en prébiotiques et en antioxydants et en prenant aussi des probiotiques, en particulier en expérimentant avec des "EM": Efficient Microorganisms... To be continued!


Autres liens:
Candida Albican, blog
Nature Bio Santé


Protocole détaillé 

A partir du 8 novembre, pendant environ 10-12 jours:
Mélange "balai intestinal" et "lymphe" (ABC de la Nature).

A partir du 9 novembre, tous les dimanche et lundi matin (jusqu'au 28-29 décembre):
2 gouttes d'huile essentielle de thym à linalol (anti-fongique), avec 2 gouttes d'huile essentielles de citron et gingembre (pour soutenir foie et transit, huiles essentielles de chez ABC de la Nature).

A partir du 10 novembre, cycle de 3 semaines (plantes de chez ABC de la Nature):
1ère semaine: 3 gélules de clou de girofle par jour (dosé à 300mg/gélule)
2ème semaine: 3 gélules de lapacho par jour (dosé à 250mg/gélule)
3ème semaine: 3 gélules de cannelle écorce par jour (dosé à 250mg/gélule)

A partir du 7 décembre, 2nd cycle de 3 semaines, cycle identique au premier mais avec 4 gélules de plante par jour au lieu de 3 gélules.

A partir du 22 décembre: 3ème cycle avec 5 gélules de plantes par jour, cycle interrompu en cours de route, le 30 décembre...

Et en sachant qu'il m'arrivait d'oublier de prendre les plantes certains jours... Tête en l'air...

A partir du 22 décembre: desmodium en gélules (6/jour), cure de 10 jours environ.

Le 30 décembre:  arrêt des antifongiques et début de la cure bouleau-piloselle-reine des prés (en ampoule buvable, de chez Dietaroma, en magasin bio).


vendredi 6 février 2015

Les lavements

Exceptionnellement, je ne traiterai pas ici particulièrement d'autisme, quoi que les autistes semblent avoir plus de problèmes de transit que la moyenne. Cet article peut intéresser autant les autistes que les non-autistes, et particulièrement ceux qui souhaiteraient expérimenter les lavements du côlon mais appréhendent et ne savent pas trop par où commencer ainsi que ceux qui ont commencé à en faire mais "galèrent" pour trouver la bonne technique, pour garder l'eau un minimum, etc...

Au départ je voulais juste me faire un petit "script" vite fait pour une vidéo "mode d'emploi" consacrée aux lavements et je me suis retrouvée à rajouter des détails, des détails... Et finalement j'en ai fait tout un roman....
Il y a 3 mois, quand j'ai commencé à expérimenter avec cette technique des lavements, j'avoue que je me suis sentie un peu perdue face à mon "boc", et puis un peu stressée, faut bien le dire, et maintenant que je maîtrise un peu le sujet, je vois - via certains groupes de discussion sur facebook, que d'autres galèrent aussi... Il existe des articles sur le sujet, des articles que j'avais lu, et qui pourtant ont échoué à me donner tous les détails nécessaire pour me faciliter les choses... Alors voilà, un article de plus sur le sujet!

Je souhaite surtout parler du "comment", mais vu ce qui se dit sur le sujet, ça me semble intéressant d'aborder un minimum le "pourquoi" aussi...

Un lavement, qu'est-ce que c'est?

D'abord, le lavement c'est un soin, au même titre que les suppositoires, un soin qui peut être pratiqué par des infirmiers, par exemple à l’hôpital en cas de fécalome ou par le commun des mortels en cas de constipation ou pour la prévenir.
Le lavement peut paraître "bizarre" de nos jours, voir suspect. C'est un soin dont l'usage s'est perdu mais à une époque, il était commun de trouver des bocs ou poires à lavement dans les maisons: une de mes proches a connu les lavements dans son enfance, dans les années 1940-50: sa mère lui en faisait quand elle était constipée. "Quand j'étais constipée, on s'occupait de moi!", m'a-t-elle raconté et les lavements faisait partie des soins qu'on lui prodiguait.
J'insiste sur le mot "soin" volontairement. Si une personne qui ne connait pas le sujet et qui tombe sur cet article ne pouvait en retenir qu'un mot, ce serait celui-là: "soin", ce serait déjà top!
Dans les années 1940-50 la psychanalyse n'avait pas encore pollué les esprits et personne ne songeait à faire des interprétations "tordues" de cette technique. Si on fait un gros blocage psychologique au niveau de notre "trou de balle", il vaudra mieux éviter de se forcer à passer outre, ok, mais on évitera aussi de juger à tord et à travers ceux qui sont plus à l'aise que nous avec leur anatomie.
En cas de constipation, les laxatifs allopathiques (comme les laxatifs "naturels", d'ailleurs) peuvent être considérés comme très pratiques et comme un progrès de la science et de la modernité, mais quand on en fait un usage répété sur le long terme, paradoxalement, ils peuvent avoir pour effet secondaire la constipation... C'est ballot et pas du tout le cas avec les lavements.
En matière de santé intestinale, la prévention reste le maître mot, bien sûr, et le lavement n'a pas à être considéré comme une panacée. C'est un des moyens de soulager une constipation persistante, par exemple, mais tout comme dans la constipation passagère, il n'est qu'une solution parmi d'autres.
Il peut aussi être considéré comme une forme de yoga des intestins. Le yoga permet d'entretenir la santé et la souplesse des articulations. On a beau prendre parfois des postures cocasses quand on fait du yoga, ce n'est pas "tordu" ni "suspect" pour autant, c'est une technique qui permet d'entretenir, voir d'améliorer la santé.

Rappels de santé de base: 

Un "bon" transit consiste dans l'idéal à avoir autant de selles par jour que de repas. Cela repose principalement sur:
- Une "bonne" alimentation, riche en fruits, légumes et légumes-racines. Une alimentation basée sur les céréales et les laitages aura tendance à être constipante. Les fibres des céréales ont la réputation d'aider le transit (elles ont un effet "ballaste") mais elles sont aussi irritantes, façon éponge scotch-brit, donc mieux vaut leur préférer du psyllium si on cherche à réguler son transit (on peut en faire le même usage en cuisine que le son d'avoine).
- Une bonne hydratation: s'hydrater consiste à boire de l'eau de qualité, des tisanes ou des jus de fruits et légumes fraîchement pressés, pas du café ou du thé qui sont des diurétiques, pas des sodas ni de la bière non plus!
- Une activité physique régulière, de préférence quotidienne: ne serait-ce que de la marche, du ménage...! Bouger!
Mais quand la constipation s'installe et devient plus ou moins chronique, en dépit de toutes ces mesures de base, par exemple pour cause de fatigue intense/chronique, le lavement peut être d'une grande aide pour éviter que l'intestin ne devienne une zone trop toxique, avec entre autre des soucis de prolifération de flore pathogène qui peuvent contribuer à des problèmes de cystites, de mycoses...
Pour citer le Dr Alessio Fasano: ce qui se passe dans les intestins ne reste pas dans les intestins!

Il y a des contre-indications au lavement, comme les opérations récentes de l'anus et du rectum... Voir le net pour encore plus de détails!!

Comment se "préparer" à un lavement?

Grosso modo, de mémoire, avant une irrigation colonique (faite chez un thérapeute spécialisé en la matière, qui travaille avec une machine adaptée à cet effet), afin d'en tirer le plus de bénéfices, il est conseillé d'éviter la viande et les laitages durant les 2-3 jours qui précèdent et de ne manger que des fruits et légumes la veille de l'irrigation et rien du tout durant les heures qui précèdent. On se prépare à une irrigation parce que c'est quelque chose qui coûte cher et qu'on ne va pas pouvoir refaire fréquemment (à moins d'avoir beaucoup de sous!), donc autant, en effet, en titrer un maximum de bienfaits possible en facilitant le transit au préalable.
Pour un lavement c'est différent, la seule recommandation qui reste importante à mon sens, c'est surtout de faire ça quand l'estomac est vide parce qu'il y a des jeux de pression sur tout le tube digestif pendant un lavement et ça peut devenir inconfortable pour l'estomac par moment (blurp!).
Mais par exemple quand on a un transit paresseux, il n'y a pas à attendre indéfiniment que le transit deviennent moins paresseux pour tirer des bénéfices d'un lavement. Au contraire, les lavements vont aider le transit, et vont contribuer à délester le corps d'une charge de toxines acides, donc lui faciliter la vie!
Et dans tous les cas le transit ne devient pas "fainéant" parce qu'on fait un lavement de temps en temps, au contraire: il est aidé, facilité. Ce qui peut arriver c'est que si on évacue beaucoup de matières grâce à un lavement, on va peut-être ne plus rien avoir à évacuer dans les heures, voir dans les 24h qui suivent. Ce ne sera pas un signe de constipation ou de transit devenu soudain fainéant (ou encore plus fainéant!), ce sera juste signe qu'il n'y a plus grand chose à évacuer dans l'immédiat.

Combien de lavements, à quelle fréquence?

Certains enchaînent plusieurs lavements à la suite, en cas de nécessité pourquoi pas?! Quand l'eau a du mal à passer, que le besoin d'évacuer se fait irrépressible dès les premiers centilitres passés, ça peut s'avérer nécessaire si on souhaite irriguer le côlon au-delà de l'ampoule rectale.
En "entretien", un lavement par semaine ou 1 par mois (selon le tonus intestinal de chacun), quand on a une alimentation riche en végétaux et surtout en fruits et légumes (et pas en céréales!), ça me parait amplement suffisant, à moins qu'on ait un gros problème de constipation persistante, par exemple, problème qui sera toujours à traiter par d'autres moyens en même temps bien sûr!
Perso je préfère faire un lavement un peu long et soigné qui irrigue la plus grande portion de côlon possible plutôt que plusieurs qui, faits trop vite, peuvent ne pas aller au-delà du colon descendant.

Matériel

Poche ou boc à lavement d'une contenance de 2L: on en trouve facilement sur internet ou en pharmacie, aux environs de 15 euros - réutilisable - soit une poche souple, soit un boc rigide - plusieurs personnes peuvent se servir du même boc/poche mais prévoir un tuyau, un robinet et une canule par personne.
Mieux si le boc ou la poche est transparent(e) parce qu'on peut surveiller la quantité d'eau qui passe.
Robinet: attention, il n'est pas précis, en tout cas le mien ne l'est pas du tout! Il ferme très bien, pas de soucis mais pour que l'eau passe un minimum, il faut l'ouvrir franchement (mieux vaut le tester au-dessus d'un évier avant de s'en servir). Au début de mes expérimentations, je voulais que l'eau passe lentement alors j'ouvrais très peu le robinet et résultat l'eau ne passait pas du tout et je me demandais pourquoi!
Entretient: nettoyer au savon, voir à l'alcool pour la canule et le robinet.
Choix de la canule: en général c'est la petite pour le lavement du côlon. Mais dans une vidéo sur youtube, une femme explique qu'elle a eu une opération de l'anus et que la grande canule lui convient mieux.

!!!Attention!!! au sens de fixation du tuyau et de la canule: la partie "robinet" s'enfile simplement sur le tuyau, la canule par contre se visse sur la partie "robinet": si on se trompe de sens, ça fuit!!

Eau

Quantité: 
Commencer modestement: Quand on débute mieux vaut opter pour de petites quantité (50cl). Ca peut être stressant de se lancer dans l'expérimentation du lavement, donc autant y aller doucement.
- Respecter les limites physiologiques: Si le boc a une contenance de 2L c'est qu'il y a une raison. Un côlon n'est pas extensible à l'infini et ce n'est pas forcément la quantité d'eau qui fait l'efficacité d'un lavement. Ce n'est pas une compétition non plus à qui passera le plus d'eau le plus vite possible. On peut irriguer tout le colon avec 1,5-2L, c'est amplement suffisant. A mon sens, c'est d'avantage la façon dont on va faire le lavement que la quantité d'eau qui va en déterminer l'efficacité. Donc on évite de faire passer des litres et des litres et des litres d'eau, vu que ça peut tout simplement être dangereux!
Pendant une irrigation colonique chez un thérapeute, plusieurs dizaines de litres d'eau sont utilisés mais la machine utilisée permet la circulation de l'eau dans les deux sens, c'est à dire qu'elle permet son introduction autant que son expulsion si bien que le côlon ne se remplit pas non-stop, le volume contenu dans le côlon pendant une irrigation se stabilise plus ou moins à partir d'un certain seuil, en fonction de ce qui est confortable pour lui, disons: à aucun moment on ne se retrouve avec le ventre gonflé comme une baudruche!
- Adaptabilité: Enfin si on a un côlon très encombré c'est sûr qu'au début on ne va peut-être tout simplement pas pouvoir passer un boc entier. C'est toujours essentiel d'être à l'écoute de son corps, de ses sensations, d'où l'importance de faire ça dans un environnement calme, de prendre son temps, pour pouvoir vraiment faire les choses en douceur, sans se fixer des objectifs du style "ça y est, c'est décidé, je me mets au lavement ce matin et le boc fait 2L donc je dois passer 2L d'eau du premier coup!". C'est important de rester attentif à ses sensations: selon les jours on pourra passer un litre ou deux, ça dépendra et ce sera important de toujours rester adaptable et à l'écoute.
Ça fait 2 ans que je suis végétalienne, que mon alimentation est surtout basée sur les fruits, les légumes, les légumes-racines et les oléagineux, ça fait 4 ans que je suis "sans gluten", donc forcément mes intestins ne sont peut-être pas aussi "encombrés" que la moyenne nationale! Donc ce qui vaut pour moi aujourd'hui ne vaut peut-être pas pour tout le monde!

Qualité de l'eau
- Eau de source + sel (sel "gris" bio, non raffiné, sans additifs, une cuillère à soupe pour 1,5-2L). Pas d'eau du robinet pour éviter le chlore. On ajoute du sel à l'eau pour éviter les fuites de minéraux (transfert de minéraux entre les cellules de la muqueuse et l'eau injectée).
Le côlon ayant des capacités d'absorption, on peut ajouter dans l'eau des "principes actifs" qui seront absorbés par la muqueuse et passeront dans le sang pendant le lavement. Ces principes actifs rejoindront alors directement le foie:
- Décoction de café vert + sel: j'utilise une cuillère à soupe de grains de café vert bio pour 1,5L d'eau - mettre les grains dans une casserole d'eau froide, faire en sorte que les grains soient bien humectés et qu'ils coulent au fond de la casserole plutôt qu'ils ne restent à flotter à la surface pour qu'ils puissent bien infuser, couvrir, amener à ébullition, laisser frémir 2-3 minutes, couper le feu et laisser infuser toute une nuit.
Attention: le café vert a une bonne réputation en tant que détoxinant mais tout vert qu'il est, il n'en reste pas moins du café et donc un stimulant/excitant! Donc si on réagit violemment au café par voie orale, il faudra bien sûr aussi l'éviter par voie anale!
Si on a l'intestin particulièrement "spasmé", on pourra avoir intérêt à utiliser d'autres plantes qui peuvent pour certaines être autant antispasmodiques que détoxinantes! La lavande par exemple est non seulement anxiolytique mais aussi cholérétique et cholagogue, entre autre plein de choses!...
- Tisane de lavande ou romarin, camomille, mélisse... + sel.
Environ 15-20g de plantes bio pour 1,5-2L d'eau (on peut en mettre jusqu'à 30 ou 40g pour plus d'efficacité mais cela peut s'avérer coûteux!): mettre les plantes dans une casserole, ajouter l'eau froide, bien remuer pour que les végétaux soient bien humectés, mettre un couvercle, amener doucement à ébullition, laisser frémir une minute pour de la lavande, 2-3 minutes pour du romarin, ne pas laisser frémir pour des végétaux plus tendres comme les feuilles d'ortie ou de mélisse, couper le feu et laisser infuser au minimum 10 minutes, en tout cas le temps nécessaire pour que l'infusion parviennent à la bonne température et bien penser à laisser le couvercle s'égoutter au dessus de la casserole quand on l'enlève, pour récupérer les principes actifs volatiles présents dans la condensation d'eau! Et bien sûr, filtrer l'infusion avant de la mettre dans le boc!!
- Possible aussi d'ajouter d'un peu de chlorophylle liquide (on en trouve sur le net). Utiliser ces ajouts de chlorophylle quand on est devenu capable de garder un lavement au moins quelques minutes!

Température de l'eau: 
Ajustable selon sensibilité/préférence de chacun (un thermomètre peut s'avérer pratique). Une eau un peu chaude (37° ou un peu plus) pourra être plus confortable que de l'eau froide, et pourra donc peut-être être gardée plus facilement. D'autant qu'une eau tiède en début de lavement va refroidir dans le boc pendant le lavement si on le fait en prenant son temps... Perso, j'apprécie une eau vraiment bien chaude en début de lavement (environ 43°) et elle devient progressivement tiède au fil du lavement.

Remplir le boc après avoir mis en place le tuyau, le robinet et la canule, avec le robinet bien fermé.
Vidanger l'air et les bulles d'air dans le tuyau en laissant l'eau couler quelques secondes dans un évier, en soulevant la poche au-dessus de l'évier. Fermer le robinet quand il n'y a plus d'air dans le tuyau (et c'est là qu'on ajoute éventuellement la spiruline ou herbe d'orge diluée, et pas avant la vidange, pour éviter d'en perdre!).
Accrocher la poche ou poser le boc à une hauteur d'environ 1m au-dessus de l'endroit où on fait le lavement, une poignée de porte fait très bien l'affaire pour les poches à suspendre.
On pensera à enduire de lubrifiant la canule (et éventuellement l'anus): avec de l'huile d'olive ou de coco.

Position

Plusieurs possible, à voir selon préférences de chacun:
Position dite du mahometan faisant sa prière (à 4 pattes, tête plus basse que le bassin) ou allongé sur le dos ou sur le côté gauche. Certains semblent pouvoir faire un lavement assis, je n'ai jamais testé mais ça ne me semble pas la meilleure solution pour pouvoir garder l'eau ou pour pouvoir irriguer le côlon en entier!
Perso, j'opte pour la position que je qualifierais de position du "suppositoire": sur le côté gauche en chien de fusil!
Dans tous les cas, on peut s'installer par terre sur un tapis de plage par exemple, ou en tout cas, quand on est allongé sur le côté, avec un coussin sous les genoux et sous la tête et une serviette sous les fesses si on craint les fuites, en positionnant le tuyau entre les jambes (ça facilite les changements de côté pendant les pauses au cours du lavement) - je garde la canule en place tout au long du lavement, je l'enlève quand toute l'eau est passée.
On peut aussi s'installer sur un lit, avec une alaise si peur des fuites.
Dans une chambre ou dans la salle de bain, surtout si les WC sont dans la salle de bain, c'est pratique, en tout cas à proximité des WC, en cas de besoin pressant!

Lieu et ambiance

De préférence, opter pour un lieu calme, bien chauffé, mettre une musique douce (j'opte pour du Enya!), prendre soin d'être confortable! Demander à ne pas être dérangé! Plus on sera à l'aise, plus on sera détendu, plus il sera facile de faire passer l'eau et de la garder un moment.

Pauses et massages

Une fois la canule en place, quand on est allongé sur le côté gauche, masser/frictionner la hanche droite (bas du dos) si l'eau ne s'écoule pas dès le robinet ouvert: cela aide la canule à trouver sa place et l'eau à s'écouler.
Au début je tenais la canule tout du long de peur qu'elle ne soit expulsée alors qu'au pire elle glisse un peu... Elle reste en place sans qu'on ait à la maintenir, à moins de bouger vraiment beaucoup sans y prêter attention...
Je passe l'eau progressivement, par "tranches" de 15-20 cl à la fois: je surveille le niveau d'eau et lorsqu'il a baissé de 2cm environ, je ferme le robinet pour faire une pause.
J'opte pour des pauses de 2-3 minutes entre chaque passage d'eau, pauses pendant lesquelles je me masse le ventre (assez vigoureusement) mais pas en continu, je reste aussi juste sans rien faire, tranquille, juste à attendre, que le colon s'adapte petit à petit à l'eau.
Je reste sur le côté gauche pour le premier tiers du lavement (soit environ 50 à 65cl pour un lavement de 1,5 à 2L environ), je masse le côté gauche, côté colon descendant.
Je fais toujours passer l'eau en étant allongée sur le côté gauche.
Deuxième tiers du lavement: je passe sur le dos pendant les pauses, je masse le milieu du ventre: le colon transverse.
Passage du dernier tiers: je passe sur le côté droit pendant les pauses, je masse alors le côté droit: le colon ascendant.
Pour les massages "énergiques", j'appuis sur mon ventre en faisant trembler ma main assez fort, je fais "vibrer" mon ventre pour produire des clapotis à l'intérieur: cela permet d'entendre l'eau "bloblotter" dans le ventre. A la fin, je l'entends "bloblotter" au niveau du cæcum (au tout début du colon).
En tout, le passage de l'eau me prend ainsi dans les 20-30 minutes. Je ne masse le ventre que pendant les pauses (ça me semble inutile pendant que l'eau passe), mais si au début du lavement l'eau semble avoir du mal à passer, on peut bien sûr masser pour aider au passage de l'eau (mais si l'eau ne passe pas, bien vérifier que le robinet est suffisamment ouvert!!).
On peut faire plus vite si on est pressé mais à ce moment-là, à mon sens, on ne pourra pas forcément faire passer l'eau dans tout le colon ni la retenir aussi longtemps.
La force des massages est à régler en fonction de la sensibilité et de l'état de santé de chacun. Si on a les intestins et/ou le dos en vrac, évidement, on va y aller tout doucement! J'ai entendu parler d'une technique de massage avec une balle de tennis: on fait rouler la balle sur le ventre, en appuyant plus ou moins fort selon notre sensibilité et ça peut être plus indiqué pour ceux dont l'état ne permet pas de massage vigoureux ni de mouvement trop énergique.

Finit! 

Enlever la canule une fois toute l'eau écoulée. Pour faire passer un maximum d'eau à la fin (celle qui reste dans le tuyau une fois le boc vide), je soulève le tuyau. Bien prendre soin de fermer le robinet avant d'enlever la canule car il reste toujours un petit peu d'eau dans le tuyau.
Une fois la canule enlevée, on peut bien sûr tout de suite passer aux WC, ou on peut laisser tout ça "infuser". Sans la canule, on est bien plus mobile, il y a moins de risque de secouer le tuyau en bougeant au point de faire tomber la poche! Donc une fois l'eau entièrement passée, on peut continuer les massages énergiques, faire des mouvements de"barratage" du bassin: allongé sur le dos, jambes fléchies, dans la position du demi-pont, on agite le bassin, un peu comme si on dansait le rock! Mouvements alternés de pauses tranquille, jambes tendues allongée sur le côté droit (les jambes tendues, ça me semble aider à retenir l'eau), pour laisser les matières bien "tremper"! et/ou les principes actifs des tisanes ou décoction être absorbés un minimum.
Quand le lavement a été long, que l'eau a été passée lentement, l'évacuation peut prendre du temps: possible qu'il soit nécessaire de retourner au WC 1/2h ou 1h après ce qui aura semblé être la fin de l'évacuation: à ce moment-là, il vaut mille fois mieux être à la maison plutôt que sur la route dans les bouchons ou dans les transports en commun!!! Donc bien s'organiser en fonction!


Bonne expérimentation à vous aussi!