samedi 17 octobre 2015

Cursus en hiatus

Depuis quelques jours je ne suis techniquement plus étudiante en naturopathie, étant donné que l'institut ou j'étais inscrite a déposé le bilan.
Avec les élèves de ma promo, nous étions à 3 mois de passer notre examen final, celui qui était censé nous donner accès au diplôme de "praticien de santé naturopathe".
J'ai mes attestations de "validation des acquis" de première et de deuxième année de formation, j'ai effectué les 3/4 de ma troisième année et boum big badaboum, ça s'arrête là.
Ou pas.
Il va peut-être être possible de "rattraper" quelques journées de cours grâce à des formateurs qui auront peut-être l'extrême générosité de nous faire cours gratuitement, ou pas, et il sera peut-être possible de faire valider ceci cela, ou pas, et de passer malgré tout un examen, ou pas, et je vous fais grâce de tous les autres "peut-être par-ci" et "peut-être par là", étant donné que j'en ai perdu le compte moi-même.

Ce que je sais, c'est que certaines personnes pratiquent l'activité de "coach en nutrition" ou de "naturopathe" ou de "nutrithérapeute" sans avoir le diplôme de naturopathe ni celui de nutritionniste, que certains ont bien tel diplôme mais qu'ils l'ont obtenu "seulement" par correspondance (j'ai bien passé mon Bac comme ça, élève au CNED) ou bien ils ont effectué juste un morceau de telle formation et se présentent tout de même comme s'ils l'avaient faite en entier, un peu "au culot", et à partir du moment où ils sont compétents, tout le monde est content quand même.
Ce que je sais, c'est que des labos pharmaceutiques très sérieux organisent des expéditions en Amazonie pour aller demander à des guérisseurs locaux sans aucun "diplôme" - qui n'ont même pas de "cabinet" ni de numéro SIRET ni rien, bref..., pour leur demander de leur montrer quelles sont les plantes dont ils se servent.
Ce que je sais, c'est que des médecins français dûment diplômés et tout fraîchement sortis de leur école de médecine - ou pire, avec 30 ans d'expérience, se plaisent à expliquer que l'autisme est une psychose.

Un diplôme ou son absence, au final, ne sont une garantie de rien du tout.
Soit je m'adapte et me range à cette idée, soit je nie toutes les connaissances et les compétences que j'ai acquises durant ces quasi 3 années et ce serait un peu me nier moi-même, ce serait un chouilla violent.
Soit je me range à l'idée que je "vaux" bien quelque chose malgré tout, même sans diplôme, soit je retourne faire de l'aide à domicile 15 heures par semaine pour 8 euros de l'heure et un abonnement chez le kiné en prime (parce qu'aide à domicile, c'est du sport, disons).

Jusque là, je répétais à tous les gens qui me demandaient des renseignements sur la naturopathie que tous les naturopathes ne se valent pas, qu'il faut aller voir des naturopathes "diplômés".
Je m'attendais à ce que - à la fin de mes études chèrement payées (sur tous les plans: financiers, personnel, en terme d'énergie, de temps, etc), je puisse passer un examen, faire preuve de mes connaissances et de mes compétences devant mes "paires", et hop! Diplôme, reconnaissance, validation, feu vert, go go go!

Là il va falloir que je fasse sans, autrement dit, au culot.
J'ai déjà fait beaucoup de choses au culot dans ma vie, mais quand même, ça, ça va être un gros morceau.
Aller faire des photos de concert punk dans des bars bondés, prêter de l'argent à des rockeurs pour qu'ils enregistrent leur premier album, poster en ligne sous ma véritable identité des nouvelles "érotiques et terrifiantes" (pour citer un lecteur) et des autoportraits nus (mais "pudiques" quand même, hein), poster des vidéos (habillées) sur différents thèmes, dont celui de mon parcours diagnostic d'autiste alors que je vis dans un pays où l'autisme est encore largement vu comme une maladie "mentale"...
A chaque fois beaucoup de culot, quoi que pas seulement du culot, du "jusqu'auboutisme": aussi beaucoup d'inconscience, de naïveté, d'innocence, de confiance parfois très mal placée, pour des résultats toujours plus ou moins improbables, bien que, ma foi, concrets.

Les photos de concerts dans les bars (et ailleurs): grosses progression de mes habiletés sociales et disparition de ma phobie sociale.
Le prêt pour l'enregistrement d'un album: un de mes albums préférés "sorti" en CD pour de vrai.
Les nouvelles et les photos "olé olé": exploration, affirmation, construction et consolidation de mon identité d'être humain sexué, sensible, passionné et féminin.
Les vidéos: en trois ans, des dizaines de mails de gens m'adressant leur témoignages, leurs questions, leurs demandes de conseil, leurs encouragement, leur soutien.

Il y a quelques jours, je me suis inscrite à une nouvelle formation, j'ai envoyé le chèque d'arrhes avec le bulletin d'inscription, au moment même où je commence à voir le fond de mes économies et où je suis chômeuse en "fin de droit" sans plus aucun revenu. C'est une formation à l'accompagnement sensuel et/ou sexuel organisé par l'association APPAS (Association Pour la Promotion de l'Accompagnement Sexuel des personnes handicapées, http://www.appas-asso.fr/).
Et non seulement je m'y inscris mais en plus j'en parle.
Encore du "culot"...

Je n'ai pas encore décidé de ce que je vais inscrire sur mes cartes de visite. Le choix du "titre", de la "fonction" évoluera peut-être au fil des mois et de la pratique. Je tâtonnerai peut-être un peu. Ce sera peut-être "coach en hygiène de vie" ou "naturo-hygiéniste".
Sur les cartes de visite, en tout cas, il y aura "Membre de l'association Alliance Autiste".
Peut-être que dans quelques mois j'ajouterai "Membre de l'association APPAS"...
On verra...

En tout cas si les gens qui connaissent le sujet de l'autisme et qui répètent volontiers que les autistes sont capable de développer des compétences réelles dans le domaine de leurs intérêts restreints, je les attends au tournant et je ne manquerai pas de les prendre au pied de la lettre, en bonne autiste qui a du mal à comprendre les "à peu près" et les "petits arrangements" avec la vérité.

Je compte finir de rédiger mon mémoire sur la prise en charge naturopathique de l'autisme et le mettre en ligne aux alentours de la mi-janvier, histoire que chacun puisse se faire - en toute autonomie, sa propre opinion de ce que j'ai dans le crâne.

J'ai mon numéro SIRET d'auto-entrepreneur, il me reste à prendre une assurance responsabilité civile professionnelle, et hop là, il faudra que je me "lance", ne serait-ce que pour pouvoir payer ma prochaine formation...

En bonne "pro", je compte bien faire en sorte que, d'une façon ou d'une autre, la formation continue.






dimanche 11 octobre 2015

Les déconvertis de la psychanalyse

Emission de plateau, par Sophie Robert (mise en ligne le 10 octobre 2015 sur Dragon Bleu TV).

Pour ceux qui seraient pressés et n'auraient pas le temps de regarder une vidéo d'1h20, je partage ici quelques notes prises en écoutant l'émission; je me suis permis quelques commentaires entre crochets: NtlT, "Note de la Transcriptrice"!

Avec Mikkel Borch-Jacobsen, Jean-Pierre Ledru, Stuart Schneiderman, Jacques Van Rillaer.



LES DECONVERTIS DE LA PSYCHANALYSE par dragonbleutv

- - -
[Quelques psychanalystes connus: Freud, Lacan, Dolto..., et quasi tous les "psy" en poste dans les médias (télé, journaux, magasines féminins...)]

Une chose qui est particulièrement mauvaise, c'est la rumination indéfinie et la co-rumination (avec le psychanalyste).

La psychanalyse est comme un culte (l'unique but de la "cure": convertir, pas guérir), c'est ce que tout le monde a vu aux Etats-Unis (qui avait déjà l'expérience de la scientologie).

Psychanalyser la phobie, ça l'enracine.

La philosophie de Lacan: "Le corps, le cerveau, on s'en fout. La psychanalyse c'est le langage, c'est la logique, etc., le reste on s'en fout".

Le placebo ne fonctionne que dans les cultures où il y a des médicaments, où les gens croient aux médicaments, pas dans les cultures où il y a des chamanes.

Les facteurs thérapeutiques non-spécifiques à la psychanalyse (ce qui peut "marcher"): les gens sont écoutés, déculpabilisés... Quand il s'agit de petits problèmes psychologiques, tout marche (toute thérapie, y compris la psychanalyse).

Facteurs curateurs spécifiques pour traiter les phobies (spécifiques au TCC, Thérapies Cognitivo-Comportementales): exposition tout à fait progressive au stimuli phobogène, mais si on se contente de parler en terme symbolique (ex: selon Freud, la peur des araignées = peur du sexe féminin, peur du serpent = peur du pénis), vous avez beau discuter avec ça, ça ne marche pas.

En matière de phobie, en faisant de l'évitement, la phobie se trouve renforcée.
Idem avec toute sorte de pensée "négative"/intrusive/dérangeante: plus on y réfléchit en essayant d'y trouver/donner sens, plus on l'enracine, plus on la nourrit.
[c'est le "pouvoir" de l'attention: on nourrit ce à quoi on fait attention]
A force de repousser une idée, on la transforme en obsession.

L'interprétation est un processus sans fin. En psychanalyse, il faut comprendre ce que ceci cela veut dire et après on sera guérit [c'est le principe du "biodécodage" ou "décodage biologique" de la maladie = "mal à dit"]. Mais il y a toujours de nouvelles interprétations à faire et, donc, on n'est jamais guérit!

Mme Sarkozy est en psychanalyse depuis 10 ans (4 séances/semaine/8 ans puis 2 séances/semaine/2 ans), elle le raconte au magasine Psychologie et elle est une grande adepte de la chose. Elle est chez un lacanien, ça lui coûte forcément une fortune... Et Gérard Miller est fier d'en faire un exemple... [et après on se demande pourquoi les "politiques" ne font rien pour déloger la psychanalyse de la gestion des institutions psychiatriques, des écoles de médecine, de psychologie, du monde médico-social, de la justice, etc.!]

Les psychiatres français "pris dans les filets institutionnels" continuent à refuser de poser des diagnostics de Syndrome d'Asperger: même si - au sujet de l'autisme, ils partagent le point de vue d'un psychiatre dépsychanalysé [comprendre: "autisme = trouble neurologique"] , ils ne peuvent pas le dire.
[quelques conséquences d'une absence de diagnostic:
- pour l'autiste: pas de prise en charge adaptée, pas de compréhension de soi possible, pas de reconnaissance du handicap, risque de passer pour un simple "névrosé" ou psychotique jusqu'à la fin de ses jours!
- pour la médecine et la science: pas de statistiques fiables, impossibilité de faire de la recherche scientifique puisque pas ou peu de diagnostiqués à "étudier", donc pas d'avancées possible sur les prises en charge adaptées à mettre en place!]

Un psychiatre TCC va dans le métro avec ses patients qui ont peur du métro! C'est de la confrontation de la situation phobogène, de façon hyerarchisée, progressivement, pas de but en blanc dès la première séance!

Biblio, entre autres: "La nouvelle gestion de soi, ce qu'il faut faire pour vivre mieux", de Jacques Van Rillaer.

dimanche 4 octobre 2015

Science et erreur

La naturopathie est souvent traitée de "pseudo science".
Même si le naturopathe base sa pratique sur la nutrition, la phytothérapie et la neuropsychologie, les esprits tatillons pourront toujours rétorquer: "Oui mais ce ne sont pas des sciences exactes" - argument que les docteurs en nutrition, docteurs en pharmacie spécialisés en phytothérapie et docteurs en neuropsychologie seraient sûrement ravis d'entendre et de discuter.

Le propre de la science est d'être en perpétuel mouvement, qu'il s'agisse de science "dure" (mathématique, physique...) ou de science "molle" (science humaine). Une des bases de la science, me semble-t-il, c'est la recherche et quand on cherche on trouve, et on a tendance à trouver ce dont on ignorait encore tout la veille. La "recherche" remet constamment en question les découvertes d'hier.

Exemple du jour: "Most autism research has focused on investigating genetic changes as an underlying cause. However, known gene variants have been shown to only modestly affect autism risk and cannot account for such an increased incidence (4, 5). Despite early evidence for heritability of autism, the largest population-based study on twins with autism found that concordance rates for dizygotic twins were actually higher than previously reported and that shared prenatal environment accounted for the bulk of autism risk in twins, with the genetic contribution being only modest" - Vitamin D hormone regulates serotonin synthesis. Part 1: relevance for autism -  http://www.fasebj.org/content/28/6/2398.full

Autrement dit, les études faites préalablement sur l'autisme chez les "vrais" et "faux" jumeaux seraient erronées et - selon la plus large étude de population actuelle sur des jumeaux - l'environnement prénatal aurait une plus grande influence que les gênes sur le développement de notre neurologie.

La recherche et ses découvertes - qui transforme nos "connaissances" d'hier en croyances parfois parfaitement ridicules, c'est une chose. L'erreur, c'en est une autre.
Les scientifiques de la NASA qui passent des années à faire de savants calculs pour poser une sonde dans tel cratère de telle planète, et qui voient leurs efforts et leur science réduits à bien peu de chose quand leur engin se pose de travers au mauvais endroit, doivent-ils envisager avoir été "inexacts"? Eux qui sont si brillants, si bien diplômés, si bien payés par une institution si reconnue, qui se servent de logiciels et de machines si performants, eux les super héros de la science, se seraient-il donc "trompés"? Peut-être...
Ou bien doivent-ils plutôt admettre que bien des facteurs "naturels" incalculables et imprédictibles leur échappent en partie et leur échapperont probablement toujours?

Lorsqu'un psychiatre prescrit un antipsychotique à un enfant autiste, sans vraiment être sûr que le "médicament" sera bien toléré ou simplement utile, sans pouvoir être tout à fait sûr que la posologie sera la bonne ou qu'il ne va pas falloir changer de "molécule" en catastrophe au bout de 3 jours en cas de réaction "adverse"... Ce psychiatre se pose-t-il de grandes questions sur la fiabilité de la science dont il est diplômé?
Si le médicament ne marche pas, s'il rend l'enfant malade, le psychiatre va-t-il être poursuivi en justice pour "faute" grave et les esprits "tâtillons" iront-ils le trouver en lui disant qu'il fait de la "pseudo science"?!

Les autistes aiment les choses bien droites, bien rangées, bien régulières, bien fiables, aussi aiment-ils souvent les sciences pures et "dures" mais la science ne peut être défaite de celui qui la fait: l'être humain, toujours faillible, même quand il n'a pas de déficit d'attention, même quand il a une mémoire phénoménale, même quand il a les meilleurs intentions du monde.
L'être humain ne pourra jamais s'extraire de la nature, dont il est une des parties et dont un des grands principe est celui d'indétermination, nous dit la physique quantique.

Alors, si on ne peut être sûr de rien, peut-être faut-il se contenter de rester sans rien faire, c'est plus prudent, plus facile et surtout beaucoup moins fatigant que de chercher et que d'essayer de se remuer pour arranger les choses, et de préférence par des moyens naturels qui entretiennent et améliorent la santé, plutôt que par des méthodes qui provoquent des hépatotoxicité ou des dépendances graves.
On peut aussi se satisfaire de considérer l'autisme comme une simple "différence" et la personne autiste qui passe sa journée à se taper la tête contre les murs ou à faire des crises d'angoisse, laissons-la donc vivre sa différence en paix!... (ceci était un sarcasme)

Mais en ce qui me concerne, l'attentisme n'est pas mon fort et la souffrance d'autrui me donne doublement envie de me remuer. Quitte à me tromper et à faire de la "pseudo science", je préfère me tromper en faisant quelque chose plutôt qu'en restant les bras croisés.