mercredi 26 mars 2014

Interprétationnite aiguë


Que nous raconte cette photo? 

Petit exemple d'analyse psycho-symbolico-psychanalysante (parce que oui, je suis capable de pratiquer le truc, si je veux):

Presque tout y est d'un beau bleu, on devine un pantalon de la même couleur que l'eau et le ciel, la lumière est éclatante, il pourrait s'agir d'un paysage rieur s'il n'y avait cette ombre au tableau: des pieds chaussés de noir, pieds qui plus est résolument croisés, reposant sur des pierres grises et anguleuses jonchées de branches mortes.
Ces pieds croisés, comme en signe de dénégation, de refus, ces chaussures noires, couleur du deuil, ces branches mortes qui leur font un écho lugubre, ainsi que ces pierres qui évoquent le grès des pierres tombales sur lesquelles le corps repose en position allongée, figurant déjà la position mortuaire sur un sol dépouillé, nu, stérile, comme mort lui aussi... Ne pourrait-il pas y avoir ici le symbole d'un deuil qui refuse à se faire? Ou bien peut-être d'une morbidité sous-jacente, résistance à l'appel de la vie et à son éclat? Ne pourrions-nous pas y voir même un deuil qui s'annonce? 
Cette eau d'un bleu céleste qui semble se fondre dans l'azur - royaume des dieux, royaume des morts, associée à tous ces signes funestes, cette eau vers laquelle la photographe semble vouloir nous faire plonger, ne figurerait-elle pas comme une attirance pour l'abîme, pour la noyade? 
Ainsi, il ne serait pas surprenant que cette photo ait été prise par une personne souffrant de profonde tendances suicidaires.

Bla Bla BlaHHH BLAAAA...

Fin de la démonstration.

Cette photo, je l'ai prise il y a un peu moins d'un mois, au bord du lac d'Aix Les Bains, pendant une pause déjeuner. Les chaussures que je porte ont 4 ans d'âge et leur achat remonte à l'époque où j'avais un goût prononcé pour l’esthétique gothique, sans pour autant être suicidaire ni dépressive, d'ailleurs, juste souvent d'humeur plus ou moins sombre. 
Mais j'ai changé et mes tenues se sont nettement colorées: elles sont maintenant souvent dans des dominantes vertes, bleues ou mauve. 
Et il se trouve que je suis en ce moment au chômage, je touche un peu moins de 700 euros par mois et j'ai autre chose à faire de mes sous que d'acheter des chaussures assorties aux couleurs de mes vêtements (sinon, je m'offrirais bien des coq sportif vert forêt et/ou des Vans fleuries). Et je ne suis toujours pas suicidaire, merci.

Tout ça pour illustrer le fait que l'art de l'interprétation peut franchement dégénérer en manie et mener à tout et surtout à n'importe quoi.
La psychanalyse est passé par là et est parvenue à gangrener même les plus rationnels des cerveaux.
La symbolique a du bon mais, selon moi, elle est un peu comme l'alcool: mieux vaut en user avec modération.

Et il y aurait beaucoup à dire... Ainsi, comme le raconte volontiers Josef Schovanec au cours de ses conférences, il est de coutume, dans certains pays orientaux, d'éviter soigneusement de regarder les gens dans les yeux. Regarder quelqu'un dans les yeux est considéré dans ces pays comme extrêmement vulgaire, offensant.  
Au contraire, en France, regarder les gens dans les yeux est un "must" et ainsi, un professeur aura tendance à penser qu'un élève qui ne le regarde pas lorsqu'il lui parle est un élève qui a la tête en l'air ou qui fait preuve d'insolence, alors que pour un élève autiste, éviter de regarder son interlocuteur peut justement l'aider à se concentrer sur ce qu'on est en train de lui dire.
Un jeune autiste explique:  « te regarder c'est recevoir des centaines d'indices à la fois, c'est tellement fatiguant que je préfère tourner la tête » ("Autisme et schizophrénie", thèse de Frayssinet M., 2012, p. 58) 

Et la tendance à vouloir tout interpréter gagne jusqu'aux symptômes que manifeste notre corps, comme par exemple l'apparition d'un eczéma chez un nourrisson.
Personnellement, si l'apparition de l'eczéma fait suite à l'introduction d'un certain aliment dans l'alimentation de l'enfant, comme le lait de vache par exemple, je n'aurai pas besoin d'aller chercher plus loin les causes "profondes", "enfouies", "cachées", psycho émotionnelles, transgénérationnelles, etc... du problème, ni d'avantage sa symbolique. Et cela permettra aux parents de faire l'économie de nombreuses heures de thérapies fastidieuses et, surtout, inutiles, dermatologiquement parlant.
Les parents auront "juste" à trouver une alternative au lait de vache, et woilà!

Oui, et woilà! Maintenant, ma prof spécialiste en symbolique de l'alimentation peut me saquer :P :D ;)


3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Il me semble que la symbolique du corps n'est pas ce qui est décrit ironiquement dans cet article qui grangrène à sa manière contre la psychanalyse l'air de rien ! Preuve que cette discipline reste encore très mal connoté malgré ce qu'elle peut apporter.

    A propos d’eczéma, qui n'a pas forcément de lien direct avec le lait puisque je n'en consomme plus depuis plusieurs mois alors que j'en suis actuellement sévèrement atteints (crise), voici un article qui me parle très très fort car il décrit très bien ce que je traverse.
    Certes, une bonne et saine alimentation est la base d'un bon équilibre pour la santé, cependant, il serait simpliste de ne pas tenir compte de l'aspect psychologique des maladies qui ne sont autres que des "mal-à-dire".
    http://www.estelledaves.com/pages/messages-du-symptome/e/eczema.html

    "'L'eczéma est une maladie de la peau inflammatoire qui peut atteindre toutes les parties du corps recouvertes de peau.
    Elle est la plupart du temps en lien à un conflit de séparation avec un être cher, avec soi-même ou encore un lieu.

    Chez les enfants en bas âge, il n'est pas rare de rencontrer de l'eczéma quand il y a séparation rapide avec la mère ou encore que l'enfant vive mal un éloignement au sein de sa famille.
    L'eczéma signifie "qui bouillonne". Une personne qui souffre d'eczéma bouillonne bien souvent de l'intérieur, il peut y avoir une colère face à une relation où le contact n'est pas satisfaisant ou totalement coupé. Ce peut-être également une colère contre nous-même et souvent inconsciente.
    Si l'eczéma est situé aux mains, il est probable que l'on souffre de ne pas pouvoir être avec ceux que l'on aime.
    Aux pieds, c'est souvent la contrainte de ne pouvoir aller vers celle ou celui que l'on aime. Pour une localisation au cou c'est souvent lorsque l'on aimerai que ceux que qui nous sont chers aient les mêmes intérêts que nous. Et si l'eczéma se situe au niveau du cuir chevelu, il est problable qu'il y ai un sentiment de honte et paradoxalement la volonté d'être remarqué. Il peut aussi survenir au niveau de poils pubiens lorsqu'il y a en même temps le désir d'attirer l'attention de son partenaire et la volonté de cacher sa sexualité aux proches.

    Quand l'eczéma atteint l'ensemble du corps il y a certainement une blessure d'abandon ou de rejet. Il sera important aussi de vérifier si il n'y a pas de la culpabilité face à cet abandon ou ce rejet. J'entend par là que l'on a pu se sentir coupable dans la situation qui a amené l'autre à nous laisser."

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  3. ;-)
    "Et si la peau était "le miroir de l'âme" ? ...
    ...certaines maladies de peau sont si difficiles à vivre qu'on peut se demander qui, du stress ou de la maladie de peau est le déclencheur...

    La peau plus que tout autre organe reflèterait donc notre vie intime. Dermatologues et psychologues ne devraient pas tarder à travailler régulièrement main dans la main."
    http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2001/mag0316/dossier/sa_3696_stress_peau.htm

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