Assez ironiquement, il y a quelques jours, j'envisageais de contacter l'association Aut'Créatifs pour leur demander si par hasard je ne pourrais pas avoir une petite place parmi leurs membres (vu mes blogs, mes photos, mes nouvelles, tout ça...), mais vu les nettes divergences qui existent entre nos opinions en matière de nutrition, je pense que ça ne peut pas trop le faire!
Pour nos éruditions mutuelles, je vais exposer le pourquoi du comment ici.
Les extraits du communiqué d'Aut'Créatifs sont en bleu, mes commentaires en noir.
À titre de membres d’Aut’Créatifs, un collectif de personnes autistes, nous désirons réagir à la prétention véhiculée par nombre de médias ces derniers temps selon laquelle l’autisme serait «traitable» par l’alimentation. Il ne s’agit pas du tout une idée nouvelle! Depuis longtemps déjà des organismes propagent la croyance que l’alimentation «cause» l’autisme et suggèrent des régimes drastiques qui marginalisent encore davantage la personne autiste.
De nombreuses associations portent des noms problématiques du point de vue des défendeurs de la neurodiversité, ce n'est pas nouveau: que ce soit "Treating Autism" aux USA, ou "Vaincre l'Autisme" en France.
Du point de vue de beaucoup de gens, l'autisme est un agglomérat de "troubles" et de dysfonctionnements à "vaincre" où dont il faut "sortir", ça et seulement ça, alors que pour de plus en plus d'autistes (et de proches d'autistes ou de chercheurs), l'autisme est une forme d'intelligence différente, un neuroatypisme, ok.
Reste que de nombreuses familles sont concernées par des formes d'autisme autrement plus "sévères" que le relativement "gentil" syndrome d'Asperger, "formes" sévères qui entraînent de nombreux "troubles" qui transforment le quotidien en enfer: auto-mutilation, troubles du sommeil si lourd que toute la famille est empêchée de dormir (toutes les nuits, pendant des années), troubles physiologiques sévères tels que des constipations ou diarrhées chroniques (la constipation et ses conséquences, si elle persiste pendant trop longtemps, peut devenir une urgence vitale, idem la diarrhée), voir agressivité, sans parler des troubles de l'apprentissage, etc... Car les anomalies génétiques/neurologiques entraînent bien des dysfonctionnements dans tout le corps vu que le système nerveux intervient dans la régulation du métabolisme à tous les niveaux, que ce soit au niveau de la digestion, du système endocrinien, du système immunitaire...
Les seules solutions proposées par la médecine allopathique conventionnelle à ces "troubles" sont des "médicaments" qui sur le long terme cessent d'être efficaces, voir aggravent l'état de santé de l'autiste.
Que des familles et des autistes eux-même cherchent des solutions "alternatives" à ces troubles est leur droit le plus strict et oui, travailler sur l'hygiène de vie globale - inclus l'alimentation, permet de réduire ces troubles, ce qui peut sans doute donner la sensation de se "sortir de l'enfer".
Ces troubles peuvent être la conséquence de carences (en minéraux, vitamines, oméga 3, etc), de dysbiose sévère (déséquilibre de la flore intestinale attestée par analyse de selles) et d'intolérances ou "sensibilités" alimentaires variées (certaines pouvant être attestées par analyses, d'autres pas, car les tests sanguins à disposition du "grand public" à l'heure actuelle ne sont pas forcément en mesure de dépister ces "intolérances" ou sensibilités et ce sont de grands spécialistes du sujet qui le disent, comme le Dr Alessio Fasano, spécialiste de la maladie coeliaque).
Carences, dysbiose, intolérances ou sensibilités alimentaires vont quasi systématiquement main dans la main et le système nerveux des autistes ne fonctionnant pas ex-nihilo, oui, il peut en être affecté, parfois très lourdement.
Confondre l'autisme "profil neuropsychologique" avec les troubles qu'il peut entraîner est une erreur que font encore certainement beaucoup de parents et de professionnels de la santé. Il serait judicieux que les autistes ne fassent pas l'erreur inverse en assénant obstinément que l'autisme - même lorsqu'il est accompagnés de troubles physiologiques sévères, ne doit pas être "traités" mais juste accepté.
Renoncer à dormir pendant des années ou regarder son enfant s'auto-mutiler au quotidien sans rien faire n'est pas une option acceptable, pour qui que ce soit.
Si bénéfices il y avait, cela se serait su.
Il serait judicieux que les membres d'Aut'Créatifs daignent se pencher un tant soit peu sur les témoignages de parents qui ont mis en place des mesures "alternatives" (alimentation, chélation, complémentation...) et qui ont rapidement vu leur enfant accéder à un minimum de langage ou d’interactions sociales, sans forcément devenir non-autistes pour autant, mais reprenant la voie d'un meilleur développement cognitif.
Ces parents seraient-ils des affabulateurs? Les diagnostics d'autisme de leurs enfants seraient-il erronés? C'est possible.
Reste que ces témoignages devraient au minimum être considérés avec respect, si ce n'est avec empathie.
Or, ces diètes spéciales ne donnent que des résultats aléatoires, tout comme les innombrables autres pseudo-traitements de l’autisme.
La population autistique est connue par tous les spécialistes du sujet pour son extrême hétérogénéité (ce qui rend très compliqué de mener à bien des études cliniques, les résultats étant forcément souvent à l'image de la population étudiée: hétérogènes).
Certaines prise en charge comportementales/éducatives fonctionnent pour certains autistes et leur permettent de devenir capable de communiquer un minimum, alors que ces techniques échouent à aider d'autres autistes. Cela signifie-t-il que ces techniques soient bonne à jeter?
Vu l'hétérogénéité de la population autistique, il est NORMAL que certaines techniques "marchent" pour certains et pas pour d'autres. Cela n'en fait pas des techniques de charlatan mais des techniques qui fonctionnent pour certains et pas pour d'autres. Point.
Au Québec, l’organisme le plus proactif en ce sens est Autisme Montréal, dont un communiqué a été récemment repris sur certaines tribunes. Nous signalons qu’Autisme Montréal (AM) n’est pas un organisme de personnes autistes.
Je signale que je suis autiste, que supprimer le gluten de mon alimentation m'a permis de découvrir la joie de vivre, de traiter mes comportements compulsifs (graphomanie, etc), de réduire drastiquement mes problèmes inflammatoires articulaires, que supprimer les laitages m'a permis d'améliorer mon immunité, que depuis que j'ai mis en place de grosses modifications de mon alimentation, mes niveaux d'anxiété ont considérablement chuté si bien que ma vie sociale s'en trouve grandement facilitée, et que oui changer d'alimentation est contraignant mais que de mon point de vue d'autiste, ça m'a changé la vie, en mille fois mieux!
Et je suis loin d'être la seule adulte autiste à pouvoir faire ce genre de témoignage. Avec une meilleure alimentation, nous restons autistes mais nous devenons des autistes en bonne ou relativement bonne santé (le stress chronique que nous subissons depuis l'enfance reste somme toute une nuisance dont les conséquences physiologiques sont difficiles à effacer).
Par ailleurs, parler d'alimentation dans la communauté autiste génère tant de retours de flammes que beaucoup de parents mettent en place des "régimes" sans en parler à qui que ce soit, surtout pas sur les réseaux sociaux, vu qu'à la moindre mention du gluten ou des métaux lourds ils se font proprement insulter.
Comment voulez-vous que l'information circule correctement dans un tel climat pour le moins "tendu"?
Année après année, AM répète avec rigidité un discours alarmiste inspiré des idées d’un institut privé états-unien – un institut «controversé», comme on dit pudiquement.
Et année après année, on répond avec une aussi grande rigidité et mépris à ces discours, sans se donner la peine de se pencher deux secondes sur les éventuelles recherches qui pourraient étayer, expliquer ce que ces instituts avancent.
Par exemple, le fait que les autistes aient globalement une flore intestinale "différente" et souvent "altérée" (on parle de "dysbiose") est attesté par la recherche. La flore intestinale des autistes est celle qui fait l'objet du plus grand nombre d'études. Ce n'est pas moi qui le dis mais un psychiatre et chercheur français, Guillaume Fond: "C’est dans le domaine de l’autisme que les dysbioses sont le mieux documentées" (article publié dans Le Monde "La psychomicrobiotique, à la croisée du cerveau et de l’intestin" - LE MONDE SCIENCE ET TECHNO, 14.07.2015, Par Sandrine Cabut).
Et il se trouve que la flore intestinale - de son petit nom scientifique "microbiote" intestinal, via une multitude de voies métaboliques, est capable d'influencer le fonctionnement de tout le corps, y compris du cerveau (et inversement le cerveau influence probablement le microbiote).
Et cela n'est qu'un minuscule aperçu de la masse d'information qui existe en matière de recherche médicale dans le domaine de l'autisme: on pourrait aussi parler de méthylation, de stress oxydatif, de glutathion... Mais cette information, encore faut-il daigner s'y intéresser pour savoir qu'elle existe.
Si on ne lit rien en la matière, alors rien n'existe en la matière. Logique implacable.
AM prétend ainsi que l’autisme est un ensemble de symptômes causés par un empoisonnement à des «toxines».
Affirmer une telle chose est soit de l'ignorance soit purement mensonger. J'ose espérer qu'il ne s'agit que de la première option, couplée à la "radicalité" expéditive typique des autistes.
On peut lire sur le site d'Autisme Montréal: "Chaque enfant autiste est différent, il naît ou devient autiste à cause d’une conjonction de facteurs génétiques et environnementaux."
Autisme Montréal ne fait que répercuter ce que tous les chercheurs du domaine répètent dans toutes leurs publications depuis plusieurs années déjà: l'autisme est le résultat d'une association de causes génétiques et environnementales. Une autre façon de le dire est qu'il ne suffit pas d'avoir des gènes prédisposant à l'autisme pour être autiste: des facteurs environnementaux et épigénétiques interviennent aussi dans l'histoire. Ces facteurs jouent sur l'expression ou le "silence" de nos gènes.
Il faut soit n'avoir jamais lu aucun livre sur l'autisme pour l'ignorer soit faire preuve d'une volonté de nier ce qu'affirme la science.
Pour citer le Dr Gepner, un des spécialistes français de l'autisme, "les facteurs de risques génétiques sont très importants dans la pathogenèse des TED. Cependant (...), de nombreux facteurs environnementaux contribuent également à la pathogenèse des TED, soit par toxicité directe sur le système nerveux central du foetus ou du bébé, soit au travers de mécanismes épigénétiques. (...) Ces facteurs de risque environnementaux sont essentiellement de nature chimique, infectieuse, anoxique." (dans "Autismes, ralentir le monde extérieur, calmer le monde intérieur", Ed. Odile Jacob, 2014, page 35-36).
Cette thèse ne repose sur aucune démonstration scientifique indépendante. Le mot toxine a d’ailleurs le dos large. Il désigne à la fois pesticides, métaux lourds et autres produits effectivement toxiques,
Et ces toxiques, qu'ils soient transmis à l'enfant pendant la gestation et/ou que l'enfant entre en contact avec eux durant sa croissance, ces toxiques font parti des facteurs environnementaux/épigénétiques dont parlent encore une fois les chercheurs dans leurs publications (qui n'existent visiblement que pour ceux qui daignent les lire). Ces toxiques sont connus pour être neurotoxiques. Même s'ils ne provoquent pas l'autisme directement, ils peuvent "aggraver" la condition des autistes (et des non-autistes) et faire la chasse à ces toxiques serait juste une mesure de santé publique de pur bon sens.
mais aussi quantité d’aliments consommés depuis des millénaires comme, par exemple, plusieurs céréales (celles contenant naturellement du gluten mais aussi le maïs qui n’en contient pas),
L'être humain a évolué pendant des centaines de milliers d'années sans gluten. Les céréales n'ont rien de vital et elles ne sont devenues prédominantes dans notre alimentation que depuis environ dix mille ans, c'est à dire depuis "hier", proportionnellement aux centaines de milliers d'années pendant lesquelles l'être humain à évolué. Et les céréales consommées aujourd'hui (que ce soit le blé ou le maïs) n'ont génétiquement plus grand chose à voir avec leurs ancêtres d'il y a dix milles ans.
Les céréales contiennent toutes des protéines de la famille du gluten (famille des prolamines), que ce soit le maïs ou même le riz. Et le gluten n'est pas la seule molécule présente dans les céréales susceptible de poser problème au système digestif humain (on parle aussi de plus en plus des lectines).
Le gluten n'est tout simplement pas digéré par les êtres humains (nous n'avons pas les enzymes pour le digérer, c'est encore le spécialiste de la maladie coeliaque, le Dr Fasano qui le dit). Il peut éventuellement être digéré par notre flore intestinale, mais quand elle est "saine".
Si une personne se nourrit très majoritairement de pâtes, de pain... (comme beaucoup d'autistes), la flore ne pourra tout simplement pas être saine vu qu'elle a besoin de fruits et légumes pour être en bonne santé. Et le gluten pourra alors poser problème, puisqu'il a la capacité de disjoindre les jonctions serrées des cellules de la paroi intestinale, rendant ainsi l'intestin "poreux" (on parle d'hyperperméabilité) et enflammé, et l'inflammation intestinale peut se propager au système nerveux central et y créer des dysfonctionnement comme l'anxiété et la dépression (les "comorbidités" les plus fréquentes chez les autistes)... Car oui, ces troubles soit disant "mentaux" s'avèrent être des troubles inflammatoires et encore une fois il suffit de se pencher deux secondes sur la recherche actuelle en matière de neuroimmunologie pour s'en rendre compte (pour + de détails on peut par exemple faire une recherche sur le site "pubmed" avec les mots clés "depression inflammation")
C'est ce qu'explique de nombreux chercheurs, encore une fois comme le Dr Fasano, dont j'avoue être une grande fan. Et ce monsieur est loin d'être un petit médecin de campagne qui fait ses expériences dans son garage. Je ne vais pas citer son CV, cet article est déjà assez long comme ça.
Le dernier article publié sur ce blog, ici même, fait aussi référence au lien entre inflammation et symptômes "psy"/mentaux: Charbon et mania bipolaire.
Pardon mais le gluten est un de mes "intérêts restreints" depuis plus de trois ans donc si vous avez des questions sur le sujet, n'hésitez pas!
les produits laitiers avec lactose (qu’ils contiennent naturellement),
Hum. Dans le domaine de l'autisme, il est souvent question du régime sans gluten et sans "caséine", pas "sans lactose".
La caséine est une protéine et ce sont les protéines (comme le gluten ou encore les protéines du soja, des fruits à coque...) qui sont susceptibles de poser problème au système immunitaire (de provoquer non seulement des allergies chez certains mais aussi d'entretenir une inflammation "à bas bruit", voir des maladies auto-immunes chez bien plus de gens) lorsque l'intestin est "poreux" et qu'il laisse passer des fragments d'aliments non digérés.
les levures, le sucre, les fruits et légumes non biologiques, etc., la liste est longue. Affirmer que ces aliments sont des toxines relève carrément de l’imposture scientifique
Le sucre et toutes les céréales raffinées, qui sont des sortes de sucre (leur index glycémique, c'est à dire leur capacité à stimuler la sécrétion d'insuline, est quasi similaire au sucre blanc), ont - entre autre, des effets délétères sur la glycémie et donc sur le développement du diabète, de l'obésité, etc... C'est en partie en ce sens qu'ils sont nocifs (entre autre pour le pancréas). Une alimentation riche en sucre et céréales a tendance à déséquilibrer la glycémie, à provoquer des hypoglycémies réactionnelles (une surdose de sucre provoque une surdose d'insuline, et conséquemment une soudaine chute de glycémie), et un autiste dont le cerveau manque de sucre (quand il y a hypoglycémie) est un autiste fort susceptible de déclencher de gros troubles du comportement (agitation, désorientation, crise d'angoisse, irritabilité, voir agressivité).
Les "fruits et légumes non-biologiques", quant à eux, sont imbibés de pesticides, les associations de consommateurs sont bien au courant et je me demande qui pourrait avoir le culot d'affirmer qu'un pesticide est bon pour la santé de qui que ce soit. Les agriculteurs qui en ont fait longtemps l'usage et qui développent plus de cancers que la moyenne trouveraient sûrement beaucoup à dire sur le sujet.
Par ailleurs, plus en lien avec l'autisme:
“Until about five years ago, virtually all research on autism assumed that the disease was entirely genetic in origin, and that environmental exposures did not play a role,” says Robert Wright, director of the Division of Environmental Health at Mount Sinai School of Medicine, who was not involved in the research. “Rising rates of autism and failure to find genetic causes despite a multitude of very large genetic studies has led to a major shift in focus in the field. … These chemicals are a solid lead that needs to be followed.” In Pesticides and Autism Spectrum Disorders: New Findings from the CHARGE Study -- By David C. Holzman -- Environ Health Perspect. 2014 Oct; 122(10): A280. -- Published online 2014 Oct.
Pour ceux qui ne parlent pas anglais, il existe des traducteurs en ligne, mais pour traduire en bref: ceux qui répètent en boucle que l'autisme est uniquement génétique ont six ans de retard sur la science.
On brandi alors l’exemple de telle personne qui aurait été ainsi «guérie». Évidemment, il existe des maladies digestives, des allergies et intolérances alimentaires. La maladie cœliaque, par exemple, peut présenter des symptômes ressemblant superficiellement à certains traits autistiques. Ces problèmes de santé peuvent être sérieux et il importe d’y voir.
Puisque la génétique ne fait pas tout, que l'épigénétique est aussi à prendre en compte, et qu'il ne suffit pas d'avoir des gènes prédisposant à l'autisme pour être autiste, alors cela signifie qu'une personne "exprimant" les gênes de l'autisme à tel moment de son développement pourrait cesser d'exprimer toute ou partie de ces gênes à tel autre moment de son développement.
On pourrait aussi bien postuler qu'un enfant ayant commencé à exprimer une foultitude de gènes de l'autisme dès avant la naissance, pourrait voir son développement neurologique toute fois modifié par des mesures visant à modifier l'expression de ces gênes, si ces mesures étaient mise en place dès les tous premiers mois/années de la vie, mais que la "plasticité" neurologique n'étant pas infinie, de telles mesures pourraient ne pas avoir le même effet sur un autiste adulte.
J'ai beau me sentir une âme d'"avocate" de la neurodiversité et de l'autisme en tant que "profil neuropsychologique" pouvant avoir existé dès l'aube de l'humanité, formuler ce genre d'hypothèse basée sur l'épigénétique ne me semble pas si farfelu que ça. Même Rudy Simone, après avoir mis en place de gros changements dans son mode de vie et son alimentation, a affirmé il n'y a pas si longtemps ne plus s'identifier à l'autisme... Mais peut-être son diagnostic était-il tout simplement erroné, ou peut-être confond-elle aussi autisme et troubles liés à l'autisme?
Pour ce qui est de la maladie coeliaque, elle peut en effet être accompagnée de symptômes neurologiques (épilepsie...), neuropsychologiques (anxiété, dépression...), voir neurodégénératifs. Mais elle n'est pas la seule dans ce cas: la sensibilité au gluten non-coeliaque peut aussi s'accompagner de toute une cohorte de symptômes "neuro-psy" similaires, pouvant aller jusqu'aux hallucinations (voir l'article "Gluten et hallucinations").
Les autistes n'étant pas à l'abri de développer des troubles de ce type, il serait bon d'améliorer l'accès à l'information sur ce sujet plutôt que de le dénigrer sans cesse.
Il n'existe à ce jour pas de tests biologiques permettant de dépister la sensibilité au gluten non-coeliaque, du moins pas via les tests "grands public" connus des médecins généralistes.
Le test de dépistage le plus fiable (après s'être assuré de l'absence d'une maladie coeliaque) est l'éviction des céréales les plus riches en gluten (blé, orge, seigle, kamut, épautre, avoine) pendant 3 mois, de préférence en les remplaçant par du sarrasin, quinoa, pomme de terre, riz basmati, fruits et légumes, plutôt que par des aliments estampillés "sans gluten" mais plein d'additifs et de produits extrêmement raffinés/transformés (mauvais pour la santé). S'il y a amélioration des symptômes, quels qu'ils soient (neuro, psycho, articulaires, digestifs...), alors la sensibilité au gluten non-coeliaque est attestée.
Mais avant de chambarder son alimentation (ce qui peut aussi entraîner des problèmes de santé), la personne doit passer des tests pour savoir ce qui en est vraiment.
Encore une fois, les tests actuels de dépistages des sensibilités/intolérances alimentaires ne sont pas fiables à 100%.
Et chambarder notre alimentation peut être fait de différentes façons.
Avoir une alimentation hyper restrictive, comme c'est le cas de nombreux enfants autistes est nocif au bon développement neurologique et à la santé en général, qu'on soit autiste ou pas.
Remplacer les céréales et les laitages par des fruits et légumes de qualité, pour qui s'y connait un minimum en nutrition, apparaît comme une mesure pleine de bon sens. Les céréales et les laitages, surtout tels qu'ils sont consommés actuellement (raffinés, transformés, dénaturés, pauvres en micro-nutriments, en anti-oxydants, etc), n'ayant que très peu d'intérêt, voir aucun intérêt nutritionnel.
Se diriger progressivement, à son rythme, vers une alimentation riche en fruits et légumes de qualité (bio, n'en déplaisent aux fans des pesticides), en bonnes graisses (huile bio de colza, olive, coco...), en légumes-racines, sarrasin, viande de qualité, autrement dit s'éloigner du régime "occidental" (en anglais le "Western diet") et se tourner vers une alimentation de type "paléo" (pauvre en aliments industriels, riche en aliments "bruts" et frais) est une mesure hygiéno-diététique qui peut être bénéfique à tous, autistes et non-autistes.
Les rigidités alimentaires des autistes sont sources de malnutrition, de carences, et certaines de ces carences peuvent même aggraver ces rigidités alimentaires (puisque les vitamines, les minéraux, les fibres... sont indispensables au bon fonctionnement du système nerveux et du microbiote, qui déterminent nos envies alimentaires).
Les méthodes de type ABA peuvent aussi aider à "traiter" ces rigidités qui sont bel et bien un problème de santé pour les autistes.
Et les plantes, surtout les légumes verts, sont riches en calcium, un calcium bien plus assimilable que celui du lait. Aucun mammifère n'a besoin de consommer du lait, sous une forme ou une autre, après avoir été sevré. Le lait c'est pour les bébés!
Présentement, on laisse plutôt entendre que toute personne autiste gagnera à suivre une diète spéciale, en amalgamant des réalités sans liens et en généralisant à partir de cas particuliers mal documentés et non vérifiables. Pour la grande majorité, ce sera parfaitement inutile. Certains ont d’ailleurs abandonné, sans éprouver de problème.
Il est intéressant de noter que "certains ont abandonné sans éprouver de problème" et que cela vaut pour preuve que tout cela ne sert à rien alors que les témoignages de ceux qui racontent avoir vu des améliorations, eux, sont déclarés comme nuls et non avenus... Bel exemple d'objectivité, vraiment (ceci était un sarcasme).
Et en tant qu'autiste passionnée par la nutrition, j'affirme en effet que toute personne - autiste ou pas, aura intérêt à suivre une "diète" ou alimentation "spéciale", c'est à dire riche en fruits et légumes de qualité, en bonnes graisses, en légumes-racines et sarrasin, sans gluten, sans laitages et avec aussi peu que possible d'aliments industriels/raffinés.
Se nourrir correctement, avec des aliments riche en micro-nutriments (vitamines, minéraux, anti-oxydants, oligo-éléments) est bénéfique pour tous.
Se nourrir exclusivement de pâtes, de yaourts, de hamburger, de chips, et ne jamais voir la queue d'une pomme ou d'une banane dans sa cuisine est délétère pour tous. C'est le B.A.BA. de la nutrition.
Ces idées douteuses contribuent à l’infantilisation de la personne autiste et l’éloignent d’une saine estime de soi.
Personnellement mon but dans la vie est d'aider les gens à s'épanouir, de les responsabiliser et de les informer sur leur santé. D'où la longueur de ce texte. Et la science sur laquelle je base mes propos n'est pas douteuse. C'est de la science. Point.
Améliorer notre alimentation nous aide à mieux nous épanouir, à nous sentir mieux dans nos baskets, à combattre l'anxiété et la dépression, donc à nous affirmer. S'informer sur la nutrition est un moyen de s'émanciper, de se cultiver, de s'instruire, de mourir moins bête et surtout de vivre en meilleur santé, qu'on soit autiste ou pas.
Selon nous, l’autisme est une structure particulière de la pensée qu’il s’agit de comprendre et de valoriser.
Idem.
Il faut enfin passer du curatif (l’autisme maladie) vers l’éducatif (l’autisme potentiel à développer) : favoriser l’épanouissement et l’inclusion, plutôt que mettre sur une voie de service en attendant des cures miracles qui n’arrivent jamais.
Tout autiste (et non autiste) aura mille fois plus de facilités à développer son plein potentiel s'il se nourrit correctement et une alimentation restrictive basée essentiellement sur les céréales et les laitages, comme l'est celle de nombreux autistes, est l'anti-thèse d'une alimentation saine propice au bon développement cognitif et psycho-émotionnel de l'être humain.
Pour résumer mon point de vue :
Les techniques éducatives seules = développement décent.
Les techniques éducatives + une alimentation saine + un environnement non pollué et sensoriellement adapté + un mode de vie sain (sport, activité au grand air, oxygénation...) + techniques de gestion du stress (relaxation, yoga...) + soutien psycho-affectif = développement optimal.
Quelques liens pour aller plus loin:
-Une présentation en vidéo par le Dr Fasano, sur le lien entre autisme, intestin, gluten... et cerveau:
- Gluten sensitivity presenting as a neuropsychiatric disorder
-Présentation PDF sur la maladie coeliaque et la sensibilité au gluten, par le Dr Bruno Bonaz, gastroentérologue et chercheur français (Grenoble), et qui apparaît aussi dans le documentaire de la chaine TV ARTE: "le ventre, notre deuxième cerveau".
- Qu'est-ce que vaut le "western diet" en matière de santé mentale?! Un article qui présente brièvement le lien entre Nutrition et santé mentale, selon une psychologue, chercheuse, qui étudie le sujet depuis une dizaine d'années.
- Livre:
Autism Revolution, du Dr Martha Herbert.
GAPS, du Dr Natacha Campbell McBride.
vendredi 20 novembre 2015
mardi 17 novembre 2015
Charbon et mania bipolaire
Sur son blog (ici), le Docteur Kelly Brogan, psychiatre "holistique" américaine, raconte comment un épisode de "mania" survenu 15 jours après une intervention de bypass gastrique a été traité avec du charbon activé... ou comment démontrer qu'un problème gastro-intestinal peut avoir pour symptômes des "troubles mentaux" sévères.
Et je le répète: le jour où un psychiatre ou un psychologue français tiendra publiquement ce genre de propos, je fais péter le champagne!!! AH MAIS PARDON L'ARTICLE EST ECRIT PAR UNE EQUIPE DE MÉDECINS FRANÇAIS/TRAVAILLANT EN FRANCE, VA FALLOIR QUE J'AILLE M'ACHETER DU CHAMPAGNE DIS DONC!!!!
Quoi que ces chercheurs français n'en sont pas encore à tenir ce genre de propos en français - que je sache, et qui plus est leur texte est publié dans une revue de l'autre bout du monde: "Australian and New Zealand journal of psychiatry" (ils ont peur de se faire sucrer leur financements s'ils publient ça en France ou bien?!), donc l'info reste purement et simplement inaccessible et donc "inexistante" pour la plupart des français quiches en anglais, c'est bien dommage.
On peut accéder à la publication entière gratuitement ICI. Les auteurs sont les Dr Hamdani, Boukouaci, Hallouche, Charon, Krishnamoorthy, Marion Leboyer, Tamouza.
Il s'agit du cas d'une patiente ayant eu un bypass gastrique ("subtotal gastrectomy") pour traiter une obésité morbide, sans aucun antécédent familial psychiatrique. Elle est hospitalisée pour un premier épisode "maniaque" ("inaugural episode of mania") 15 jours après son opération.
Symptômes: agitation, irritabilité, logorrhée, dépenses inconsidérées, pensée délirante, hallucinations.
L'examen neurologique est normal: pas d'encéphalopathie ni syndrome de Wernicke-Korsakoff.
Les taux de vitamine D, B, folate et zinc sont normaux, excluant un syndrome de carence post-gatrectomie... AH BON PARCE QUE DES CARENCES EN VITAMINES ET MINÉRAUX PEUVENT PROVOQUER DES SYMPTOMES "PSY"???AH BON MAIS JE NE SAVAIS PAS DU TOUT DU TOUT!!!!!! (pardon, fin de sarcasme-zone).
Je cite et traduis la publication:
"Il existe des preuves solides que les troubles bipolaires peuvent être associés à un tableau immuno-inflammatoire anormal (Goldstein et al. 2009), ainsi, nous avons suspecté que cet épisode maniaque survenant peu de temps après la gastrectomie pouvait avoir été provoqué par une altération du microbiote intestinal et un dysfonctionnement de la barrière intestinale (Collins et Bercik, 2009).
En conséquence, nous avons émis l'hypothèse que du charbon activé, un puissant adsorbant des cytokines inflammatoires (Howell et al., 2006) qui neutralise l'effet des médiateurs inflammatoires dans l'intestin, pourrait améliorer et l'inflammation systémique et les symptômes maniaques.
Après avoir obtenu un consentement écrit, nous avons prélevé des échantillons pour analyse immuno-inflammatoire et prescrit 1g/jour de charbon activé (..), sans ajout d'aucun traitement antipsychotique.
Les marqueurs suivant furent analysés avant traitement et confirmèrent une inflammation sévère (pardon je ne traduis pas tous les termes médicaux):
- (a) circulating proinflammatory cytokines (tumour necrosis factor [TNF-D], interleukin [IL]-6, IL-1E and IL-17) and chemokines (IL-8, macrophage inflammatory protein [MIP]-1D and MIP-1E);
- (b) soluble CD14 isoform (Presepsin®, sCD14- subtype), a pattern recognition receptor that senses and reacts to lipopolysaccharide (LPS) and an inflammation process inducer produced by the commensal gut microflora (Gram-negative bacteria);
- (c) immunoglobulin-A (IgA) that is directed against mucosal microbiota (Tlaskalová-Hogenová et al., 2004);
- (d) monocyte chemoattractant protein 1 (MCP-1), a key regulator of the immune cells involved in inflammatory processes.
15 jours après le début du traitement, la patiente devint asymptomatique. L'amélioration des symptômes maniaques fut considérable et persista durant tout le suivi (4 puis 8 mois), durant lequel le même traitement fut maintenu: charbon activé et aucun anti-psychotique. Parallèlement, les marqueurs de l'inflammation sont progressivement revenus à la normale.
Dans le cas présent, une perturbation sévère de l'équilibre des micro-organismes commensaux après la gastrectomie a pu mener à un orage de cytokines pro-inflammatoires, les médiateurs de l'inflammation ont pu être absorbés par le charbon activé, réduisant ainsi le transfert de cytokines des intestins ver la circulation sanguine générale et donc vers le cerveau.
A notre connaissance, il s'agit de la première preuve sans ambiguïté de l'efficacité d'un traitement non-psychotrope pour un épisode maniaque ciblant l'axe intestin-cerveau (...)."
L'article a été publié par une équipe de chercheurs travaillant en France en juillet 2015.
Et est-ce que les psychiatres français sont au courant?
Est-ce qu'ils ont commencé à prescrire du charbon activé à leur patients "bipolaires"/psychotiques ou bien va encore falloir attendre 40 ans que la médecine française se mette à la page de la science?!
Et je le répète: le jour où un psychiatre ou un psychologue français tiendra publiquement ce genre de propos, je fais péter le champagne!!! AH MAIS PARDON L'ARTICLE EST ECRIT PAR UNE EQUIPE DE MÉDECINS FRANÇAIS/TRAVAILLANT EN FRANCE, VA FALLOIR QUE J'AILLE M'ACHETER DU CHAMPAGNE DIS DONC!!!!
Quoi que ces chercheurs français n'en sont pas encore à tenir ce genre de propos en français - que je sache, et qui plus est leur texte est publié dans une revue de l'autre bout du monde: "Australian and New Zealand journal of psychiatry" (ils ont peur de se faire sucrer leur financements s'ils publient ça en France ou bien?!), donc l'info reste purement et simplement inaccessible et donc "inexistante" pour la plupart des français quiches en anglais, c'est bien dommage.
On peut accéder à la publication entière gratuitement ICI. Les auteurs sont les Dr Hamdani, Boukouaci, Hallouche, Charon, Krishnamoorthy, Marion Leboyer, Tamouza.
Il s'agit du cas d'une patiente ayant eu un bypass gastrique ("subtotal gastrectomy") pour traiter une obésité morbide, sans aucun antécédent familial psychiatrique. Elle est hospitalisée pour un premier épisode "maniaque" ("inaugural episode of mania") 15 jours après son opération.
Symptômes: agitation, irritabilité, logorrhée, dépenses inconsidérées, pensée délirante, hallucinations.
L'examen neurologique est normal: pas d'encéphalopathie ni syndrome de Wernicke-Korsakoff.
Les taux de vitamine D, B, folate et zinc sont normaux, excluant un syndrome de carence post-gatrectomie... AH BON PARCE QUE DES CARENCES EN VITAMINES ET MINÉRAUX PEUVENT PROVOQUER DES SYMPTOMES "PSY"???AH BON MAIS JE NE SAVAIS PAS DU TOUT DU TOUT!!!!!! (pardon, fin de sarcasme-zone).
Je cite et traduis la publication:
"Il existe des preuves solides que les troubles bipolaires peuvent être associés à un tableau immuno-inflammatoire anormal (Goldstein et al. 2009), ainsi, nous avons suspecté que cet épisode maniaque survenant peu de temps après la gastrectomie pouvait avoir été provoqué par une altération du microbiote intestinal et un dysfonctionnement de la barrière intestinale (Collins et Bercik, 2009).
En conséquence, nous avons émis l'hypothèse que du charbon activé, un puissant adsorbant des cytokines inflammatoires (Howell et al., 2006) qui neutralise l'effet des médiateurs inflammatoires dans l'intestin, pourrait améliorer et l'inflammation systémique et les symptômes maniaques.
Après avoir obtenu un consentement écrit, nous avons prélevé des échantillons pour analyse immuno-inflammatoire et prescrit 1g/jour de charbon activé (..), sans ajout d'aucun traitement antipsychotique.
Les marqueurs suivant furent analysés avant traitement et confirmèrent une inflammation sévère (pardon je ne traduis pas tous les termes médicaux):
- (a) circulating proinflammatory cytokines (tumour necrosis factor [TNF-D], interleukin [IL]-6, IL-1E and IL-17) and chemokines (IL-8, macrophage inflammatory protein [MIP]-1D and MIP-1E);
- (b) soluble CD14 isoform (Presepsin®, sCD14- subtype), a pattern recognition receptor that senses and reacts to lipopolysaccharide (LPS) and an inflammation process inducer produced by the commensal gut microflora (Gram-negative bacteria);
- (c) immunoglobulin-A (IgA) that is directed against mucosal microbiota (Tlaskalová-Hogenová et al., 2004);
- (d) monocyte chemoattractant protein 1 (MCP-1), a key regulator of the immune cells involved in inflammatory processes.
15 jours après le début du traitement, la patiente devint asymptomatique. L'amélioration des symptômes maniaques fut considérable et persista durant tout le suivi (4 puis 8 mois), durant lequel le même traitement fut maintenu: charbon activé et aucun anti-psychotique. Parallèlement, les marqueurs de l'inflammation sont progressivement revenus à la normale.
Dans le cas présent, une perturbation sévère de l'équilibre des micro-organismes commensaux après la gastrectomie a pu mener à un orage de cytokines pro-inflammatoires, les médiateurs de l'inflammation ont pu être absorbés par le charbon activé, réduisant ainsi le transfert de cytokines des intestins ver la circulation sanguine générale et donc vers le cerveau.
A notre connaissance, il s'agit de la première preuve sans ambiguïté de l'efficacité d'un traitement non-psychotrope pour un épisode maniaque ciblant l'axe intestin-cerveau (...)."
L'article a été publié par une équipe de chercheurs travaillant en France en juillet 2015.
Et est-ce que les psychiatres français sont au courant?
Est-ce qu'ils ont commencé à prescrire du charbon activé à leur patients "bipolaires"/psychotiques ou bien va encore falloir attendre 40 ans que la médecine française se mette à la page de la science?!
Libellés :
bipolaire,
charbon activé,
hallucination,
psychiatrie
lundi 9 novembre 2015
Psychanalyse, appel à témoignage
Sophie Robert, réalisatrice du documentaire "Le Mur" et de l'émission "Les déconvertis de la psychanalyse" (entre autres) a passé hier un appel à témoins via son profil facebook:
"Bonjour à toutes et tous,
Dans le cadre de mon travail sur la psychanalyse, je recherche les témoignages d'étudiants en psycho, ou de jeunes psychologues, sur le contenu psychanalytique de leurs cours (propos abracadabrantesques des profs) avec des traces écrites : cours de fac, intitulés et corrigés de TD, manuels recommandés).
Je prends les formations du médico-social également (IRTS, IFSI, formations de psychomotriciens, etc.).
Bien sur pour les étudiants en cours de formation, tout sera anonymisé. Aucun soucis. Contacts en MP bienvenue et merci!"
"Bonjour à toutes et tous,
Dans le cadre de mon travail sur la psychanalyse, je recherche les témoignages d'étudiants en psycho, ou de jeunes psychologues, sur le contenu psychanalytique de leurs cours (propos abracadabrantesques des profs) avec des traces écrites : cours de fac, intitulés et corrigés de TD, manuels recommandés).
Je prends les formations du médico-social également (IRTS, IFSI, formations de psychomotriciens, etc.).
Bien sur pour les étudiants en cours de formation, tout sera anonymisé. Aucun soucis. Contacts en MP bienvenue et merci!"
mercredi 4 novembre 2015
Nutrition et santé mentale
Traduction/résumé de quelques extraits d'une conférence donnée par Julia Rucklidge - professeur et chercheuse en psychologie clinique (Nouvelle-Zélande), sur l'importance de la nutrition dans la prévention et le traitement des maladies mentales.
Pour rappel, les "comorbidités" les plus fréquentes de l'autisme (trouble neurologique) sont les troubles anxieux et la dépression (troubles "mentaux").
Il n'est pas rare que des autistes (même des enfants) aient des prescriptions pour des neuroleptiques ou de la ritaline et ce pour "traiter" des troubles du comportement et de l'attention.
Le jour où des psychologues et psychiatres français tiendront publiquement des conférences de ce genre, je fais péter le champagne!
En intro, présentation d'études qui montrent que, dans le traitement des maladies mentales, les médicaments apportent une amélioration à court terme et peuvent sauver des vie (quand il y a risque de suicide et/ou agressivité), mais ils cessent de fonctionner sur le long terme, ils ne "soignent" pas (ils atténuent les symptômes mais la pathologie persiste), ils n'empêchent pas l'aggravation des pathologies (qui deviennent handicapantes) et peuvent même induire une dégradation de l'état de santé général des patients traités.
Ces médicaments ne fonctionnent pas mieux qu'il y a 50 ans.
Puis cette psychologue explique que durant ses études on lui a enseigné que seuls les médicaments et la psychothérapie peuvent "soigner" les maladies mentales, que la nutrition était d'une importance négligeable ... Mais elle a passé les 10 dernières années à s'y intéresser quand même!
En 2009, elle a mené une étude (en "double aveugle") visant à évaluer l'efficacité d'une supplémentation en micronutriments dans le cas des troubles de l'attention avec hyperactivité chez l'adulte (ADHD). La supplémentation incluait 36 micronutriments, à des doses supérieures à celles des produits trouvés dans le commerce. Les résultats de l'étude ont été publié en avril 2014 dans la revue "British Journal of Psychiatry". Sur une période de 8 semaines, les personnes prenant les suppléments virent leurs symptômes s'améliorer (attention, hyperactivité et humeur).
Le labo de Julia Rucklidge a publié plus de 20 autres études allant dans ce sens (études sur l'effet des micronutriments dans les troubles bipolaires chez l'enfant ou la survenue des stress post-traumatique après un tremblement de terre...).
"Pour moi, dit-elle, le message est clair: un corps et un cerveau bien nourris sont mieux à même de résister au stress et de guérir. Donner des micronutriments à des doses appropriées peut être une mesure efficace et peu coûteuse de santé publique afin d'améliorer la santé mentale d'une population après une catastrophe environnementale.
(...) Durant les 5 dernières années, il y a eu 11 études épidémiologiques, sur de larges populations, montrant la même chose: plus vous avez une alimentation prudente, de type méditerranéenne, non-raffinée/transformée, plus votre risque de dépression diminue. Et plus vous avez une alimentation occidentale ou transformée/raffinée/industrielle, plus vos risques de dépression augmentent. Aucune étude ne montre que le "régime occidental" soit bon pour la santé mentale!!
Qu'est-ce que le régime occidental? Un régime riche en aliments transformés, industriels, en céréales raffinées, en boissons sucrées, plats à emporter, et pauvre en produits frais. Et un régime bon pour la santé est riche en produits frais, en fruits et légumes, en poisson, noix, huiles de bonne qualité, et pauvre en aliments transformés/industriels, autrement dit riche en ce que votre grand-mère considérerait comme de la nourriture!
Il y a encore de nombreuses questions sur la relation entre la santé mentale et la nutrition: quelle rôle joue la génétique? (...) Quel rôle joue un intestin infecté et enflammé dans l'assimilation des nutriments: nous ne sommes pas ce qu'on mange mais ce qu'on assimile!
La nutrition compte! Et si nous sommes vraiment prêt à nous occuper sérieusement de la santé mentale, nous devons considérer sérieusement le rôle crucial que joue la nutrition."
- - - - -
"My education in clinical psychology has taught me that nutrition and diet were of trivial significance for mental health and that only drugs and psychotherapy could treat these serious conditions [depression, bipolar disorder, shizophreny...]."
2009: ran a randomised placebo controled trial with vitamins and minerlas [a total of 36 micronutrients, in higher doses than what can be found "over the counter] for the treatment in ADHD in adults. Published in the British Journal pf Psychiatry, April 2014. Over an 8 weels period, twice as many people responded in the micronutrients group [in their ADHD symptoms] compared to placebo.
Twice as many people went into remission in their depression in the micronutrient group. Hyperactivity and impuslivity reduced to normal non-clinical range (...)."
"To me the message is clear: a well nourished body and brain is better able to withstand ungoing stress and recover from illness. Giving micronutrients in appropriate doses can be an effective and unexpensive public health intervention to improve mental health of a population following an environmental catastrophe. (...)
In the last five years, there have been 11 epidemiological studies cross sesctionnaly and longitudinully, in large population, around the world, all showing the same thing: the more you eat a prudent or mediterranean diet, unprossessed type of diet, the lower your risk for depression and the more you eat the western diet or processed food, the higher your risk for depression. (...) Not a single study shows that the western diet is good for our mental health!
What is the western diet? It's one that is heavily processed, high in refined grains, sugary drinks, take aways and low in fresh products and a healthy diet is one that is fresh, high in fruits and veggetables, high in fish, nuts, healthy fats, and low in processed foods, what your grandmother would recognize as "food".
There are still many questions remaining about the relationship between mental health and nutrition: what role do genetics play? (...) What role does an infected inflammed gut play in the absorption of nutrients: it not "we are is what we eat", it's "we are is what we absorb!".
(...) Nutrition matters! And if we're really ready to get serious about mental health, we need to get serious about the critical role played by nutrition."
Pour rappel, les "comorbidités" les plus fréquentes de l'autisme (trouble neurologique) sont les troubles anxieux et la dépression (troubles "mentaux").
Il n'est pas rare que des autistes (même des enfants) aient des prescriptions pour des neuroleptiques ou de la ritaline et ce pour "traiter" des troubles du comportement et de l'attention.
Le jour où des psychologues et psychiatres français tiendront publiquement des conférences de ce genre, je fais péter le champagne!
En intro, présentation d'études qui montrent que, dans le traitement des maladies mentales, les médicaments apportent une amélioration à court terme et peuvent sauver des vie (quand il y a risque de suicide et/ou agressivité), mais ils cessent de fonctionner sur le long terme, ils ne "soignent" pas (ils atténuent les symptômes mais la pathologie persiste), ils n'empêchent pas l'aggravation des pathologies (qui deviennent handicapantes) et peuvent même induire une dégradation de l'état de santé général des patients traités.
Ces médicaments ne fonctionnent pas mieux qu'il y a 50 ans.
Puis cette psychologue explique que durant ses études on lui a enseigné que seuls les médicaments et la psychothérapie peuvent "soigner" les maladies mentales, que la nutrition était d'une importance négligeable ... Mais elle a passé les 10 dernières années à s'y intéresser quand même!
En 2009, elle a mené une étude (en "double aveugle") visant à évaluer l'efficacité d'une supplémentation en micronutriments dans le cas des troubles de l'attention avec hyperactivité chez l'adulte (ADHD). La supplémentation incluait 36 micronutriments, à des doses supérieures à celles des produits trouvés dans le commerce. Les résultats de l'étude ont été publié en avril 2014 dans la revue "British Journal of Psychiatry". Sur une période de 8 semaines, les personnes prenant les suppléments virent leurs symptômes s'améliorer (attention, hyperactivité et humeur).
Le labo de Julia Rucklidge a publié plus de 20 autres études allant dans ce sens (études sur l'effet des micronutriments dans les troubles bipolaires chez l'enfant ou la survenue des stress post-traumatique après un tremblement de terre...).
"Pour moi, dit-elle, le message est clair: un corps et un cerveau bien nourris sont mieux à même de résister au stress et de guérir. Donner des micronutriments à des doses appropriées peut être une mesure efficace et peu coûteuse de santé publique afin d'améliorer la santé mentale d'une population après une catastrophe environnementale.
(...) Durant les 5 dernières années, il y a eu 11 études épidémiologiques, sur de larges populations, montrant la même chose: plus vous avez une alimentation prudente, de type méditerranéenne, non-raffinée/transformée, plus votre risque de dépression diminue. Et plus vous avez une alimentation occidentale ou transformée/raffinée/industrielle, plus vos risques de dépression augmentent. Aucune étude ne montre que le "régime occidental" soit bon pour la santé mentale!!
Qu'est-ce que le régime occidental? Un régime riche en aliments transformés, industriels, en céréales raffinées, en boissons sucrées, plats à emporter, et pauvre en produits frais. Et un régime bon pour la santé est riche en produits frais, en fruits et légumes, en poisson, noix, huiles de bonne qualité, et pauvre en aliments transformés/industriels, autrement dit riche en ce que votre grand-mère considérerait comme de la nourriture!
Il y a encore de nombreuses questions sur la relation entre la santé mentale et la nutrition: quelle rôle joue la génétique? (...) Quel rôle joue un intestin infecté et enflammé dans l'assimilation des nutriments: nous ne sommes pas ce qu'on mange mais ce qu'on assimile!
La nutrition compte! Et si nous sommes vraiment prêt à nous occuper sérieusement de la santé mentale, nous devons considérer sérieusement le rôle crucial que joue la nutrition."
- - - - -
"My education in clinical psychology has taught me that nutrition and diet were of trivial significance for mental health and that only drugs and psychotherapy could treat these serious conditions [depression, bipolar disorder, shizophreny...]."
2009: ran a randomised placebo controled trial with vitamins and minerlas [a total of 36 micronutrients, in higher doses than what can be found "over the counter] for the treatment in ADHD in adults. Published in the British Journal pf Psychiatry, April 2014. Over an 8 weels period, twice as many people responded in the micronutrients group [in their ADHD symptoms] compared to placebo.
Twice as many people went into remission in their depression in the micronutrient group. Hyperactivity and impuslivity reduced to normal non-clinical range (...)."
"To me the message is clear: a well nourished body and brain is better able to withstand ungoing stress and recover from illness. Giving micronutrients in appropriate doses can be an effective and unexpensive public health intervention to improve mental health of a population following an environmental catastrophe. (...)
In the last five years, there have been 11 epidemiological studies cross sesctionnaly and longitudinully, in large population, around the world, all showing the same thing: the more you eat a prudent or mediterranean diet, unprossessed type of diet, the lower your risk for depression and the more you eat the western diet or processed food, the higher your risk for depression. (...) Not a single study shows that the western diet is good for our mental health!
What is the western diet? It's one that is heavily processed, high in refined grains, sugary drinks, take aways and low in fresh products and a healthy diet is one that is fresh, high in fruits and veggetables, high in fish, nuts, healthy fats, and low in processed foods, what your grandmother would recognize as "food".
There are still many questions remaining about the relationship between mental health and nutrition: what role do genetics play? (...) What role does an infected inflammed gut play in the absorption of nutrients: it not "we are is what we eat", it's "we are is what we absorb!".
(...) Nutrition matters! And if we're really ready to get serious about mental health, we need to get serious about the critical role played by nutrition."
Inscription à :
Articles (Atom)